Vallée de Karakol

La vallée de Karakol est un des sites les plus authentiques de l’Altaï russe. Sa population totale est d’environ sept cents personnes, presque toutes d’origine altaïenne. Il constitue l’un des épicentres ethnographiques, historiques de la République d’Altaï et un lieu véritablement sacré que les habitants défendent activement contre toute influence pouvant en altérer sa pureté. En cela, n’allez pas la comparer à la région de Tchemal, de Mangerok ou même d’Artybach vers lesquels nombres de familles iront retrouver les appâts des stations touristiques. Ici, vous ne verrez pas de grandes affiches publicitaires, de magasins divers ou d’attractions bruyantes. Sa population, tout en étant hospitalière, veille au respect des lieux sacrés, de leurs croyances anciennes, et à la pureté et à la beauté de la nature. Du coup, on sent ici une ambiance particulière, qui ne manquera pas de séduire ceux qui attendent de leur voyage autre chose qu’un commerce rutilant attendant leur venue. Ici, on viendra chercher une expérience, une émotion particulière, dans le respect des hommes et de leur terre séculaire… Et on ne sera pas déçu.

Temps de lecture estimé : 15 minutes

Carte de votre itinéraire dans la vallée de Karakol

La réserve naturelle « Ouch-Enmek »

Il s’agit d’une combe de trois kilomètres de large et qui longe la rivière Karakol. Elle est protégée de tous côtés par de hautes montagnes, où différentes époques et civilisations se sont croisées il y a plusieurs milliers d’années. On y trouve un ensemble archéologique exceptionnel constituant aujourd’hui la réserve naturelle « Ouch-Enmek » qui comprend trois villages : Karakol (Bitchiktou-Boom), Bootchi, Koulada. La réserve d’Outch-Enmek a pris le nom du massif qui la domine. En langue turk, « Ouch » signifie « trois» et « enmek » « le sommet ». En effet, la montagne Outch-Enmek a trois sommets, dont le plus élevé atteint une altitude de 2821 m. La vallée Outch-Enmek a été classée « réserve naturelle régionale » en 2001.

La réserve comporte un centre d’hébergement à son image, – un hôtel où règne une atmosphère vraiment particulière. C’est sans doute le lieu où vous pourrez le plus facilement faire connaissance avec d’autres voyageurs, russes, altaïens ou d’autres nationalités… même français ! Et il y a de grandes chances que ces voyageurs aient les mêmes intérêts que vous, étant donné que le tourisme de masse ne choisit pas ce type de destination.

À l’extérieur, vous trouverez un camp de yourtes et, plus loin, quelques ayïls. Il s’agit d’un habitat traditionnel d’Altaï, en bois, qui peut avoir une forme équivalente à une yourte, ou à celle d’un tipi amérindien. Il est à noter que les ayïls sont antérieurs à l’invention de la yourte qui, suite à la découverte du feutre, et à son grand pouvoir isolant, a permis de transformer les lourds ayïls en habitations transportables et passer de l’élevage sédentaire à l’élevage semi-nomade, beaucoup plus performant. C’est dans l’un de ces ayïls que vous pourrez prendre vos repas et même, après réservation ou à l’initiative de votre guide, que vous pourrez déguster un repas traditionnel. Il est même possible de le faire en compagnie d’un Kaï-Tchi, un chanteur de gorge qui vous fera entendre tout un panel d’instruments de musique traditionnels.

Les pétroglyphes de la vallée de Karakol

La visite de la vallée de Karakol nécessite la présence d’un guide local qui vous fera découvrir les secrets de la vallée et leur signification. Comme les altaïens respectent les cycles de la lune, la visite pourra varier. Certains monuments archéologiques qui sont liés à des cultes particuliers ne sont pas visitables pendant la période de lune descendante.

La vallée recèle un des complexes archéologiques les plus riches d’Altaï, principalement par les nombreux pétroglyphes de Bitchiktou-Boom et les kourgans (tumulus sibérien). Au total, environ cinq mille monuments culturels, historiques et archéologiques différents ont été découverts dans les environs, qu’il s’agisse de pétroglyphes, de balbales (petite statue de l’époque türque), de stèles ou de dalles d’autels rituels. Elles proviennent de cultures anciennes telles que les cultures karakol-afanasieviennes (entre le 3ème et le Ier millénaire avant J..C), scythes (VIe au IIIe siècle avant J.C.), türques (début de notre ère) – le tout dans un somptueux massif montagneux.

Des peintures sur roche remarquablement bien conservées, réalisées avec des pigments minéraux, ont aussi été découvertes sans qu’on n’ait pu trouver d’équivalent dans le reste de l’Altaï. Bien que les peintures n’utilisent que trois couleurs – le noir, le blanc et le rouge – elles sont frappantes par la richesse et la variété de leurs tons.

Des monuments à la dimension symbolique forte

On connaît la pratique des peuples altaïens à laisser sur les lieux sacrés des offrandes. C’est le cas des caïrns de pierres empilées, que l’on trouve dans certains endroits d’Altaï, et c’est surtout le cas des dialamas, ces rubans accrochés généralement aux branches des arbres, que les locaux appellent « rubans kyïra ». Mais à Karakol il semble que les habitants aient décidé de laisser aussi d’autres marques symboliques, porteuses de messages spécifiques.

La première se découvrira sur la gauche, après avoir traversé la rivière Karakol. On y voit un arbre orné de dialamas, quelques bancs permettant un petit moment de recueillement, et surtout, un gros bloc de quartz blanc. Au début des années 2000 vivait dans la vallée un très puissant chaman, du nom d’Arjan. Il y avait toujours des files d’attente pour venir le consulter. De nombreuses personnes venaient lui demander aide et conseil depuis tous les coins du pays, et même de l’étranger. Et Arjan prévoyait un afflux de gens dans l’avenir, prémonition du tourisme futur. C’est pourquoi il emprunta ce gros quartz à l’un des kourgans scythes de la vallée pour l’installer ici. Et c’est alors qu’il le consacra. On sait que le quartz est un minéral qui a une mémoire. Arjan le chargea de son énergie et permit ainsi à tous ceux qui y poseraient leurs paumes de pouvoir recevoir l’effet bénéfique de son pouvoir chamanique.

Le second monument se trouvera au bord de la route qui traverse la vallée. Il s’agit d’une balbale géante, entendons par là une copie de ces nombreux monuments que l’on trouve partout en Altaï, mais aussi dans tous les pays marqués par la culture türque. Elles datent du début de notre ère, et étaient érigées à l’honneur du souvenir d’un guerrier défunt. Selon leur taille, elles définissaient le pouvoir et la fortune de celui qu’elles honoraient. Il y avait autrefois des balbales dans la vallée, mais les archéologues s’en sont appropriés… Le monument que l’on apercevra au début de la vallée a été érigé ici pour commémorer toutes les statues prélevées dans l’Altaï par les archéologues et désormais conservées dans de nombreux musées. Il est vrai qu’on puisse regretter parfois qu’elles aient quitté leur lieu d’origine….

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Enfin, le troisième monument s’appelle « L’enfant au souslik ». Il s’agit de la sculpture d’un enfant tenant un petit animal sur ses genoux. On le trouve en escaladant un sentier et quelques marches sur la droite de la route. Le souslik, ou spermophile, est aussi appelé écureuil terrestre. Bien que plus petit que la marmotte, il fait penser à elle lorsqu’il se met droit sur ses pattes arrière. La sculpture a été installée en 2017 à la demande des générations ayant survécu à la famine des années de guerre. Les hommes étant tous partis à la guerre, personne n’était capable d’aller chasser le gros bétail. Seul le souslik pouvait être chassé par les enfants ou les femmes. Et c’est grâce à lui que la communauté a pu survivre. C’est pourquoi l’auteur de la sculpture, le jeune architecte Amyr Kydyev, a remplacé le visage de l’enfant par un miroir : celui qui regarde la sculpture se verra dans le miroir et pourra penser « Si vous n’aviez pas été là, sousliks, je ne serais peut-être pas là non plus… »

L’un des monuments importants de la vallée de Karakol est le grand kourgan (tumulus) que l’on aperçoit avant le village de Koulada. En 1950, l’archéologue Rudenko en a supervisé la fouille et, à en juger par leur apparence et leur contenu, on peut supposer que ce ne sont pas des membres ordinaires de la culture Pazyryk qui y ont été enterrés ici. On remarque notamment une longue allée de pierres et de stèles qui pouvait conduire à ce monument funéraire. La nature tout autour est d’une grande beauté et, même si les archéologues n’ont laissé qu’un tas de pierres, la visite du grand kourgan ne manquera pas de produire une forte impression.

Un musée des traditions altaïennes

À l’entrée du village de Koulada on aperçoit des figures en bois d’Oumaï-Ene, la divinité protectrice des peuples turcs, et d’un vieil homme de l’Altaï (peut-être une image de Tengri, le père céleste). En 2016, lors de la célébration du 90e anniversaire du village, on a ajouté à proximité les sculptures « Koulada rouge » et « Origine du clan Achina » de Stanislav Tadaevich Urchimaev, maître sculpteur sur bois.

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Koulada a vu naître de nombreux artistes et écrivains célèbres en Russie. L’un de ces hommes célèbres est le Kaï-Tchi Nogon Choumarov, directeur de théâtre et acteur de cinéma, scénariste, compositeur et dramaturge. Certains guides vous permettront de rencontrer cet homme à l’esprit universel, qui fait preuve d’une connaissance étonnante de la France où il est déjà venu se produire. Nogon Choumarov vous rejoindra dans l’Ayïl d’un village de la vallée où vous aurez dégusté un repas typiquement altaïen et vous étonnera par ses talents d’interprète, mais aussi par sa sympathique présence. Selon la disponibilité des uns ou des autres, vous pourrez aussi assister au concert d’un groupe de musique altaïenne, jeunes disciples de Nogon Choumarov, et qui, pendant quelques minutes, vous emporteront dans leur somptueuse magie musicale. En tout cas, ces rencontres au village vous laisseront l’impression d’avoir vécu une expérience incomparable.

Enfin, la visite du musée de Koulada vous permettra de comprendre comme on vit ou vivait dans une maison traditionnelle en Altaï. En effet, sous la forme des deux types d’Ayïl, l’un en forme de yourte, l’autre de tipi pointu, le musée vous permettra de comprendre comment on y vivait et l’usage qu’on faisait des accessoires typiques de ces habitations, du lit d’un nourrisson à un appareil permettant de distiller le lait de jument fermenté. Une visite très agréable assurée par une équipe généreuse et passionnée.

Le lac Arou-Kem

Le lac de montagne sacré Arou Kem, est une autre attraction de la vallée de Karakol. On aime aller le visiter lors de randonnées équestres et de randonnées pédestres le long du versant nord de la chaîne de montagnes Terektinsky. Le lac est très pittoresque, entouré de taïga. L’eau est propre et claire, et atteint la température de 18 degrés en été. En revanche, il faut savoir que le respect des lieux saints impose quelques contraintes. Tout d’abord, la baignade y est interdite. Comme en puiser de l’eau après le coucher du soleil, ce qui risquerait de troubler le repos des esprits du lieu. Aux abords du lac, ainsi que sur l’ensemble du territoire du parc et pour votre grand plaisir, toute activité industrielle et économique est interdite. En langue altaïenne, Arou-Kem se traduit par « lac propre ». On remarquera qu’aucun cours d’eau n’entre et ne sort du lac. Il est alimenté par des sources souterraines et certaines légendes lui attribuent une origine météoritique. Sur le sentier qui contourne le lac, il y a plusieurs points de vue d’où, par temps clair, on peut voir les chaînes majestueuses des montagnes de l’Altaï – Smoultinsky, Nord-Tchouïsky, Katounsky, etc. Aux solstices d’été et d’automne ont lieu sur les rives du lac des rituels chamaniques et c’est pourquoi on est très vigilant à entretenir sa propreté.

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Alcool interdit !

Ce n’est pas insignifiant de le mentionner. Si l’alcool est interdit dans toute la vallée, cela n’est pas sorti d’un banal arrêté communal. Cette interdiction a été prononcée après qu’un mouvement de femmes des trois villages l’ait volontairement sollicité. On sait que l’alcool a un effet désastreux sur certains types ethniques. On le sait autant des autochtones du grand-Est russe que des amérindiens. D’ailleurs, il a été démontré qu’ils appartenaient au même groupe génétique. Le corps de ces peuples autochtones ayant des difficultés à faire disparaître l’alcool dans le sang, l’alcool agit comme un véritable poison. C’est ce qui s’est passé dans la vallée. La dépendance à l’alcool devenait telle que les bergers abandonnaient leurs troupeaux et que la famine s’installait dans les familles. Les femmes ont donc demandé que l’alcool soit interdit dans toute la vallée, permettant de rétablir un équilibre salutaire pour toute la communauté.

On l’a compris, la vallée de Karakol est un lieu à part, un havre de paix et de contemplation. Nous vous conseillons d’y passer la journée, et de déjeuner avec les habitants dans un des ayïls du village. Vous en rapporterez un souvenir inoubliable, un véritable voyage dans le temps.

Koulada, le village des conteurs et ses colonies

On dit que les trois villages de la vallée ont chacun leur spécificité, l’un accueille des hommes économes, l’autre est habitée par des hommes habiles qui excellent dans les taches techniques.

Le parc comprend trois colonies – Bichiktu Boom, Boochi et Kulada.

Le nom Bichiktu Boom se traduit par « falaises de pisse » et se justifie pleinement. À l’entrée du village, se trouvait une dalle avec des écritures runiques, qui a été enlevée en 1973 par le personnel du musée de Gorno-Altaisk et apportée au musée lui-même. On y a également trouvé de nombreux pétroglyphes : un archer turc à pied, un archer à cheval, des cerfs, des chèvres, des chiens et des chevaux.

Le village de Boochi. En Altaï, le mot boochi signifie un col relativement petit, mais long. Après le village de Boochi commence la soi-disant « vallée de la mort » des chefs de Pazyryk. C’est ici que se trouve le plus grand nombre de tumulus inexplorés, qui se distinguent de la masse générale de tous les tumulus de l’Altaï par leur taille. Le village de Kulada (Kuu – « cygne »), qui se trouve à l’extrémité de la combe, est réputé pour être le village des écrivains et des artistes. Il est en effet réputé en Altaï pour ses conteurs, maîtres de chant diphonique (kaï-tchi) et ses poètes.

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