La station de métro Mayakovskaya, situé sur la verte (2) dans l’arrondissement de Tverskoï, est l’une des plus remarquables de Moscou. Même si sa décoration intérieure n’égale pas celle d’autres stations plus prestigieuses (comme Komsomolskaïa, avec ses mosaïques et ses lustres en bronze), c’est tout de même un très bel exemple d’architecture néo-classique stalinienne.
Sommaire
1. Une station bunker
2. Prouesse architecturale
3. Mayakovskaya, un musée
Mayakovskaya une station Bunker
La station fut inaugurée en 1938 dans le cadre de la section Sokol – Teatralnaya, première tranche du métro de Moscou. Le public accueillit favorablement le projet, et de nos jours encore, c’est une des stations préférées des moscovites. En 1939, Douchkine remporta même le Grand Prix de la World Exhibition de New York pour sa conception.
Durant la guerre la station est utilisée comme abri anti-bombes. Elle acquiert même une dimension historique le 6 novembre 1941, puisque Staline en personne vint y prononcer un célèbre discours. Dans une ville de Moscou pourtant encerclée par les allemands, Joseph Staline y annonce la « défaite prochaine et imminente » des nazis.
En 2001, la station Mayakovskaya a été inscrite sur la liste des monuments historiques et culturels d’importance locale.
Paradoxalement, même si c’est une des plus belles stations de métro de Moscou, elle reste assez peu fréquentée. Selon une étude statistique de 1999, le trafic quotidien s’élevait à 50 000 passagers, très loin des stations du centre-ville comme Kitaï Gorod (100 000) ou Okhotny Riad (85 000).
Prouesse architecturale
Démarrée en 1935, la construction tourne d’abord au fiasco. Les ingénieurs sont confrontés à des conditions géologiques difficiles, et la voûte de la première station se couvre bientôt de fissures, manquant presque de s’effondrer. Dans l’urgence, le gouvernement fait alors appel à l’architecte renommé Alexeï Douchkine, concepteur de cinq autres stations de métro à Moscou, et surtout père de l’une des « sept sœurs de Staline ».
Douchkine trouve une solution audacieuse et novatrice pour soutenir la voûte : il double les piliers de béton d’une structure en acier inoxydable. C’est la première utilisation de ce type pour l’architecture souterraine.
Aujourd’hui encore, ces larges lames d’acier poli donnent à la station son charme caractéristique. Elles confèrent à la nef centrale un caractère spacieux, presque aérien, alors que paradoxalement, les quais sont moins larges ici que dans les autres stations de Moscou !
Mayakovskaya, la station musée
Deux pierres semi-précieuses ont servi à la décoration des murs et du sol : la rhodonite (rouge) et la diorite (verte).
Au plafond sont creusés 34 dômes qui renferment chacun une mosaïque, signée Alexandre Deïneka. Les motifs représentent des scènes de guerre et des scènes de la vie quotidienne en URRS. Les bombardiers et les dirigeables côtoient les baigneurs et les sauteurs à ski.
Curieusement, aucun élément de la décoration ne fait référence au poète Maïakovski. La station ne devait d’ailleurs pas porter son nom initialement, mais s’appeler « station Triumphalnaïa », en raison de son emplacement sous la place du même nom. Ce n’est qu’après la guerre qu’on installera un buste du poète au fond de la nef.