MoscouArchitectureEglise Saint Louis des Français de Moscou

Eglise Saint Louis des Français de Moscou

Au cœur de la communauté française de Moscou

L’église Saint Louis des Français est au cœur d’une communauté française présente dans la capitale russe depuis plus de deux cents ans. Son histoire n’est pas anodine, il a fallu le dévouement de nombreux curés pour obtenir un bâtiment catholique en pierre en plein centre de Moscou.

Infos pratiques

Adresse
Malaya Lubyanka ulitsa 12A, Moscou

Horaires
Ouvert tous les jours de 9h à 19h

Tarifs
Entrée libre mais priez de respecter les lieux.
Messe en plusieurs langues (français, anglais, lituanien, italien & vietnamien)

site web

Les français à Moscou

Les premières mentions de français à Moscou remonte à 1649 et n’étaient pas joyeuses. La communauté française vivait dans le faubourg « allemand » avant de se concentrer aux abords du Kremlin, là où se situe aujourd’hui l’église Saint Louis des français.

Un petit terrain fut loué en 1791 et on y construit une petite église en bois du nom de Saint Louis. En 1806, l’église acheta le terrain loué.

« Ainsi, non loin de l’église, la ruelle Fourkassovski doit son nom au tailleur français Pierre Fourcassé, dont l’atelier était situé tout proche. La rue voisine, Kouznetski most (Pont des forgerons), devenue avec le temps la principale rue commerçante de Moscou, était celle où les marchands français vendaient des vins, des fromages, des tissus et des chapeaux.

Sous Élisabeth Ière et Catherine II, qui signa un document concédant des privilèges aux étrangers, la ville accueillit des médecins, des précepteurs, des musiciens et des artisans. Après la Révolution française, de nombreux aristocrates gagnèrent Moscou, fuyant Napoléon.

Eglise Saint Louis des Français de Moscou

À la fin du XVIIIème siècle, la communauté française comptait environ 500 membres. Les démarches successives formulées par ses représentants pour construire une église catholique avaient été systématiquement rejetées. Ce n’est qu’en 1789, trois ans après la signature de l’accord sur une entière liberté de religion des ressortissants français en Russie, que la demande fut satisfaite par l’impératrice Catherine II et qu’une petite église en bois vit le jour. Le bâtiment fut béni en 1790 et baptisé en l’honneur de Saint Louis de France. La minuscule église sans clocher, construite sur des terres prises à bail, pouvait tout juste accueillir la communauté française qui ne cessait pourtant de s’agrandir.

Cette église en bois ne dura pas longtemps. Pendant la guerre de 1812 contre Napoléon, Moscou fut la proie d’un énorme incendie et l’église française dévorée par les flammes comme la plupart des bâtiments en bois de la ville. »

Note

De nombreux français furent envoyés en Sibérie avant l’arrivée de Napoléon. Nous vous invitons à lire le très interessant livre « Les français de Moscou en 1812 de Sophie Hasquenoph« . Sophie a eu accès aux archives de l’époque napoléonienne qui se trouvent dans la crypte de l’église.

Passage du bois à la pierre

Eglise Saint Louis des Français de Moscou

« Une nouvelle église ne fit son apparition que vingt ans plus tard. […] « Dans l’alcôve de l’autel dédié à Notre-Dame-de-Lourdes, une peinture murale reproduisait la fresque de Raphaël, La Transfiguration. D’autres étaient consacrées aux principaux protecteurs de la France : Saint Louis, Antoine de Padoue ou Jeanne d’Arc. Les fenêtres demi-lune étaient garnies de vitraux, mais ces derniers ont été détruits pendant la Seconde guerre mondiale. Un seul a survécu : celui qui représente Saint Joseph ». […]

À la fin du XIXème siècle, l’église s’élargit à plusieurs bâtiments voisins, occupés par un gymnase pour garçons et un autre pour filles, l’hospice de Sainte Dorothée et la maisonnette de l’organiste. La communauté put profiter du patronage d’hommes d’affaires français venus vivre en Russie, comme le célèbre commerçant de vins Léger. La paroisse enregistra l’arrivée de nouveaux paroissiens, tant des catholiques d’autres pays européens que des Moscovites convertis au catholicisme, très en vogue à l’époque. »

Vitrine de la liberté pendant l’ère soviétique

« En 1917, année charnière de l’histoire russe, l’église comptait un peu plus de 2 500 fidèles. Durant les vingt années qui suivirent la Révolution d’Octobre, les prêtres et les paroissiens furent régulièrement victimes de la répression, tandis que l’église était au bord de la ruine. […] La police politique tente à plusieurs reprises de fermer la paroisse, mais sans succès ». La communauté française a semble-t-il rassemblé toutes ses ressources pour « racheter » l’église aux autorités soviétiques.

En 1938, Saint Louis des français se retrouva seule représentante du culte après la fermeture des deux autres églises catholiques de Moscou. Elle le resta jusqu’à la perestroïka, après avoir été l’une des deux seules églises catholiques de la république socialiste soviétique de Russie, faisant office de « vitrine de la liberté de religion » en URSS. »

Un nouveau départ pour Saint Louis

« Dans les années 1990, après la mise en place de l’administration apostolique pour les catholiques de rite latin de la partie européenne de Russie, Saint Louis des français tourne une nouvelle page de son histoire : un nouveau curé est nommé, les travaux de restauration sont achevés et l’église accueille de nombreux Européens venus vivre et travailler en Russie.

L’un d’eux est Bruno Bisson, professeur de français à l’Institut des relations internationales de Moscou et à l’Université de l’amitié des peuples, qui vit en Russie depuis douze ans. Pour lui, Saint Louis des français est le centre de la vie française dans la capitale russe. « À Moscou, il n’existe que deux endroits pour les catholiques : la cathédrale de l’Immaculée-Conception et l’église Saint Louis des français. Le trait particulier de cette dernière est qu’elle accueille ceux qui étaient paroissiens à l’époque soviétique. Tous les Français qui habitent Moscou ou qui y viennent provisoirement » y convergent, constate-t-il. Car le gros de la communauté française se retrouve à Saint-Louis-des-Français où l’on peut certes prier, mais aussi écouter de la musique, converser avec ses compatriotes, collecter des dons, initier les enfants à la culture française et même perfectionner sa langue, fait remarquer Bruno Bisson.

Il reste qu’aujourd’hui, l’église ne compte que quelque 500 paroissiens, dont la moitié sont des enseignants et des élèves du lycée français Alexandre Dumas, prestigieux établissement de la capitale russe. Mais ce « noyau dur » entretient une présence historique porteuse d’espoir. « 

Liste des curés de Saint-Louis des français jusqu’à la révolution russe

  • 1er curé – l’abbé de Matignicourt – le 30 mars 1791, bénédiction de la première église en bois
    « Dans l’hiver de 1789, l’administration paroissiale achète de la petite Loubianka. Dame Pratosief, rue de la petite Loubianka, une maison du prix de dix mille roubles, où elle établit une église et divers logements »*
  • 2ème curé – l’abbé Gohier de 1798 jusqu’en 1802
  • 3ème curé – l’abbé Adrien Surugue après le départ de Gohier jusqu’à sa mort le 21 décembre 1812.
    Il signa son fameux journal « Moscou pendant l’incendie » le 9 Novembre un moi avant de mourir et un moi après le départ de Napoléon. Vous pouvez aussi lire sa correspondance avec R.P. Bouvet pendant cette période dans « Lettres sur l’incendie de Moscou – Écrites de cette ville au R. P. Bouvet« .
    Il est connu pour avoir « rompu tous les liens de dépendance de l’église Saint Louis-des- Français envers l’église polonaise-allemande des SS. Pierre et Paul, dépendance qui n’avait aucun fondement en droit »*
  • 4ème curé – Monsieur de Malherbe -de Septembre 1814 au 7 février 1828 date à laquelle il meurt à l’âge de 84 ans après 15 ans à la tête de l’église. Il met en place la maison de retraite Sainte Darie pour les personnes âgées sans moyen financier situé à côté de l’église.
  • Transition  – l’abbé Nicolas – 14 mars 1828 au 6 octobre 1828 où il meurt inopinément après avoir nommé de force.
  • Transition – Monsieur Michel Guerrier en novembre 1828 puis l’abbé Nicolas Engerrand s’enchaîne en quelques mois avant de laisser la place.
  • 5ème curé – l’abbé Chibeaux, fin 1836 il part pour la France et la gérance de sa paroisse à distance lui fait finalement perdre ses droits fin 1837. Sous sa direction on construit l’église en pierre. Pose de la première pierre le 24 novembre 1835.
    « Le gouvernement Impérial de Russie fut plus bienveillant et plus généreux. La paroisse, aux abois, adresse une humble requête au ministre des finances de S. M. l’Empereur Nicolas I, sollicitant une avance de fonds pour faire face aux énormes frais de l’entreprise: et la réponse, aussi prompte que gracieuse, fut la mise à la disposition du conseil syndical d’un prêt de cinquante mille roubles assignats, remboursables en vingt ans, à des conditions extrêmement favorables. »*
  • 6e curé – l’abbé Vuagniaux du 10 octobre 1837 jusqu’au 3 janvier 1839
  • 7ème curé – l’abbé Autran le 10 mai 1839 jusqu’au 26 juin 1846 au il parti pour la France se soigner.
    « A ses fonctions curiales M. Autran aimait à joindre l’enseignement des lettres f « rançaises, latines et grecques ; et des hommes, qui jouissent aujourd’hui d’une position honorée, lui doivent leurs heureux débuts dans les connaissances humaines. Peut-être même ses succès dans l’enseignement lui suscitèrent-ils des hostilités dont il eut à souffrir, et qui hâtèrent sa démission. »*
  • 8ème curé – Monsieur Couder -27 juin 1846 au 8 mai 1865 à 64 ans. C’est sous sa direction que les sections filles et garçons de l’école furent ouvertes. Monsieur Cherazade, vicaire de Couder.
  • 9ème curé – Abbé du Terrail du 3 juin 1865 à sa mort d’apoplexies le 11 janvier 1867.
  • 10ème curé abbé Beesau du 24 septembre 1867 jusqu’en décembre 1883
  • 11ème curé abbé Léon Vivien du 15 avril 1884 jusqu’en 1888

*Les informations de cette dernière partie et le citation sont tirées de l’histoire de « La paroisse de Saint-Louis des français de Moscou » paru à Moscou en 1891.

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