Le Palais Stroganov (en russe : Строгановский дворец) à Saint-Pétersbourg a été créé par le plus grand architecte du XVIIIe siècle, Francesco Rastrelli. Le bâtiment est situé en plein centre de la capitale du Nord – à l’intersection du quai de la Moïka et la perspective Nevski. Le palais Stroganov est un exemple du baroque russe, qui a atteint son apogée sous le règne d’Élisabeth I.
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Info pratique
Adresse
Nevsky prospekt 17, Saint-Pétersbourg
Horaires en 2021
Ouvert tous les jours de 10h à 18h sauf le jeudi de 13h à 21h. Fermé le mardi.
Tarifs 2021
500 RUB le billet complet
250 RUB pour les étudiants et les retraités
Gratuit pour les enfants de moins de 16 ans
Site internet
Billetterie ici
Histoire du palais Stroganov à Saint-Pétersbourg
Le Palais Stroganov avait au début deux bâtiments : une petite maison près du pont Vert et un deuxième bâtiment en forme de la lettre « L ». Propriété du tailleur Jean Neumann, ils ont été conçus par l’architecte Mikhaïl Zemtsov.
En 1742, ces sites ont été achetés par le baron Sergueï Stroganov. Pour la construction du Palais, il invita Francesco Rastrelli, l’architecte de la cour de l’impératrice Élisabeth I. En deux ans de 1753 à 1754 le nouveau bâtiment devint la maison-mère des barons Stroganov.
L’héritier du trône, le prince Paul Ier est né le 19 septembre 1754. A cette occasion, Sergueï Stroganov organisa un grand bal pour faire plaisir à l’impératrice. Cet évènement en l’honneur du futur Tsar se transforma en une présentation du Palais Stroganov.
Le projet du baron eu un tel succès qu’on retrouva la nouvelle dans les journaux européens. C’était la première fois en Russie qu’un architecte de la cour créa un bâtiment pour un particulier.
Reconstructions du Palais Stroganov
Sergueï Stroganov y habita deux ans avant de mourir. Son héritier, son fils unique Alexandre est le plus célèbre de la famille Stroganov car collectionneur et mécène. Selon le poète C. Batiouchkov, le comte Alexandre Stroganov était « un patron éclairé et un ami des sciences et des arts ».
Au milieu des années 1780, Il commence la reconstruction du Palais avec l’aide des architectes Andreï Voronikhine et Fiodor Demertsov. Leur majeure contribution est représentée par la salle Hubert Robert, le cabinet minéralogique, la galerie d’art, l’escalier d’honneur, le petit salon et la salle à manger principale.
En 1818, certains intérieurs du bâtiment dans les parties sud et ouest ont été reconstruits par l’élève d’Andreï Voronikhine, l’architecte Ivan Kolodin. En 1820, la décoration de l’enfilade du bâtiment ouest est faite par Carlo Rossi. Puis en 1842, Piotr Sadovnikov a créé le bâtiment sud, dont les façades ont été « copiées » des bâtiments du XVIIIe siècle.
Les salles du bâtiment ouest ont de nouveau été reconstruites dans les années 1860, probablement par l’architecte Mikhaïl Makarov. C’est surtout le Grand salon qui a été magnifiquement décoré.
Le seul intérieur conservé conçu par Rastrelli est la grande salle du palais Stroganov. Tous les autres locaux ont été reconstruits plus tard.
Origine du Bœuf Stroganov
Le palais Stroganov était célèbre pour ses dîners ouverts dans la cour intérieure. Un jour, le chef cuisinier français André Dupont réalisa une recette de fricassée de bœuf en lui donnant le nom de son maître. Dans son édition de 1871, le livre de cuisine russe « Cadeau aux jeunes maîtresses de maison » d’Elena Ivanovna Molokhovets mentionne pour la première fois la recette.
Après la révolution
En 1917, tous les Stroganov quittent la Russie, le bâtiment est nationalisé et la collection est transférée dans différents musées du pays. En 1988, le Palais Stroganov est devenu une filiale du Musée russe.
La restauration totale du palais a pris 20 ans. Vous pouvez maintenant admirer les décors et l’architecture qu’ont voulu les Stroganov.
Décoration extérieure du Palais Stroganov
Francesco Rastrelli a construit un palais à trois étages en forme de « L ». Ses façades donnant sur la Moïka et la perspective Nevski ont été décorées dans le style italien avec d’élégants chambranles, des colonnes et des sculptures.
La partie centrale de la façade du côté de la perspective Nevski est particulièrement intéressante. Vous pouvez y voir les cariatides qui sont des sculptures de figures féminines mais aussi les armoiries des Stroganov représenté par deux zibelines tenant dans leurs pattes un bouclier avec une tête d’ours.
La composition des armoiries reflète l’origine et les loisirs de la famille Stroganov : commerçants et manufacturiers russes, originaires des paysans de Poméranie et de Novgorod.
Des médaillons au profil masculin sont placés dans les murs entre les fenêtres du bâtiment. Certain disent que c’est une image en relief du comte Sergueï Stroganov et d’autres penchent plutôt pour le portrait de Rastrelli lui-même.
Intérieurs du Palais Stroganov
Les Salles de cérémonie sont situées au deuxième étage et sont accessibles par l’Escalier d’honneur.
Escalier d’honneur
Créé en 1754 par Francesco Rastrelli, l’escalier d’honneur est richement décoré de moulures en stuc, de marbre et de balustrades en fer doré.
À la fin du XVIIIe siècle, Andrey Voronikhine reconstruit l’escalier d’honneur dans un style plus classique. Quatre colonnes doriques, rappelant les temples antiques, soutenaient des volées des marches en granit.
L’intérieur de l’escalier d’honneur a été de nouveau modifié dans les années 1830 par les architectes Joseph Charlemagne et Piotr Sadovnikov. Les peintures du plafond créent alors l’illusion que le ciel est visible à travers l’ouverture. Elles ont été découvertes par hasard lors de l’entretien.
Nouvelle antichambre
L’exposition principale commence par la nouvelle antichambre réalisée par Andrey Voronikhine. Au centre de la salle se trouve une sculpture de Mikhaïl Kozlovsky « Minerve et le Génie des Arts ». L’impératrice est représentée à l’image de la déesse de la sagesse, et le génie des arts est prêt à noter les noms de ceux qui méritent de recevoir une couronne de laurier de ses mains.
Grande salle
La Grande salle, créée par Rastrelli, est intéressante pour sa décoration luxueuse.
Ici, vous verrez un magnifique plafond « Le Triomphe du héros », dont l’auteur est le peintre et décorateur italien Giuseppe Valeriani. Au centre de la composition se trouve Minerve, la déesse de la sagesse. Hermès est un messager des dieux olympiques qui transmettent au personnage principal (Alexandre Stroganov) des instructions et un souhait de construire un temple à Saint-Pétersbourg (on sous-entend la Cathédrale Notre-Dame-de-Kazan). Un cadre oblique sculpté entoure la toile.
À titre informatif, Alexandre Stroganov avait un rapport direct à la construction de la Cathédrale Notre-Dame-de-Kazan. Il proposa à Paul Ier son projet et son architecte, Andrey Voronikhine. Stroganov a consacré presque les 10 dernières années de sa vie à la construction de ce temple.
Salle de la cheminée en chêne
L’intérieur actuel de la salle remonte à la fin du XIXe siècle. La décoration du bureau est dédiée aux loisirs du comte, qui aimait la chasse à courre et possédait plusieurs haras.
Dans ce cabinet avec une cheminée en chêne, on peut voir des sculptures et des peintures d’animaux (Nicolas Swertschkoff, Artemiy Ober, Rudolf Frentz et d’autres maîtres). La cheminée en chêne est décorée du tableau « Epagneul breton » de Karl Knappe et d’un motif décoratif avec les armoiries de la famille Stroganov en forme de lettre « S ».
Salle grecque
La salle grecque a été reconstruite par les propriétaires quatre fois et conserve plusieurs couches historiques. Initialement, cet espace était un salon de passage, dont l’intérieur a été réalisé par Rastrelli. Puis Andrey Voronikhine a reconstruit cette pièce en salle de réception pour Sophie Stroganova. Dans les années 1840, Piotr Sadovnikov a refait la salle grecque dans le style classique pour Elizaveta Stroganova (née Saltykova), fille de Pavel Stroganov et de Sophie Stroganova. Du marbre jaune et des bas-reliefs en style pseudo-grec ont été utilisés ce qui lui donna son nom.
Dans la salle grecque, on peut voir une cheminée en marbre avec des guirlandes et des cupidons. Sur le mur il y a un portrait de Sergueï Stroganov réalisé par Constantin Makovski. Les bustes d’Andreï Voronikhine et de sa femme Marie ont été réalisés par Alexeï Voronikhin, le neveu de l’architecte. Après avoir traversé la salle grecque, on peut entrer dans les grand et petit bureaux de la comtesse Sophie Stroganova, épouse de Pavel Stroganov.
Grand et petit bureau de la comtesse
Le Grand bureau de la comtesse Sophie Stroganova ressemble plus à une petite galerie d’art. Il expose des peintures liées aux événements de la guerre napoléonienne. Le peintre Vladimir Moshkov a reconstitué dans son tableau la bataille de Leipzig, à laquelle cinq Stroganov ont participé.
De l’autre côté de la salle se trouve le tableau de Polidor Babayev « L’exploit du grenadier du Régiment finlandais de la Garde Leonti Korennoï près de Leipzig ». Le héros, blessé 18 fois, a été capturé, mais a été libéré après avoir été présenté à l’empereur français.
Dans la guerre contre Napoléon, Sophie a perdu son mari et son fils.
Le Petit bureau porte le nom de petite bibliothèque. Il a été décoré par Andrey Voronikhine en 1804, et plus tard, en 1818, par l’architecte Ivan Kolodin.
Andreï Voronikhine a présenté cette salle comme un petit temple antique avec une fausse voûte cylindrique profonde remplie de rosaces. Kolodin a fait de nouvelles colonnes corinthiennes à partir de marbre artificiel et des pilastres.
Un bas-relief intéressant a été conservé sous le plafond. Il représente Ivan le Terrible donnant de l’eau potable un simple soldat blessé pendant le siège de Kazan. Sous le bas-relief, derrière les colonnes, on trouve un vase présenté au comte Stroganov par des membres de la Commission pour la construction de la cathédrale de Kazan en mémoire de l’achèvement des travaux.
En retournant dans la salle grecque, on peut passer dans le grand salon.
Grand salon
Le grand salon est une pièce claire dont l’intérieur a été restauré à partir de photographies de l’album de la famille Stroganov. Cette salle est devenue une illustration de l’atmosphère luxueuse et éclectique qui caractérisait l’époque.
En 1804, Andrey Voronikhine a inclus le grand salon dans l’ensemble des intérieurs de cérémonie. C’est Piotr Sadovnikov qui a effectué le deuxième changement en la décorant dans le style classicisme. La soie lyonnaise de couleur crème aux fleurs est devenue la décoration principale du grand salon. Ce tissu était utilisé à la fois pour la décoration des murs, le recouvrement des meubles et la draperie des fenêtres et des portes. Des plantes, des sculptures, des horloges murales dans le style rococo et des groupes de porcelaine complètent l’intérieur.
La dernière modification du grand salon a été faite dans les années 1870, probablement par l’architecte M. Makarov. La soie blanche couverte de fleurs encadrait les cadres dorés, rappelant l’époque Rastrelli. L’intérieur est complété par une élégante cheminée en marbre rouge, décorée de plaques bleues et blanches, dont la principale représente le mariage de Cupidon et Psyché.
Au centre du grand salon, il y a une sculpture « Fidélité » de Giosuè Meli. Le sculpteur représente un enfant endormi et un chien qui attrape le serpent.
Petit salon
L’intérieur du petit salon donne une idée du travail de Andreï Voronikhine à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle. Les murs sont recouverts de marbre artificiel aux couleurs chaudes. Des miroirs sont installés dans la cloison entre les fenêtres et au-dessus de la cheminée, ce qui élargit l’espace de la salle.
Ici vous pouvez ressentir l’intention d’Andreï Voronikhin d’imiter les modèles grecs et romains.
Au-dessus des portes en acajou avec des masques dorés de lion, il y a des bas-reliefs à motifs floraux et la tête de la Gorgone. La partie supérieure des murs du petit salon attire l’attention – ce sont des lunettes qui contiennent des compositions en relief représentant des sujets des « Métamorphoses » d’Ovide.
Salle à manger principale
En 1794, Andreï Voronikhine a décoré la salle à manger principale. On suppose qu’elle a remplacé la Galerie des Glaces de Rastrelli qui n’a pas survécu jusqu’à notre époque. Apparemment, l’admiration pour le talent de son prédécesseur a incité Voronikhine à laisser l’ancien effet décoratif. Le centre du mur, en face des fenêtres donnant sur la perspective Nevski, était occupé par de grands miroirs avec des semi-lampes superposées.
Voronikhine y a utilisé la méthode française, mais l’a reproduite avec une vraie ampleur russe. Des miroirs solides d’une superficie de 12 mètres carrés ont été utilisés pour donner un effet de gigantisme.
Ancienne antichambre et Salle de Hubert Robert
Les deux salles suivantes accueillent l’exposition permanente « Empire russe ». Des objets d’art décoratif et appliqué de l’époque d’Alexandre Ier y sont exposés.
Salon Arabesque
En 1859, dans le bâtiment nord à côté de la galerie d’art on a aménagé le salon arabesque et les bureaux pour le comte Stroganov, qui est revenu vivre à Saint-Pétersbourg.
Des copies des fresques grotesques de Raphaël au Vatican ont été utilisées dans la conception du salon arabesque. Des copies de la villa de Cicéron ont été placées sur les dessus-de-porte.
Cabinet minéralogique
Le Cabinet minéralogique avait une riche collection de livres appartenant au comte Stroganov et une collection de minéraux.
Andreï Voronikhine a créé un espace à deux niveaux avec un plafond couvert de peintures qui crée l’illusion d’un dôme. L’auteur de la peinture est Pietro Gonzaga. Grâce à cette technique, le troisième étage illusoire « apparaît ». Le premier niveau est décoré de quatre lunettes (ouvertures cintrées) avec des sculptures représentant les quatre éléments. L’allégorie principale est la « Terre », représentant l’image de la déesse Cybèle avec une couronne héraldique sur la tête. L’auteur voyait Catherine II dans son apparence.
Galerie d’art
Le palais Stroganov était célèbre pour sa galerie d’art, décorée par Andreï Voronikhine. Il y avait une collection de peintures d’artistes célèbres comme Sandro Botticelli, Agnolo Bronzino, Antoine van Dyck, Claude Lorrain, Rembrandt ou Rubens.
Alexandre Stroganov a acquis de nombreuses œuvres dans les années 1770 lors d’une vente aux enchères à Paris. Le comte a soigneusement réfléchi comment placer les peintures et les sculptures dans la galerie d’art. Devenu président de l’Académie des Beaux-Arts en 1800, il a invité des étudiants dans sa galerie pour copier des œuvres célèbres.
Jusqu’en 1917, toutes les peintures sont restées aux mêmes endroits. La menace de la prise de Petrograd par les troupes allemandes a fait retirer la plupart des toiles. De nombreux tableaux ont été envoyés à Moscou. Et même si en 1919 la galerie a été partiellement restaurée, elle n’a plus rien à voir avec le concept original.
À l’époque soviétique, le Palais Stroganov était occupé par des organisations étatiques, et certains locaux étaient utilisés comme appartements. Pendant ce temps, de nombreux éléments de la décoration ont été perdus. En 2012, la Galerie d’art a été reconstituée et remplie d’œuvres contemporaines aux Stroganov.
Super article! Merci de nous faire rêver de retourner en Russie quand ce sera possible 👍
Merci Arnaud, quand tu veux on se prend un bonne bière à Moscou.
Donc ce devrait s’appeler le boeuf Duponov…)
MDR Exactement !
L’article donne envie de le visiter lors d’un prochain voyage en Russie. Continuer a nous faire rêver.
Merci François, n’hésitez pas à nous contacter lors de votre prochain voyage. Au plaisir.