La station Novokuznetskaya (en russe Новокузнецкая) est une magnifique station moscovite située sur la ligne 2 (verte). Sa construction remonte à 1943, en pleine Seconde Guerre Mondiale, aussi sa décoration met-elle à l’honneur les exploits militaires et les héros de l’armée soviétique. La station servit d’ailleurs d’abri anti-bombardement à plusieurs reprises durant le conflit. Les temps de guerre et de disette n’ont pourtant pas empêché les architectes de voir grand. Les travaux furent menés par Ivan Taranov et sa femme Nadezhda Bykova, concepteurs de onze autres stations de métro à Moscou.
Sommaire
1. Novokuznetskaya du marbre, du marbre et du marbre
2. Des mosaïques de maîtres sous une pluie de bombes
Novokuznetskaya du marbre, du marbre et du marbre
Le hall central est richement décoré. Six types de marbre différents ont été utilisés pour l’ornement intérieur, ce qui donne une certaine impression de lourdeur à l’ensemble. Fait remarquable, l’architecture met l’accent sur les porches de communication avec les quais. Ces derniers sont taillés en marbre de Pokhoro-Balandisky, aux tons d’ivoire, ce qui leur donne un aspect massif et carré.
Entre les porches sont installés des bancs, dont les dossiers et les accoudoirs sont sculptés dans le même type de marbre. Une légende, probablement infondée, voudrait que ces bancs aient été retirés de la cathédrale du Christ-Sauveur, lors sa démolition par Staline en 1931, pour être installés dans le métro.
Au-dessus de chaque banc sont accrochés des bronzes, en l’honneur de certaines villes-héros de l’URSS (Stalingrad, Léningrad, Sébastopol) ou contenant des médaillons à l’effigie des grands commandants russes (Alexandre Nevsky, Kutusov, Minin et Pozharsky).
Des mosaïques de maîtres sous une pluie de bombes
Mais c’est évidement la voûte, avec ses mosaïques de smalt et sa frise de plâtre, qui attire avant tout les regards. Pour le plafond, les architectes se sont inspirés d’un célèbre tombeau romain de la via Latina, le tombeau des Valerii, auxquels ils empruntent les motifs géométriques.
Sur cet arrière-fond viennent se greffer six panneaux en mosaïques de smalt, à l’histoire exceptionnelle. Ils sont l’œuvre de l’artiste Vladimir Frolov qui les réalisa durant le terrible blocus de Leningrad, qui dura 900 jours et fit plus d’un million de morts. Inutile de dire qu’une telle réalisation dans une ville assiégée relève d’un vrai tour de force (semblable à la création de la Septième symphonie de Chostakovitch dans les mêmes circonstances). Frolov ne survécut d’ailleurs pas au siège. Ces panneaux de mosaïques furent alors exfiltrés de la ville, sous les bombardements allemands, par une flottille qui traversa le lac Lagoda.
Les panneaux de Novokuznetskaya mettent en scènes différents corps de métiers : métallurgistes, vignerons, mécaniciens, aviateurs, etc. Pour mettre en lumière ces mosaïques, les architectes ont opté pour un éclairage original : des lampes de sol, semblable à des flambeaux, sont posées sous chaque panneau. Le hall central ne possède donc pas de lustres, contrairement à presque toutes les autres stations moscovites. Sous la voûte court également une frise de plâtre, représentant des soldats de l’Armée rouge en action.
Photos Evgeny Ivanov
A l’extrémité du hall central, un autre panneau de mosaïque en marbre met en scène « Le front et l’arrière luttant contre l’envahisseur allemand ». Elle représente des soldats et des ouvriers, réunis autour d’un portrait de Lénine.