CulturePeintureMikhail Vroubel maître du symbolisme

Mikhail Vroubel maître du symbolisme

Mikhail Aleksandrovitch Vroubel (en russe : Михаил Александрович Врубель) est né le 17 mars 1856 à Omsk, en Russie et mort le 14 avril 1910 à Saint-Pétersbourg.

Mikhail Aleksandrovitch Vroubel est un peintre russe de la fin du XIXème siècle. De la peinture à la gravure, en passant par la sculpture et les décors de théâtre : Mikhail Vroubel s’est illustré dans tous les arts picturaux.

Il est l’un des plus grands représentants du symbolisme et de l’Art nouveau en Russie. Surnommé le Cézanne russe, il est considéré comme le précurseur de l’art moderne et de l’avant-garde russe. Pourtant, ce n’est qu’à la fin de sa vie que la critique et le public ont reconnu son talent.

Les troubles mentaux dont il a souffert à la fin de sa vie et la figure récurrente du démon dans ses œuvres ont contribué à donner au peintre une image d’artiste solitaire et maudit.

Temps de lecture estimé : 6 minutes

Etudes et début de la carrière de Vroubel

Après avoir étudié le droit à Saint-Pétersbourg, il intègre l’Académie des Beaux-Arts à 24 ans. C’est dans l’atelier de son professeur Pavel Tchistiakov qu’il met au point un nouveau langage pictural, sa technique cristallique, qui consiste en la juxtaposition de micro-surfaces. Avec de gros pinceaux, Vroubel « sculpte » la forme directement sur la toile et les contours des objets disparaissent. Comme dans la mosaïque, ce sont les surfaces assemblées qui créent la forme générale.

En 1883, invité par l‘historien d’art Adrian Prakhov, Vroubel part pour Kiev afin de restaurer l’Église Saint-Cyrille. Après plusieurs années de travaux qui lui font découvrir l’art byzantin et la peinture d’icône, il se rend à Moscou en 1889 et loge à l’atelier du peintre Constantin Korovine qui lui présente le mécène Mamontov.

Grâce à ce dernier, Vroubel se passionne pour la céramique à l’atelier d’Abramtsevo et reçoit de nombreuses commandes. C’est à cette époque qu’il réalise plusieurs œuvres architecturales pour des édifices de style moderne et néo-russe tels que la Gare de Iaroslavl ou la Maison de rapport Sokol.

Une explication précise et intéressante de l’oeuvre de Vroubel en anglais par Cathy Locke

Vroubel, artiste incompris et rongé par ses démons

En 1890, un projet d’édition de recueil en deux tomes à l’occasion du jubilé du Démon de Lermontov le ramène au thème du démon, qui avait commencé à l’intéresser durant ses travaux à Kiev. Il réalise alors Le Démon assis, son premier grand tableau sur le sujet. A rebours du naturalisme et du matérialisme de l’époque, Vroubel se fait le chantre d’une spiritualité dépassant le cadre chrétien, car c’est la dimension philosophique et psychologique du démon qui prime pour le peintre.

La symbolique du démon

Contrairement à la représentation religieuse, le démon de Vroubel n’est pas l’incarnation du mal. Solitaire, il est partagé entre le monde surnaturel et celui des hommes. Or, dans la conception symboliste, l’artiste est l’intermédiaire entre les hommes et le monde supérieur. C’est par le symbole qu’il doit révéler ce que les humains ne peuvent voir. C’est pourquoi les critiques ont tôt fait de comparer Vroubel à son sujet de prédilection, le démon.

Vroubel puise donc non seulement son inspiration dans les thèmes littéraires avec notamment Le Démon de Lermontov, mais également dans le folklore russe, en représentant des figures telles que la Princesse cygne.

Afin d’exprimer le surnaturel, Vroubel utilise aussi l’orientalisme et l’ornementalisme « Art Nouveau » (nature luxuriante, vêtements, chevelure) qui rendent les images plus exotiques.

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Voici la sublime Mosaïque de la Princesse de Grioza par Vroubel, réalisé à Abramtsevo qui couronne l’hôtel Metropol de Moscou. Des milliers de personne passent devant sans même s’en rendre compte. Alexandre de Russie, vous fait découvrir ces secrets cachés dans ses excursions. La toile de la Princesse Grioza se trouve quand à elle à la Galerie Tretyakov.

Ses démons prennent le dessus

Le grand public découvre Vroubel en 1896 lors de l’Exposition panrusse de l’industrie et des arts de Nijni-Novgorod. Deux panneaux monumentaux de Vroubel, Mikoula Selianinovitch et La Princesse Grioza, au départ refusés par le jury, sont tout de même exposés grâce au soutien de Mamontov. Mais c’est un échec total, car les critiques accusent Vroubel, dont les œuvres prennent le contre-pied des idéaux sociaux de la peinture réaliste, de décadentisme.

En 1898, à Saint-Pétersbourg, l’artiste remplace Korovine, malade, à la réalisation des décors et des costumes de l’opéra-conte d’Engelbert Humperdinck, Hansel et Gretel. Quelques mois plus tard, il épouse l’interprète de Gretel, Nadejda Ivanovna Zabela.

En 1902, lorsque Le Démon terrassé est exposé, Vroubel retouche la toile de façon frénétique jusqu’au vernissage de l’exposition, alors même qu’elle est déjà accrochée.

Cette même année, les premiers symptômes d’une maladie mentale se manifestent, puis en 1903, son unique enfant, Savva, décède à l’âge de 2 ans, ce qui détériore davantage la santé fragile du peintre. L’artiste effectue alors plusieurs séjours en clinique psychiatrique jusqu’en 1906.

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Vroubel, annonciateur des temps nouveaux de Mikhail Guerman (1997)

Reconnaissance tardive

Vers la fin de sa vie, le public et les critiques commencent à changer d’avis à son sujet. Le peintre Alexandre Benois et le mécène Serge de Diaghilev, fondateurs du mouvement artistique Mir Isskoustva, organisent en novembre 1902 une exposition de ses œuvres. L’exposition est un tournant pour l’héritage artistique de Vroubel.

En novembre 1905, Vroubel est honoré par l’académie de peinture pour « la brillante réussite de sa carrière artistique ». Devenu aveugle, vivant les dernières années de sa vie dans un état végétatif, l’artiste s’éteint en 1910.

Quelques unes de ses œuvres

Les œuvres de Vroubel sont visibles principalement à la Galerie Tretiakov de Moscou, au Musée russe de Saint-Petersbourg et au Musée national d’art de Kiev.

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