CultureCoutumes & TraditionsKhokhloma - peinture sur bois traditionnelle

Khokhloma – peinture sur bois traditionnelle

Devenue un des symboles de l’Art populaire russe, la peinture sur bois de Khokhloma a immortalisé le nom de son village. L’origine de cette peinture vient de plusieurs bourgades situées sur la rive gauche de la Volga dont Khokhloma. Cet art populaire a participé au développement de la région de Nijni Novgorod située à un peu plus 400 kilomètres à l’est de Moscou. C’est une peinture décorative sur de la vaisselle ou sur des meubles en bois avec généralement des couleurs dorées, vertes et rouges sur fond noir.

Temps de lecture estimé : 13 minutes

Les origines

La région étant couverte, d’immenses forêts, les populations les ont très tôt exploitées. Comme souvent, tout débute par les nécessités de la vie quotidienne. La vaisselle et les ustensiles de cuisine en bois brut étaient peu commodes. Ils se salissaient, les liquides, les aliments imprégnaient le bois. Il en a été de même pour les meubles qu’il fallait préserver et rendre très résistants. Il a donc fallu trouver une manière de protéger le bois qui est rapidement devenue une technique décorative. Des découvertes archéologiques attestent qu’au Moyen-âge, dès le Xe siècle, des artisans russes fabriquaient divers objets comme des bols, des louches, des plats… En outre, dans les inventaires des fermes monastiques de cette région, il est souvent mentionné le travail des tourneurs sur bois et des fabricants de vaisselle.

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Naissance à Khokhloma

Mais, il semble que ce soit au XVIIe siècle qu’apparaisse la peinture laquée sur bois de Khokhloma. La première mention de vaisselle peinte remonte à l’année 1659. En effet, c’est à cette date, que des archives prouvent qu’un certain Morozov a collecté des plats peints de différentes tailles dans la région de Nijni-Novgorod. Les produits fabriqués étaient transportés pour être vendus dans le grand village commerçant de Khokhloma. C’est pour cette raison que toutes ces fabrications ont pris son nom.

En outre, ce lieu était idéalement situé sur la route commerciale de la Volga et bénéficiait de la proximité de la plus grande foire de Russie : Makariev. Mais, la véritable naissance de l’industrie à Khokhloma est attribuée à ceux que l’on appelle les « vieux-croyants ». Ces derniers sont des paysans russes qui se sont séparés de l’Église orthodoxe car ils refusaient les réformes introduites par le patriarche Nikon en 1666.

Ils fabriquaient des icônes, des portraits miniatures, des coiffes aux couleurs éclatantes et plus généralement tous les types d’objets usuels aux couleurs inhabituelles pour l’époque. Leur production était importante à tel point que ces objets en bois étaient considérés, dès leur origine, comme l’artisanat principal des habitants de la région. En effet, nombreux étaient les paysans qui abandonnaient une partie de l’année, voire à temps complet le travail des champs. Mais certains d’entre eux étaient non seulement des artisans, mais aussi des artistes incroyables. Désormais, ils savaient réaliser de véritables chefs-d’œuvre, de la calligraphie ou encore des ornements floraux raffinés.

L’évolution

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C’est dès le début du XVIIIe siècle que les fabrications de Khokhloma prennent les formes qu’elles ont encore actuellement. Les plats de Khokhloma font la fierté de la population en satisfaisant leurs besoins et en constituant une partie importante de la culture artistique nationale russe.

Au XIXe siècle, l’intérêt pour l’artisanat comme œuvre d’Art russe ne cesse d’augmenter et les acheteurs sont de plus en plus nombreux. Ainsi, en 1853, les œuvres de Khokhloma sont présentées pour la première fois à l’Exposition industrielle de Moscou. D’autres expositions à Paris ou  encore Saint Pétersbourg participent à faire connaître cet art. La famille royale russe s’est également passionnée pour la peinture de Khokhloma. Émerveillée par le travail des artisans, l’impératrice Maria Feodorovna a offert en 1882 au maître Mikhail Krasilnikov une montre en or pour son savoir-faire. Les produits de Khokhloma étaient largement vendus dans les bazars et dans les foires.

Le tournant du XXe siècle

La demande étant de plus en plus importante et se démocratisant en Russie, les acheteurs demandaient désormais un produit bon marché, mais qui, par conséquent, était de qualité inférieure. Ceci a entraîné une simplification des produits, qui devaient être fabriqués plus rapidement, et donc de moins bonne qualité. L’inquiétude a gagné rapidement les artisans artistes, mais également les autorités russes locales. 

Ainsi en 1913, à Semionov, la Direction de l’aménagement du territoire et de l’agriculture a créé une école pour former des ouvriers capables de tourner le bois, de sculpter, de fabriquer de la vaisselle et des meubles. En 1916, le maire de Nijni Novgogod fait ouvrir, à ses frais, une école de menuiserie. On y enseigne, sous la direction de l’artiste Matveev, la peinture laquée dans la ville de Semionov. À l’arrivée des bolcheviques au pouvoir en 1917, cette école bénéficie d’un renforcement avec le soutien important du nouveau régime. L’école a formé de très nombreux artisans et a réussi à relancer une production de qualité.

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En 1924, l’école est devenue l’association « Artisan-Artiste ». À Semionov en 1928, la peinture de Khokhloma prit son essor. Elle commença à se concentrer uniquement sur la fabrication de vaisselle et de meubles. C’est alors que les matriochkas devinrent l’apanage exclusif de la fabrique de Semionov. Cet Art était définitivement sauvé et en 1934 un musée a été créé à Semionov. Durant la Seconde Guerre mondiale, les artisans envoyés sur le front pour défendre l’URSS ont été remplacés par les femmes. Elles arrivaient à fabriquer plus de 10 000 cuillères par jour. Elles ont continué à travailler après la guerre et ont remplacé les artisans décédés jusqu’à avoir un rôle prépondérant dans l’usine collective.

Enfin, dans les années 1950, les artistes ont créé un nouveau style raffiné avec des peintures détaillées. Les années 1960 sont marquées par la modernisation de l’usine. De nouveaux ateliers, un nouveau laboratoire créatif dirigé par l’artiste Dospalva sont créés. Apparaissent ainsi de nouvelles productions artistiques qui sont d’ailleurs exposées et récompensées aux expositions universelles de Montréal en 1967 ou encore d’Osaka en 1970.

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Depuis la chute de l’URSS

Cet art avait survécu à la Révolution Bolchevique, il en fut de même lors de l’explosion de l’URSS fin 1991. Certes, pendant un court temps, le nombre d’artisans a baissé. Mais dès 1992, l’usine a ouvert une nouvelle section afin de produire des matriochkas et le développement n’a pas cessé depuis. D’ailleurs, la ville de Semionov a rebaptisé en 2014 son usine « Golden Khokhloma » et a créé dans la foulée un Festival International portant le même nom.

Depuis, l’usine continue sa modernisation et est toujours à la recherche de l’excellence et de nouveautés dans ses fabrications. Actuellement, il est possible de retrouver la peinture de Khokhloma dans deux lieux. Depuis les années 1920 / 1930, dans la ville de Semionov, avec les deux usines « Peinture de Khokhloma » et « Peinture Semyonovskaya » qui fabrique les fameuses matriochkas. Le second lieu, dans le village de Semino à l’usine « Artiste de Kohhloma ». Egalement depuis les années 2000, une entreprise « Promyel LLC » produit à Semino des boîtes en bois peintes.

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Les étapes de la fabrication

1. Préparation du bois

Tout part de l’arbre. Après avoir été abattu, le bois coupé est sculpté grâce à une fraiseuse qui donne la forme du futur objet : cuillères, louches, tasses, matriochkas, plateaux… Le bois travaillé est séché, puis ces objets sont sculptés.

2. L’huile de lin

En amorce, une couche d’huile de lin mélangée à de l’argile est posée sur le bois. Après un séchage de 7 à 8 heures, l’objet est recouvert grâce à un tampon de plusieurs couches d’huile de lin. C’est l’opération la plus importante, car elle va déterminer la qualité et la durabilité des pièces. Le mouvement rapide et uniforme de l’artisan transforme l’aspect de l’objet. Pas moins de 3 à 4 passages étalés sur une journée avec des temps de séchages sont nécessaires.

3. Étamage

L’étape suivante est « l’étamage », c’est-à-dire du frottement d’une poudre d’aluminium sur l’objet à l’aide d’une peau de mouton. Après l’étamage, ils sont brillants et prêts à être peints. À la naissance de cet art au XVIIe siècle, les vieux-croyants utilisaient de l’étain. Puis, l’objet est recouvert uniformément d’une peinture à l’huile qui est généralement rouge ou noire. Néanmoins, parfois, d’autres couleurs de fond peuvent exister comme le marron, le vert clair, ou encore le jaune.

4. Peinture

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Enfin, à l’aide d’un pinceau de poils d’écureuils, le travail artistique peut réellement débuter. Quelques motifs reviennent régulièrement sur ces objets en bois comme par exemple les figures géométriques (carré, rectangle, losange décorés de verdure, de fleurs, de paysages champêtres). On retrouve également des feuilles et / ou des fleurs dorées sur fond rouge ou noir, c’est ce que l’on appelle le Khokhloma doré. Sur certaines œuvres, l’artiste ne représente qu’un motif détaillé comme par exemple un brin d’herbe. Chaque pièce est donc unique.

5. Vernissage

Ces objets peints sont alors vernis. Pas moins de 4 voire 5 couches avec séchage intermédiaire sont nécessaires. Placés dans un four pendant 3 à 4 heures à 150 degrés, ils durcissent et prennent alors leur aspect définitif.

Des artistes immortels

Cet art s’est transmis de père en fils ou de maîtres à apprentis, créant ainsi de véritables dynasties désormais célèbres comme :

  • Les Krasilnikovs. Il s’agit d’une famille qui depuis maintenant cinq générations se consacre à cet artisanat. V. Krasilnikov a d’ailleurs écrit le livre « Golden Khokhloma », qui est une véritable encyclopédie de la peinture sur bois laquée de Khokhloma.
  • Georgy Matveev qui a fondé l’école de peinture de Khokhloma à Semionov. L’un de ses apprentis Georgy Petrovich a rassemblé des œuvres d’artisans et a créé un musée sur cet artisanat d’Art.
  • Stepan Veselov qui déjà à l’âge de 5 ans avait peint sa première cuillère. À sept ans, ses œuvres sont vendues par son père à la foire. Ses œuvres sont présentes dans les collections de nombreux musées. Ses apprentis ont poursuivi son œuvre.
  • D’autres artistes comme Gushchins, ou encore la famille Lushins ont fortement imprégné cet art.

Rien n’est figé et de nouvelles dynasties peuvent naître et continuer à subjuguer cet art typique qui fait la fierté de la Russie.

Cours de peinture en anglais

Où trouver les peintures sur bois de Khokhloma ?

C’est dans le village de Semionov, qu’il est possible de retrouver cet art dans deux fabriques.

L’usine de « Peinture de Khokhloma »

L’usine de « Peinture de Khokhloma » qui ne compte pas moins de 604 employés dont 340 artistes. Cette usine est le plus grand producteur d’art populaire en Russie. Leurs productions sont très prisées dans toutes les régions de la Russie et exportés dans plus de 50 pays. En outre, cette « Peinture de Khokhloma » est devenue l’une des représentantes de la Russie lors d’événements internationaux : les Jeux Olympiques d’hiver de Sotchi et la Coupe du monde FIFA en 2018. Toutes les fabrications ont des certificats de conformité et d’hygiène. Il est donc possible de boire et manger dans des plats de Khokhloma en toute sécurité. Plus d’info sur le site officiel dans notre partie « Infos pratiques ».

L’usine « Peinture Semyonovskaya »

L’usine « Peinture Semyonovskaya » a été fondée en 1932 et est située au 1 rue de Tchernychevski. Elle produit des matriochkas qu’elle exporte dans le monde entier. Pour la fabrication de ces poupées gigognes, des matériaux sans danger pour la santé sont utilisés. En 2017, cette entreprise a ouvert « le musée de la matriochka et du jouet traditionnel ». Il vous est possible d’acheter leur production en ligne sur leur site internet https://srosp.com/ .Vous pouvez également les contacter par téléphone au+7 (83162) 5-66-94, par mail au srosp@yandex.ru ou encore par Instagram @srosp1932. Vous pourrez observer travailler des artistes du lundi au vendredi de 8 h00 à 17h00.

À Moscou

À Moscou dans le magasin « Héritage » à l’adresse : Moscou, Place Rouge, 1/2 (bâtiment du Musée historique d’État).

À Saint-Pétersbourg

Toujours dans le même magasin mais cette fois à Saint-Pétersbourg. « Héritage » est à l’adresse : Saint-Pétersbourg, perspective Nevski, 22

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