Il y a des routes associées à des histoires sinistres, mais aucune ne tient la comparaison avec la Route Fédérale Russe de Kolyma, la M56, aussi appeléearc « Route des ossements ». Cette route glacée s’étend sur un peu plus de 2,000 kilomètres, et relie Magadan, une ville de 92,000 habitants sur les côtes de la Mer d’Okhotsk, à Yakutsk, une ville de l’est de la Sibérie. La Kolyma (en russe Колыма) est aussi un fleuve long de 2 129 km.
Une route vers les goulags, le réseau de camps de travail de l’URSS
L’Autoroute de Kolyma, ou la “Route des ossements”, rappelle les victimes de la répression stalinienne mortes en la construisant.
Dans les années 1930, le gouvernement soviétique a découvert que le Far Est était riche en ressources naturelles. Mais La ruée vers l’or soviétique a été très différente de la californienne. Dans les vastes étendues glacées du Far East, les prospecteurs étaient des esclaves, des prisonniers qui travaillaient jusqu’à la mort à l’extraction et au convoyage de l’or, de l’argent et de l’uranium dans le plus grand réseau de camps de travail de l’histoire.
De nombreux prisonniers transitèrent par Magadan.
Avant d’y arriver, les condamnés au goulag traversaient l’URSS jusqu’à Vladivostok par le Transsibérien, avant de passer une semaine de traversée en cargo jusqu’à la baie de Nagaev, à Magadan, un endroit uniquement accessible par bateau et tellement isolé au milieu d’un océan de neige et de glace qu’il était considéré comme un île.
Là, ils débarquaient pour rejoindre les camps de transit de Magadan, avant d’être dispersés à travers la région.
Prendre la Route de Kolyma, signifiait exil et emprisonnement.
La région de Kolyma, qui donne son nom à la route, est un vaste territoire tristement célèbre pour l’abondance de ses goulags. Des centaines de milliers de ‘zeks’, des prisonniers politiques, la parcoururent.
Parmi les ‘esclaves’ envoyés dans l’enfer blanc des mines et de la route de Kolyma, ont pouvait trouver des russes, mais aussi des prisonniers polonais déportés après l’invasion de l’est de la Pologne en Septembre 1939 ou des prisonniers provenant des républiques baltes. On y a croisé également l’écrivain russe Varlam Shalamov, emprisonné pendant 17 ans dans différents camps de la région, qui a décrit son expérience dans son livre “Les Récits de Kolyma”.
L’écrivain Aleksandr Solzhenitsyn a lui aussi décrit Kolyma dans son célèbre ouvrage “L’Archipel du Goulag” :
“Kolyma était la plus grande et la plus célèbre des îles, le pôle de férocité de cet incroyable pays de goulags qui, bien que disséminés dans un archipel géographique, était, au sens psychologique, soudé au continent — presque invisible, presque imperceptible, un pays habités par les zeks. »
Aleksandre Solzhenitsyn
Pour mieux exploiter les ressources de la région, la construction de la ville de Magadan et de la Route de Kolyma débutèrent en 1932, et 80 camps furent érigés à Kolyma, sous la direction de Eduard Berzin, un officier de la Tcheka.
Des centaines de milliers de prisonniers des goulags moururent sur Kolyma. Les travaux étaient réalisés avec des méthodes rudimentaires. Les prisonniers étaient équipés de pelles, de pioches et de brouettes. Lorsque des prisonniers mourraient (très fréquemment) les sentinelles ne s’embetaient pas à les enterrer. Ils laissaient les corps dans les fondations de la route, utilisant leurs chairs comme mortier et les os comme substituts de pierres. Il est dit que la construction de la route de Kolyma a coûté un mort par mètre de route. La parcourir revient à circuler sur une fosse commune géante de milliers de corps.
Ainsi, la route obtint son surnom, la « Route des ossements ».
Kolyma au temps des goulags, « un pôle de froid et de cruauté »
Bien plus qu’un lieu d’incarcération, les prisons furent un symbole transcendant de l’ère stalinienne. Le goulag est devenu un implacable résumé de cette période.
Daltstroï – Fondation de la machine
Les « Dalstroï », fiefs carcéraux du Far Est soviétique, sont devenus la plus grande entité de camps de travail du pays. Dalstroï, acronyme pour « société de construction du nord lointain », était une institution brutale qui reflétait parfaitement l’impact de la terreur stalinienne. Faisant référence à cet archipel de camps, Aleksandr Solzhenitsyn faisait remarquer que la Dalstroï et sa capitale, Magadan, formaient “la plus grande et la plus célèbre des îles, le pôle de férocité de cet incroyable pays de goulags.”
Sans aucun antécédents régionaux, la Dalstroï et sa capitale, Magadan, ont vu le jour au début de l’ère stalinienne, et représentèrent la quintessence du stalinisme.
Sur ordre du Politburo, le Conseil du Travail et de la Défense (Sovet truda i oborony-STO) a créé la société d’état Dalstroï le 13 Novembre 1931. En tant que directeur du STO, V. M. Molotov a établi une résolution définissant les paramètres et le financement de cette nouvelle organisation. Dalstroï serait chargé des autoroutes et des constructions industrielles de la haute vallée du fleuve Kolyma, et se chargerait notamment de l’extraction minière dans la région. Elle contrôlerait toutes les entreprises et installations d’un secteur autour de Magadan et la Mer d’Okhotsk. Le gouvernement soviétique a d’abord attribué à Dalstroï un capital de 20 millions de roubles, somme qui sera augmentée chaque année à la demande des directeurs de la société. Le STO en nommerait le directeur. Enfin, la Dalstroï serait exemptée de toute taxe locale.
Berzin – Mise en place
Sans surprise Staline a nommé un ancien tchékiste premier directeur des opérations carcérales de Magadan. Eduard Petrovich Berzin avait déjà prouvé sa compétence d’administrateur comme chef d’un camp de prisonniers du nord de l’Oural, Vishlag, entre 1926 et 1931. Considérant l’importance du développement de l’industrie aurifère dans les régions du nord est, Staline a choisi un homme de grande expérience pour diriger la Dalstroï.
Dès 1932, les contours de la Dalstroï devinrent clairs et les activités des goulags commencèrent à transformer Magadan. Arrivé en Février, Berzin a commencé par faire établir un quartier général, bâtiment en bois de deux étages, sur le fleuve Magadanka.
La Dalstroï sous le contrôle du Conseil du Travail et de la Défense, l’OGPU a créé une organisation régionale distincte en Avril 1932, la Sevvostlag, ou Administration des Camps du Nord Est, afin de fournir depuis les goulags les besoins en mains d’oeuvre de la Dalstroï. Le responsable de la Sevvostlag supervisait le nombre grandissant de camps de travail pour le directeur de la société.
La propagande permettait à l’état soviétique de magnifier les fonctions vitales de cette société d’état tout en dissimulant la nature des opérations des camps locaux. La rhétorique d’état était parvenue à trouver des adhérents, avec des directeurs de camps tout comme des détenus donnant du crédit aux promesses de l’idéologie officielle. Mais sans aucun doute les goulags de Magadan étaient des organisations répressives du début de l’ère stalinienne responsables de la souffrance et la mort de nombreux prisonniers.
La machine s’enflamme
Les directeurs des camps de Magadan, par définition, avaient un rôle punitif en tant qu’agents de la police secrète. Nombreux furent les officiels qui ont commis des actes durs et inhumains au cours de leurs carrières. Tandis que Berzin et ses camarades montraient des valeurs beaucoup plus tempérées de la génération des premiers bolcheviks, les administrateurs suivants, des sbires de Staline, se montrèrent bien plus sadiques et dépravés, et contribuèrent à construire la triste légende de Magadan au cours des années.
La transformation brutale de la politique soviétique qui a renversé Berzin se produisit en 1937, avec les grandes purges qui ont touché Magadan de la même manière qu’elles avaient frappé le pays auparavant. Entre 1936 et 1938, l’URSS a vécu un épisode de violence d’état sans précédent. En Décembre 1937, un nouveau contingent d’agents du NKVD arrive à Magadan. Au même moment le Kremlin rappela Berzin à Moscou.
Dans les conditions plus brutales de l’époque, la nouvelle élite s’est prouvée plus impitoyable que Berzin et plus répressive que la police secrète en usant de nouvelles méthodes de torture et d’abus des prisonniers. Les instructions de Moscou étaient claires, les nouveaux responsables des camps de Magadan avait un mandat différent. Staline installa à la tête de la société un vétéran des services de la Tcheka, de l’OGPU et du NKVD, K. A. Pavlov, assisté de A. A. Khodyrev, et nomma S. N. Garanin nouveau responsable de la Sevvostlag. Iu. M. Gaupshtein devint chef de la section politique de la Dalstroï, et, dans le contexte des grandes purges L. P. Metelev et V. M. Speranskii furent respectivement nommés procureur et responsable régional du NKVD local. Les nouveaux administrateurs de la Dalstroï était peu éduqués, et beaucoup avaient été choisis sur des caractéristiques personnelles entrevues durant les grandes purges : brutalité et intempérance.
Responsable de la Sevvostlag, Garanin avait juridiction sur le fonctionnement des camps. Ainsi, et avec une cruauté jamais vue auparavant à Magadan, il était amené à signer des ordres d’exécution pour des prisonniers accusés de “détournement de propriété socialiste, refus de travail, sabotage contre révolutionnaire de la production, tentative d’évasion…” Parfois, Garanin faisait peu de contrainte des formalités bureaucratiques et, selon les récits des camps, sortait à l’occasion son revolver et exécutait les prisonniers pour des infractions mineures.
L’impact des grandes purges
Hormis ces changements administratifs, la Dalstroï vivait de nombreux autres changements. Avec l’augmentation des arrestations dans toute l’URSS, les camps de travails se développèrent considérablement dès la fin des années 1930, notamment la Dalstroï qui était l’une des principales bénéficiaires de ces mesures. La société profitait de beaucoup plus de prisonniers du fait de la surpopulation des prisons de Moscou. Fin 1936, la Dalstroï comptait 62,703 prisonniers, elle en comptait 80,258 fin 1937, et 93,978 fin 1938. Les statistiques de 1939 montrent l’augmentation spectaculaire causée par les grandes purges, avec les goulags de Magadan dont la population avait doublé pour atteindre 163,475 prisonniers. Résultat de la terreur stalinienne, les opérations industrielles des territoires du nord est disposaient finalement d’une main d’œuvre adéquate.
Au printemps 1939, la violence politique extrême des grandes purges cessa à Magadan, plusieurs mois après sa fin dans le reste de l’Union Soviétique. En Novembre 1938, lors du congrès du parti, Staline pris des mesures pour peu à peu mettre fin à cette terreur mais cela prendra du temps.
Avec une nouvelle réorganisation de la Dalstroï, le territoire sous son contrôle connut un nouveau changement de priorité et retournait vers ses objectifs d’avant 1937, à savoir la production d’or. Malgré un retour à son but premier, économique, le retour à des attitudes plus bienveillantes n’était pas de rigueur. La terreur stalinienne avait laissé une marque indélébile sur Magadan. Maintenant, Magadan devait trouver sa voie entre les performances économiques passées et l’impact des grandes purges.
Fin 1939, Ivan Fedorovich Nikishov, un homme de Beria, fut nommé nouveau responsable de la Dalstroï. Sur ordres de Staline, des changements sont apportés à Magadan, afin de minimiser les effets des grandes purges et se réorienter vers des activités industrielles.
Après la mort de Staline, les camps ont été démantelés et la plupart des prisonniers sont retournés sur le « continent ». Quelques-uns sont restés pour poursuivre l’extraction de l’or de la région.
“Sous Stalin il y avait ici de nombreux camps entourés de miradors et de de barbelés » dit Ivan Panikarov, un journaliste local, « Mais aujourd’hui Kolyma n’est plus qu’un grand camp, sans barbelés, mais d’où l’on ne s’échappe pas. »
La route de Kolyma aujourd’hui
De nos jours, cette route qui maintenant mène de nulle part à rien du tout est jalonnée de villages abandonnés qui furent autrefois des goulags.
La plupart de l’année la route reste couverte de neige ou de boue, et est l’une des plus dangereuse au monde. Paradoxalement, la route est plus sûre en hiver qu’au printemps. Avec la fonte des neiges la route se couvre de boue et d’arbres morts, et les ponts formés par la glace sur les rivières disparaissent.
La Route de Kolyma est dangereuse et compte chaque année des dizaines d’accidents.
On y croise des ours, il y a des tiques, on y trouve des villages fantômes comme celui de Kadykchan ou encore le Goulag Dneprovsky, l’un des rares camps présentant encore quelques ruines, le reste ayant été démantelé avant la chute de l’URSS.
Kolyma toute entière est un monument du passé. Sans or ni esclave pour les goulags, la région serait encore une vaste étendue vide. Chaque ville ou village a autrefois été un camp de travail. On en retrouve quelques vestiges, mais la ‘Route des os’ révèle plus d’hommages aux récentes victimes d’accidents de la route qu’aux dizaines de milliers de prisonniers qui y ont péri en la construisant.
Seule une croix en bord de route pleure les morts, tandis qu’une colossale statue appelée « Le Masque de la Tristesse » (en russe Маска скорби) surplombe le port de Magadan ou les barges débarquaient leurs lots de prisonniers pour leur dernier voyage dans le nord.
Magadan
Magadan est une ville de 90,000 habitants, fondée en 1930 comme un grand centre de transit de prisonniers envoyés vers les camps de travail de la région. Après la dissolution des camps de travail à la mort de Stalin, certains prisonniers sont restés dans la région, rejoints par des travailleurs salariés venus poursuivre l’extraction des ressources naturelles.
Sur une colline surplombant la ville, sur le site d’un ancien camp de transit, on trouve le Masque de la Tristesse, un mémorial dédié aux prisonniers qui ont souffert et sont morts dans les goulags. C’est un modeste monument aux 900,000 travailleurs forcés et aux 140,000 hommes et femmes qui sont mort ici. Son existence revêt cependant une importance significative dans une région qui tente d’oublier cette période de l’histoire. Les larmes de ses visages de béton symbolisent les misères de l’emprisonnement.
La Route
En quittant Magadan vers Yakutsk, il faut emprunter la Route de Kolyma, en mémoire au milliers de zeks (prisonniers) morts en la construisant. Les souvenirs des goulags sont présents dans tout ce que l’on croise le long de la route. Gardez en mémoire que vous marchez/roulez sur des os.
Sinegorie (синегорье)
Sinegorie, est une ville de 3,000 habitants fondée dans les années 1970 pour loger les ouvrier de l’usine hydroélectrique de Kolyma.
Kadykchan (кадыкчан, 63.086388, 147.043387)
Plus une âme ne vit à Kadakchan. Le dernier habitant, qui vivait ici avec ses chiens, est décédé il y a quelques années. La mine n’était plus exploitable et décision a été prise de la fermer. Des habitants sont restés, d’autres sont partis avec un maigre dédommagement. L’eau, le chauffage et l’électricité ont été coupés, des bâtiments ont été détruits. Reste l’école et son gymnase, la Maison de la Culture, le cinéma, des appartements encore remplis d’objets quotidiens, quelques magasins et des centaines voitures abandonnées. Rien d’autre.
Spornaya (Спорная)
Ici l’ancienne ville de béton est resté quasiment intacte après la fermeture de l’usine automobile dans les années 1990.
Café Cuba
Sur la « Route des ossements », il est important de ne pas manquer les stations services et les cafés installés tous les 250 kilomètres. Café Cuba est l’un des ‘centres névralgiques’ de la région. On y rencontre des gens, on y discute du temps, on y échange des nouvelles…
Yakoutie
La Yakoutie, aussi appelée République de Sakha, est une région vaste comme six fois la France, et seulement peuplée d’un million d’habitants. Jusque dans les années 1930, la région était principalement occupée par les Yakouts, qui y vivaient de la chasse, de la pêche et de l’élevage des rennes des chevaux et des vaches. Puis les russes sont venus à la recherche de charbon, d’or et de diamants. Le chamanisme et l’animisme y est encore très présent, et les habitants font toujours des offrandes à la Déesse de la Terre et au Dieu du Feu.
Oymyakon le Pole Froid
Après Café Cuba, la Route de Kolyma traverse une forêt de pins. Seule une portion de l’ancienne route est encore utilisée, jusqu’au village de Tomtor. Après la route devient inutilisable. Sur le chemin de Tomtor, on passe par Oymyakon (оймякон, 63.464527, 142.789074), ou au cours de l’hiver 1933 un record de température de -71,2°C a été enregistré. C’est le Pôle Froid, l’endroit habité le plus froid au monde. Oymyakon est entouré de montagnes qui garde le village gelé. Toutefois quelques rares habitants, moins de 500, continuent à se battre contre les éléments et à y vivre.
Tomtor (Томтор, 63.263554, 143.209144)
A Tomtor (en russe : Томтор), la vie est dure. On y vit encore de l’élevage des rennes et des chevaux, de chasse et pêche et de cueillette. Peu à peu, le « tourisme blanc » s’y développe. La vie y est très chère. Le temps que les produits arrivent dans un endroit si reculé, ils coûtent deux à trois fois plus qu’à Moscou. Sans eau courante, il faut trouver une source qui ne gèle pas, ou à l’automne couper de gros blocs de glace que l’on fait fondre dès que l’on a besoin d’eau.
A Tomtor on trouve le Musée de la Littérature du Goulag de Maria Boyarova.
Yakutsk, capitale de la République de Sakha
Sur le marché au poisson de Yakutsk, par -32°C, on entend des “Zharko!” (“It’s warm today!”). Les poissons gelés y sont droit et raides comme des baguettes.
Que faire à Magadan et dans le Far Est Russe ?
La saison durant laquelle vous choisissez de visiter Magadan importe beaucoup. Le meilleur moment pour visiter la région est l’été ou le début de l’automne.
Notre automne est incroyablement beau. Les collines vertes deviennent jaunes et rouges; elles semblent parsemées de feu et d’or. Cela peut être comparé à la beauté des cerisiers en fleurs au Japon
Vera Smirnova, directrice du Complexe de Musées de Magadan.
Magadan et la Kolyma offrent un potentiel touristique très varié. Une nature intacte, une histoire unique, un mélange de cultures et de traditions, et une activité culturelle variée sont autant d’opportunités touristiques. Plusieurs agences de voyage proposent plus de 20 excursions dans la région, et la ville de Magadan dispose de 13 hôtels, hostels, et chambres d’hôtes avec plus de 706 lits.
Magadan, le Saint-Pétersbourg de l’Extrême-Orient. “Magadan est un petit Leningrad” (ancien nom de Saint-Pétersbourg), écrivait Farley Mowat, un écrivain canadien qui a exploré la Kolyma soviétique à la fin des années 1960.
En effet, les deux villes ont certaines choses en commun, en plus d’être situées à la même latitude. Les autorités qui ont construit Magadan ont accordé une grande attention à l’architecture. Construite dans les années 1930, les bâtiments du centre historique ont été érigés dans le style Empire Stalinien, qui comprend des éléments de style baroque. Dans le centre de Magadan, on peut s’imaginer son apparence au XXème siècle, quand les prisonniers des goulags luttaient contre le climat impitoyable pour faire sortir la ville du permafrost.
Les musées de Magadan
Le Musée Régional d’Histoire Locale de Magadan présente des collections consacrées à l’histoire des goulags et de la répression stalinienne a travers une collection de plus de 5,000 peintures, dessins, sculptures, et ouvrage artisanaux, mais aussi à l’histoire naturelle de la région et à la vie et à l’histoire des populations indigènes de l’Extrême-Orient, les Evenks, les Tchouktches…
Le Musée d’Histoire Naturelle expose la plus ancienne substance du système solaire, le Pallasite Omolon datant de 5.7 milliards d’années, ainsi que la plus grande météorite ferreuse de Russie, la Bilibino, qui pèse près d’une tonne.
D’autres musées sont tout aussi intéressants comme le musée commémoratif Vadim Kozine. Kozine était un célèbre chanteur soviétique des années 1930 tombé en disgrâce et envoyé à la Kolyma. Il y est resté après sa libération et y a vécu avant de mourir de mourir dans les années 1990. Son appartement est probablement l’un des endroits les plus “soviétiques” au monde.
Tourisme vert
Une nature entre mer et collines. Pour les amateurs d’activités extérieures, Magadan a le privilège unique d’un ’royaume naturel primitif’ avec ses remparts de glace à couper le souffle, ses falaises rocheuses, ses chutes d’eau, ses baies ses criques et ses vallées, ses rapides, ses montagnes de pins ou encore ses plages de sable fin… La nature de Kolyma est exceptionnellement riche et variée et permet de découvrir des plantes et des animaux uniques.
Des edelweiss et des rhododendron y fleurissent au côté de lin rose. Des écureuils, des écureuils volants, des lièvres, des rennes, des élans, des renards, des des belettes, des carcajous et des ours peuplent la taïga. Côté ornithologique, on y trouve des cormorans de Béring, des guillemots ou encore des macareux
La région de Magadan est pleine d’endroit cachés et secrets qui attendent d’être explorés et feront des expériences et des photos extraordinaires.
A une trentaine de kilomètres de la ville, la Passe d’Arman est une colline coiffée de mystérieuses structures aux blocs rocheux de différents tons. Ces mystérieux mégalithes excitent les esprits des observateurs de ce miracle de la nature.
La “couronne de pierres” est une attraction naturelle unique, une formation rocheuse dont le pic ressemble à une couronne. On la voit depuis la baie de Nagaïev. On y profite d’un panorama imprenable sur Magadan et la baie.
Pour accéder à la mer, 5 à 10 minutes de marche depuis le centre ville le long de la rue Portovaya ou de la rue Nagaevskaya mènent la baie de Nagaïev. Trop froide pour s’y baigner, même en été, il fait bon y profiter du soleil et de la brise.
Le Cap Niouklia offre un paysage incroyablement pittoresque fait d’une longue étendue de sable fin sur la Mer d’Okhotsk.
Sports d’hiver
L’un des sports les plus populaires à Magadan est le ski. La saison dure d’Octobre à Juillet. Les camps de sports sont partout dans et à l’extérieur de la ville. Les parcours de ski traversent les endroits les plus pittoresques et leurs longueurs et leurs niveaux de difficulté sont adaptés à tous. Il est possible de faire du ski alpin et du snowboard sur les collines qui entourent la ville. Ski, snowboard, luge ou patinage sont des activités sportives fréquentes dans la région.
Des agences proposent également des excursions ‘extrêmes’ en moto-neige
Rafting et randonnée
Il est possible de faire du rafting sur le fleuve Kolyma ou de s’aventurer dans des randonnées à travers la beauté naturelle et intacte de la région, notamment vers les origines sacrées et glacées du Lac Mac Mac, ou l’on trouve des reliques présentes depuis des millions d’années.
Plongée, pêche et chasse
La plongée devient une activité de plus en plus populaire pour découvrir le monde sous marin de la Mer d’Okhotsk.
La faune de forêts qui entourent Magadan est très riche et diversifiée. Selon les saisons les amateurs de gibier peuvent chasser canards, oies, élans, rennes, et même des ours. Les eaux de la région regorgent de saumons, de truites, de flets et de flétans, de crabes de de crevettes… On y pratique aussi une activité plus exotique, la chasse sous marine à des profondeurs allant jusqu’à 40 mètres.
Évènements
La région rassemble plus de 80 nations et nationalités. Son mélange des cultures, des traditions et des fêtes nationales donne aux touristes la chance de découvrir de nombreuses légendes et histoires locales et d’y célébrer de nombreux événements. Les Nuits Polaires de Magadan, le Nouvel An de Juin (Hebdenek), le Festival de l’Amitié, la Fête Baltique de la Mi-été, le Jour des Pêcheurs… sont autant d’évènements hauts en couleurs qui ne laissent personne indifférent.
Tourisme économique à Magadan et sur la Kolyma
La Foire Internationale de l’Investissement de Magadan est organisée annuellement depuis 2014. L’évènement a pour objectif de développer les investissements dans la région. Elle accueille des entreprises de la région et du monde entier proposant des projets, des technologies, des concepts, des produits et des services. C’est une opportunité de rencontrer des investisseurs potentiels et d’évaluer les opportunités économiques de Kolyma.
Littérature sur la Kolyma
Pour ce rendre bien compte de ce qu’était la Kolyma il suffit de lire les récits de ceux qui y étaient et qui ont survécu.
Les deux plus connus sont Varlam Chalamov et Evguenia Guinzbourg.
Merci, il sera intéressant de faire un article complet sur le ressentiment des « russes » vis-à-vis de cette période de leur histoire (y compris en se basant sur votre expérience personelle), car il y a beaucoup de speculation sur ce sujet en Europe.
Bonjour, c’est un sujet très intéressant, actuel et très difficile à traiter. Pouvez-vous développer quand vous dites « spéculation » SVP ?
Oui : certains comparent Poutine à Staline, d’ autre considèrent au contraire que la Russie actuelle est relativement démocratique. Certains disent que le pouvoir réhabilite Staline, d autres leurs retorquent que ce méme pouvoir ouvre des mémoriales aux victimes de la repression et à Soljénitsine en faisant même entré ce dernier au programme scolaire et en glorifiant le tsar Nicolas 2… ; certains disent que Poutine veut refaire l URSS, d autres qu il veut refaire l empire d avant … des paradoxes comme cela: on n arrive pas très bien à voir la politique mémorielle de l état, c est comme si chacun fait quelque chose de son côté et à sa guise (pouvoir locale, régionale, centrale, association, le peuple lui même …).
P.S: je connais les sondages, mais c est plutôt selon l’ expérience personnelle de l expatrié et des ses contacts qui aurait été intéressante pour savoir le point de vue russe sur le sujet. C’ est trés difficile pour un étranger hors de Russie de cerner le point de vue des russes sur leurs 20éme siécle, ou alors les russes ont eux même une certaine schyzophrénie vis à vis de ce siécle : je n arrive pas à voir la position du peuple sur ce sujet (à moins qu ils n y en a pas une de consolider) 🙂