La station Novoslobodskaya (en russe Новослобо́дская) est une station bien connue de Moscou, située sur la ligne 5 (marron). Décidé en 1952, le projet de construction est le fruit d’une collaboration entre deux des plus grands architectes de l’époque, Alexander Strelkov et Alexey Dushkin.
Sommaire 1. Alexander Strelkov et Alexey Dushkin 2. Novoslobodskaya et ses vitraux multicolores rétroéclairés 3. De l'or peut-être mais pas d'uranium 4. L'allégorie de la Paix
Alexander Strelkov et Alexey Dushkin
Ces deux urbanistes sont aujourd’hui encore considérés comme les pères fondateurs du métro moscovite : à eux deux, ils sont impliqués dans la réalisation de quatorze stations de la capitale. Dushkin, pourtant membre de la très sérieuse Académie d’Architecture et récipiendaire du prix Staline, voulu dès le départ « quelque chose de fabuleux et de décoratif ». Et en effet, c’est l’une des stations les plus féeriques de la ville.
Novoslobodskaya et ses vitraux multicolores rétroéclairés
Elle doit évidemment sa réputation à ses 32 vitraux multicolores, encastrés dans chaque pylône du hall central. Ils sont décorés d’étranges motifs floraux et géométriques. Le dessinateur Pavel Korin a admis s’être inspiré des robes à brocarts et des anciens costumes traditionnels russes, qu’il avait vu exposé au Palais à Facettes du Kremlin. Certains vitraux contiennent aussi de petits médaillons représentant les habituelles figures chères au pouvoir soviétique : ouvriers, paysans, ingénieurs etc.
De l’or peut-être mais pas d’uranium
Cet emploi du vitrail pour Novoslobodskaya fut très tôt envisagé. Mais les deux architectes avaient d’abord opté pour l’utilisation du verre d’uranium, Strelkov ayant déjà remarqué cet usage dans certains restaurants de Londres. Cependant, en pleine Guerre Froide, l’uranium constituait une ressource stratégique, et le Comité de planification d’État refusa sèchement : « Nous paierons pour une station en or massif si nécessaire, mais nous ne gaspillerons pas un gramme d’uranium ! ».
La technique du vitrail étant peu répandue en Russie, ce sont des artistes lettons qui ont finalement réalisés les carreaux, à partir des dessins de Korin. Le verre utilisé était celui conservé dans la cathédrale de Riga, et destiné à la restauration des églises.
L’allégorie de la Paix
Les murs sont tapissés de marbre de l’Oural, aux tons jaunes et gris. Un liseré d’acier et de laiton doré court le long des voûtes. La finition des pylônes et des arches qui donnent sur les quais crée une composition rythmique, qui attire le spectateur vers le fond de la salle.
Là se trouve un panneau de mosaïque, également signé Korin, représentant une allégorie de la Paix. On y voit une mère portant dans les bras son enfant, qui essaye étrangement d’attraper au vol une colombe. Les traits de la mère s’inspireraient de ceux de l’épouse de Dushkin.
La première version de l’œuvre comportait un médaillon de Staline, mais avec l’arrivée de Khrouchtchev au pouvoir et la « déstalinisation », l’artiste fut forcé de remplacer l’image du dictateur par une nuée de colombes. D’où l’aspect un peu bancal de la composition. Peu satisfaites de cette retouche, les autorités tentèrent même de faire démanteler le panneau tout entier. L’œuvre fut finalement conservée derrière un bloc de granit jusqu’à l’arrivée de Brejnev.
A noter enfin, les jolis lustres en forme de soucoupe, restaurés en 2003. L’éclairage d’origine était cependant légèrement plus faible et diffus, respectant le souhait des architectes de faire de Novoslobodskaya une « station-caverne »