CultureMusiqueBalalaïka l'instrument de musique russe

Balalaïka l’instrument de musique russe

Lorsque l’on évoque la musique ou les chansons traditionnelles Russes, un instrument revient sans cesse à l’esprit, tel un envoûtant refrain aux accents quelques peu orientalisants : la Balalaïka (En russe : Балалайка). Il fait partie de ces images d’Épinal qui collent à la peau de la Russie, au même titre que l’Ours et la Vodka.

Mais au-delà des clichés tenaces, qu’en est-il vraiment de la réalité de cet instrument, de ses origines, son répertoire et sa vitalité aujourd’hui ?

Temps de lecture estimé : 6 minutes

Origine de la Balalaïka

L’origine de cet instrument populaire est perdue depuis des siècles. « Quand » et « Par qui » la Balalaïka a été inventée, reste inconnu.

Mais elle est certainement ancienne, et quelques chroniques de voyageurs (arabes notamment) en font mention dès le 10e siècle, alors qu’ils parcouraient les terres des « Bulgares de la Volga » (territoire correspondant actuellement à une zone allant de Samara à Volgograd).

Il est fort à parier qu’elle soit le résultat d’une évolution hydride d’instruments utilisés par les peuples voisins des Russes (à savoir les ancêtres des Kirghiz ou Tatars), avec les instruments déjà préexistants chez les Russes.

En ce sens, la Balalaïka peut être considérée comme un parent de la Domra (instrument folklorique russe pincé avec un corps ovale)

Le mot lui-même « Balalaïka » a probablement une racine slave commune – (Bal), qui phonétiquement se rapproche du sens des verbes « parler, discuter » (en Russe : говорить, болтать). Également une connotation de « plaisanter » présente dans certains dialectes slaves orientaux. Une autre hypothèse serait que la racine « Bala » proviendrait des langues turcophones et signifierait « petit enfant ». Jouer de cet instrument calmerait les tout-petits.

En conclusion, tout cela définit donc le caractère de cet instrument : placer la personne dans un état joyeux et serein, un antidépresseur en somme !

Balalaïka

Histoire de la Balalaïka

Malgré ses origines anciennes, elle ne se popularise (et donc ne se structure) que vers le 15e et 16e siècle, au moment où la Rus moscovite (En russe : Московская Русь) affirme son indépendance face aux Mongols.

À partir de là, elle connaîtra un essor sans précèdent surtout dans les couches paysannes de la population. Elle est alors partout présente dans les fermes, foires et marchés.

Alors qu’elle devient très populaire, il n’y toujours pas de standards établis concernant son apparence et sa construction : on rencontre des Balalaïkas de formes rondes, ayant 3 faces ou 4, trapézoïdales, et même avec un nombre de cordes différent : de 2 à 5 !

Seulement vers le XVII et XVIIIe siècle se généralisent des Balalaïkas avec un contour triangulaire. Mais là aussi il existe des différences notables de forme d’une région à une autre. 

Ce n’est que vers la fin du XIXe siècle que sa forme définitive sera adoptée sous l’impulsion de la cour et de la noblesse. (c’est-à-dire un instrument à corps triangulaire avec 3 cordes).

A noter qu’il y a deux types de Balalaïkas officielles désormais : une professionnelle (académique) et une folklorique (traditionnelle). Les principales différences entre ces deux types résident dans les cordes (nylons pour l’une, métalliques pour l’autre) et moins de frettes dans la Balalaïka dite traditionnelle.

Par ailleurs, vous pourrez voir dans des soirées ou bien concerts très officiels, toute une « famille » de Balalaïkas développée par F. Passerbsky et brevetée en Allemagne au XIXe siècle (allez savoir pourquoi !).
Cette « famille » est devenue la base de l’orchestre folklorique russe !

Et pas seulement : Vous pouvez tout aussi bien jouer des airs de jazz, blues que des œuvres de musiques classiques avec. Cette « famille » comprend les Balalaïkas : piccolo, prima, alto, ténor, basse, contrebasse

La longueur de la Balalaïka varie de 60 à 70 cm (balalaïka prima) à 1,7 m (balalaïka contrebasse).

Où acheter votre Balalaïka ?

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Ozark Balalaika 3 cordes

La Balalaïka (prima) est de loin la plus répandue, et c’est elle que l’on joue le plus souvent. Elle est de tonalité la-mi-mi.

Elle est composée de bois de hêtre (parfois érable) pour le corps, d’épicéa (ou cèdre) pour la table, d’acajou (ou hêtre) pour le manche.

Le son est clair, peut être doux ou cristallin suivant votre jeu. Les techniques de jeu les plus courantes sont le cliquetis, le pizzicato, le double pizzicato, le simple pizzicato, le vibrato, le trémolo, les fractions et quelques techniques de guitare.

Guitaristes confirmés, si vous pensez que la Balalaïka est une sœur ou cousine de votre guitare, vous tomberez de haut !

Bien que ces deux instruments aient des ressemblances et certainement une origine commune (mais fort lointaine), il vous faudra quelques années d’apprentissage pour sortir des mélodies qui feront voyager vos auditeurs dans les brumes de la Taïga sibérienne.

Ceci étant dit, les airs du folklore russe (comme Kalinka) sont tellement entrainants, que vous éprouverez instantanément un réel plaisir à votre étude.  

Une bonne Balalaïka (prima) coûte environ 100 Euros (avec le taux actuel 1 € pour 90 RUB). Pour un instrument de concert (académique), vous avoisinerez les 2 000 €.

Il en existe de toutes les couleurs, avec des ornementations des plus sobres aux plus farfelues.

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À Moscou, vous pourrez en trouver de bonnes qualités à des prix intéressants dans les célèbres chaînes de magasins de musique telles que muztorg.ru ou bien skybeat.ru ou encore muzmart.com.

Voici quelques magasins centraux :

  • Muztorg – Neglinaya Ulitsa 6/2, Moscou – ouvert tous les jours de 10h à 20h
  • Skybeat – Prospekt Mira 122, Moscou – ouvert tous les jours de 10h à 18h, fermé le dimanche

Popularité aujourd’hui

La Balalaïka n’a cessé de croitre en popularité depuis le 19e siècle et a bénéficié des moyens de diffusions du moment : représentations des orchestres Russes à l’étranger, apparition du phonographe, puis radio, télévision et internet maintenant.

Tout le monde ou presque, sait ce qu’est une Balalaïka et ce qu’elle véhicule en termes d’image et d’impressions.

Les différents courants musicaux, ceux notamment du 20e siècle (Blues, Bossa-nova) ou bien des compositeurs de musique classique tels que Bach par exemple, ont influencé les balalaïkistes et ceux-ci produisent des sons tout à fait novateurs dans leur domaine.  

D’ailleurs, La Balalaïka a finalement reçu sa reconnaissance mondiale, lorsque l’artiste Russe Alexei Arkhipovsky (en Russe Алексей Архиповский) a joué aux jeux olympiques de Vancouver et a ouvert l’Eurovision en 2009 !

Il est considéré comme l’un des virtuoses de cet instrument et les adaptations plutôt aériennes qu’il en faits sont remarquables :

Il arrive à mélanger des airs de folklores Russes, de musique classique et de Blues avec naturel, grandeur d’âme et humour !

Bref, un concentré de simplicité et de bonhomie Russe.

Aujourd’hui il y a tout de même une forte concurrence de la musique russe moderne (la popsa Russe). L’idée générale répandue qui est «je veux que ce soit rapide et que ça rapporte tout de suite » touche aussi la sphère musicale.

Même dans les campagnes où la Balalaïka puise ses racines historiques, les jeunes ont tendance à l’oublier.

Mais sans nul doute, qu’avec des artistes comme A. Arkhipovsky, ou bien V. Boldyrev pour ne citer qu’eux, la Balalaïka continuera de fasciner et susciter de nouvelles vocations.

« La balalaïka est un instrument indépendant, avec son propre monde intérieur »…
Au-delà de ces simples mots : ne serait-ce pas là le reflet de tout un peuple, de toute une culture multimillénaire, forte de son histoire tumultueuse et si particulière, sublimés à travers cet instrument de bois et capable de vous émouvoir jusqu’aux larmes ?

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7 COMMENTAIRES

  1. Merci Alexandre pour cette belle approche de l’instrument symbole. Article fouillé mais qui reste leger et plaisant !

  2. La prestation d’Alexey Arkipovisky laisse reveur : j’ignorais qu’il y eut une telle gamme de possibilites pour cet instrument

  3. Cette article sur la balalaïka est vraiment fascinant ! J’ai toujours été intrigué par cet instrument traditionnel russe et je trouve votre explication très claire et détaillée. Les origines et la construction de la balalaïka sont fascinantes à découvrir. C’est merveilleux de voir comment la musique peut unir les cultures et perdurer à travers les générations. Merci pour cet article enrichissant !

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