District SibérienRépublique de l'AltaïRoute de la Tchouïa, cinquième plus belle route du monde

Route de la Tchouïa, cinquième plus belle route du monde

Que vous veniez de Novossibirsk, de Barnaoul ou de Gorno-Altaïsk, les trois villes proches pourvues d’un aéroport, vous devrez, pour aller en Altaï, emprunter la R 252, ancienne M52, mais surtout connue sous le nom de route de la Tchouïa. Certains sont allés jusqu’à l’appeler la route nord de la soie. Si l’on entend par là une ancienne voie de communication avec la Chine, cette désignation sera acceptable. Mais ne cherchez pas de la soie dans ces caravanes de chevaux et de chameaux laineux qui, à grand risque, se frayaient un chemin parmi des montagnes quasi infranchissables…

Temps de lecture estimé : 24 minutes

Histoire de la route de la Tchouïa

Aujourd’hui la route est belle, – très très belle pour une route russe. En moins de dix ans elle s’est couverte d’un asphalte bien noir et de lignes-blanches immaculées. Je vous mets au défi d’y trouver une ornière. La route est devenue fédérale et on l’entretien avec grand soin. Dire qu’en 2007 il y avait encore des fragments de piste en pierraille ! Dire que le col de Tchike Taman, en 1980 n’était encore qu’un sentier où deux voitures ne pouvaient se croiser ! Il y a eu beaucoup de travail pour confectionner ce magnifique ruban noir qui descend vers la Mongolie, – oui, mais à quel prix…

Les premiers grands travaux ont commencé en 1893 où la province de Tomsk, capitale de l’époque, a reçu une subvention de 45 000 roubles pour engager les travaux. Rapidement on s’est aperçu qu’il en faudrait 560 milles ! Les marchands vont contribuer, les promesses de bénéfices sont très importantes. On commencera les travaux en 1902 avec 80 000 roubles en poche.

Au départ, le dernier comptoir russe impérial se trouvait dans la petite ville d’Altaïskoe, légèrement à l’ouest de l’axe nord-sud. Et c’est par là qu’on voulait faire passer la voie vers la Mongolie. La route d’Altaïskoe vers le sud, par Saraça, Beloe, Tcherga, existe encore, une piste sinueuse qui traverse quelques hameaux paysans, et que je recommanderai aux personnes venant de Belokourikha. Dépaysement garanti ! Mais justement, pour être une route d’importance, elle est un peu trop sinueuse. En 1914 un certain Chitchkov a l’idée de donner à la route vers le sud son parcours actuel, traversant la ville de Biisk puis frôlant Gorno-Altaïsk, capitale de l’actuelle république d’Altaï. Altaïskoe, abandonnée, va commencer son déclin tandis que Biïsk va connaître un vrai boom économique.

Après une première version impériale qui va vite se déliter, la route va connaître un véritable essor dans les années 30. C’est là qu’elle va véritablement se construire, et comme beaucoup de grands chantiers russes, elle va être une grande ogresse de vies, dévorant les nombreux prisonniers, paysans déclassés qu’on va mettre au travail, arrachant au sol 2,5 millions de m3 de pierre avec des pioches et des pelles… Le résultat est de l’ordre du miracle, et on s’en rendra compte en visitant les anciens fragments de la route. Gloire à tous ceux qui y ont œuvrés, en le payant souvent de leur vie…

Oui, car un article du National Geographic l’a classée cinquième plus belle route du monde ! Mais pourquoi ? D’où tient-elle tant de beauté ?

Ma carte intéractive de la Tchouïa

Musée de la route de Tchouïa à Biïsk

Musée de la route de Tchouïa à Biïsk

Tout d’abord, il faut donner son ampleur : de Novossibirsk à la frontière mongole, on compte 968 kilomètres. Mais nous parlons ici de la M252. En réalité, on a coutume de faire commencer la route de la Tchouïa à Biïsk, – et pourquoi pas au musée qui lui est consacré ? Oui, un bâtiment qui a gagné à être restauré et qui s’élève entre deux routes, à quelques mètres du pont enjambant la rivière Biïa. C’est une belle symbolique : faire une halte au musée (1) pour découvrir l’histoire de la célèbre voie, passer le pont et avoir l’impression que l’aventure commence. Après Biïsk on est en effet dans le vif du sujet : les eaux turquoise de la rivière Katoun, les montagnes qui la bordent, les immeubles qui disparaissent au profit de maisons traditionnelles, les animaux au bord de la route, parfois la traversant, les ciels d’une beauté sans cesse renouvelée et cette impression que tout l’espace est à nous… C’est de cela qu’on est venu vous parler, c’est l’Altaï. Et la route de la Tchouïa, c’est la colonne vertébrale de l’Altaï. Donc, si l’on fait en réalité commencer la route à Biïsk, elle fera 590 kilomètres de long, et c’est ce fragment qui a mérité la cinquième place mondiale des plus belles routes.

Alors pourquoi ? Parce que, à Biïsk, nous sommes encore sur le contrefort de l’Altaï, dans une zone où la Taïga règne toujours. Une zone où l’on peut voir, à la tombée de la nuit, un élan traverser la route ! Peu après Biïsk a lieu la rencontre entre la rivière Biïa, qui vient du lac Teletskoïe, et la rivière Katoun qui fait une grande boucle en République d’Altaï depuis le mont Beloukha, 4500 mètres, où elle prend sa source. On dit qu’à la confluence des deux rivières il y avait autrefois une grande statue d’or érigée par les anciens peuples d’Altaï. On dit que c’est aussi là que les russes ont construit leur premier fortin pour se défendre des Djougars… En tout cas, Katoun et Biïa vont s’unir pour former le plus long fleuve de Sibérie, l’Ob.

Biïsk mérite la visite, et la méritera encore plus à mesure qu’elle continuera à restaurer ses vieux bâtiments. De gros progrès ont déjà été fait. Il en reste encore à faire. Zone interdite pendant l’URSS, quel choc cela a dû être de s’abstraire de l’industrie militaire pour se convertir en cité touristique ! Laissons donc encore du temps à ce vieux Phoenix pour renaître de ses cendres !

Srostki

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On a toujours plaisir, 37 km plus loin, de faire une Halte à l’aire de repos du village de Srostki (2). On peut y découvrir de nombreux produits issus du nord de l’Altaï, du miel surtout, des boissons aux baies de Sibérie, des confitures et des boîtes de toute sorte réalisées en écorce de bouleau gravées ou ciselées. Peu de Français iront visiter le musée de l’Écrivain et réalisateur Vassili Choukchine (3), très connu des Russes mais qui n’a jamais été reçu en France avec de grands honneurs. Il a été pourtant une sorte de néo-réaliste russe, resté toujours très proche des paysans de son village natal, Srostki.

Gorno-Altaïsk, la capitale

La prochaine étape (à 62 km) sera bien sûr Gorno-Altaïsk, qui méritera quelques kilomètres de crochet. C’est là qu’il faudra absolument visiter son musée national de l’Altaï du nom d’Anokhine, un incontournable de l’Altaï ! Les mercredi et les dimanche matin des jours de lune montante (eh oui, nous sommes en terre chamanique…) on pourra y contempler cette fascinante momie de la princesse des glaces, ou Princesse d’Oukok (4). La princesse scythe est, pour les Altaïens, une grande chamane. Son aspect correspond à la grande chamane de leurs légendes et on la vénère comme un personnage sacré. Pas question donc de la laisser sans cesse sous des regards irrévérencieux. Il faudra se contenter d’environ cinq visites par mois. Mais quelle émotion de découvrir ses magnifiques tatouages du plus pur style sibérien, un style amélioré pendant des millénaires et que les scythes ont porté à la perfection. On pourra aussi s’émouvoir de la beauté de ses vêtements.

tchouïa princesse altaï

De très belles reconstitutions permettent de contempler les splendeurs que le sol d’Altaï a su garder. En effet, plusieurs tumulus de la période dite de Pazyryk ont été noyés d’eau qui s’est transformée rapidement en glace. Et cette glace, par un phénomène local n’a jamais fondu, permettant une conservation exceptionnelle de tous les objets organiques enfouis sous le tumulus. Tapis, étoffes, et même les offrandes aux morts : viande, laitages, céréales, instruments de musique !!! Et l’or bien sûr ! Lorsqu’il n’a pas été pillé ! Le musée est une véritable insertion dans ces terres chamaniques et les différents peuples qui les ont habitées, trouvant refuge dans ces montagnes difficilement accessibles.

Mangerok

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Reprenons la route. Nous rejoignons le lit de la Katoun que nous allons suivre jusqu’à l’embouchure avec la route de la Tchouïa (35 km), la route qui mène à Tchemal. La couleur de la Katoun varie selon les saisons. C’est de juillet à l’hiver qu’elle a sa plus belle teinte, un turquoise un peu laiteux qui parfois est d’une rare beauté. La république d’Altaï ne connaît pas l’industrie. Très faiblement peuplée, plus on avance vers le sud, plus elle devient pure et dédaigneuse de la civilisation. On appréciera en chemin une halte à Mangerok (5). Un lieu de villégiature concurrent de Tchemal. Et si le temps le permet, on pourra monter sur le mont Malaya Sinioukha par télésiège, qui nous permettra d’observer une magnifique vallée où s’alignent lacs et cours de la Katoun. En haut, on pourra même aller consulter un néo-chaman qui, dans un ayïl, sorte de tipi en bois, vous soumettra au son du tambour géant. Pour comprendre son interprétation de votre « voyage », il vous faudra bien sûr connaître la langue russe ou un bon interprète…

Mangerok propose aussi un couloir de rapides qui ravira les amateurs de rafting. Savez-vous que toute la Russie connaît Mangerok sans savoir où cela se trouve ? C’est grâce à une chanson d’Edita Piekha qui a fait connaître ce nom dans toute la Russie des années 60. Raison certainement pour laquelle un festival de chanson a lieu ici fin septembre, invitant les derniers touristes de la saison à écouter ceux qu’on appelle ici des bardes.

La source d’Arjan Souou

Un peu plus loin vous pourrez faire une halte à la source d’argent, Arjan Souou (6), où de nombreux dialamas (rubans offerts aux divinités locales) vous feront un éloge des pouvoirs curatifs de ses eaux.

La vallée de Tchemal

Avant le franchissement de la Katoun, vous pouvez bifurquer à gauche pour aller visiter la vallée de Tchemal (7) soit environ 80 km aller-retours. Vous y verrez encore plus de paysage époustouflant dont la fameuse île de Patmos (8). Si vous êtes motivés, vous pouvez pousser jusqu’à la vallée des esprits des montagnes (10).

Lorsque vous allez franchir le cours de la Katoun qui vous quitte en remontant son cours vers l’Est, vous allez ressentir soudain un vrai changement : le nombre de voitures diminue, les enseignes, les bases de loisirs disparaissent. On entre dans l’Altaï intime, secret, majestueux. Et vont s’imposer les raisons qui font que cette route est si belle. C’est que ses paysages ne vont pas cesser de changer. La taïga est oubliée. Maintenant les montagnes sont partout et elles sont encore couvertes de pins et de mélèzes. Plus loin, les montagnes vont devenir de plus en plus chauves, de couleur rougeâtre, toujours de taille moyenne. Et puis, encore plus loin, surgiront des crêtes alpines couvertes de neiges éternelles, puis des steppes, puis ces monts arrondis qui annonceront la Mongolie. Une variété qui fera que vous ne cesserez de vous étonner, jusqu’à ce qu’un troupeau de chameau surgisse, et là vous saurez que la Mongolie est toute proche…

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Col de Seminsky

Mais auparavant il faudra franchir deux cols. Le premier arrive bientôt (140 km), c’est le plus haut et c’est aussi le plus froid. C’est le col Seminsky (11) qui culmine à 1 717 m d’altitude. Souvent, il neige ici quand il fait beau ailleurs. Même l’été un petit gilet apportera son confort. Une promenade vers la forêt de pins un peu plus haut vous étonnera par ces masses de Dialamas blancs accrochées aux branches. Au retour, c’est l’endroit où vous pourrez acheter de très beaux produits venus de Mongolie, vêtements chauds en laines diverses et délicates, miels d’altitude, infusions et élixirs à base de plante.

Encore quelques kilomètres et vous aurez peut-être envie, et ce sera très sage, de faire une halte dans la vallée de Karakol, un lieu incontournable dont on reparlera. Vous pouvez passer la nuit dans l’hôtel de la réserve Outch-Enmek où l’on se met souvent à discuter avec des inconnus, Français ou non ! Un endroit très sympa.

Tchouïa Col de Seminsky

Vous êtes au cœur de l’Altaï russe. Ici, les habitants sont fidèles à des traditions bien ancrées, avec des systèmes de clans familiaux, une langue turcique et des chants de gorge interprétés par des kaï Tchi, aussi prestigieux personnages que les chamans… De plus en plus, vous verrez des animaux traverser la route, des vaches, des chevaux. Pas d’enclos ici, les vaches sont libres, et les chevaux ont les jambes liées entre elles, afin qu’ils ne s’éloignent pas trop. On remarque aussi de nouveaux types de constructions qui ressemblent à des yourtes en bois, avec six côtés. C’est aussi une variété d’Ayïls et elles sont antérieures à l’invention de la yourte. C’est là que les altaïens cuisinent et mangent l’été. C’est peut-être ce que vous avez fait si vous avez passé la nuit à Outch-Enmek.

Vous longez maintenant la rivière Oursoul (33 km plus bas). Beaucoup de campings sur le bord de la route dans cette magnifique vallée. C’est un endroit idéal où les amoureux pourraient planter leur tente. Nul doute que la soirée au bord d’un feu et la nuit sous les étoiles seront féeriques…

Col de Tchike-Taman

Vient ensuite le second à 50 km et peut-être dernier col que vous aurez à franchir, à moins que vous n’alliez jusqu’en Mongolie. Il s’agit ici du col de Tchike-Taman (12) dont le sommet est à 1 295 m. C’est le dernier gros œuvre de la route de la Tchouïa. Commencé en 1903, il n’a pas cessé d’être revu, dévié, reconstruit.

D’abord en 1925, pour arriver à un état stationnaire en 1934. Mais c’est en 1984 qu’il a fini par prendre sa forme actuelle, avec ses vallées imposantes de part et d’autre, ses longues courbes élégantes, une très belle réussite. Arrêt obligatoire. D’abord, vous remonterez une allée bordée de boutiques en bois. Il y a des découvertes à faire, des bonnes affaires aussi. N’hésitez pas à marchander gentiment. Surtout si vous décidez d’acheter de magnifiques toques de fourrure en plusieurs exemplaires ! Tout en haut de l’allée, un premier promontoire sur la vallée, c’est un des plus beaux panoramas à faire en chemin. Et puis vous pourrez continuer sur la gauche pour aller voir des fragments de l’ancienne route et la vallée sud. Un moment agréable et fort utile pour se détendre les jambes. Vous êtes déjà à 310 km de Biïsk…

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Malyï Yaloman, Ininsky & Tchouï-Oozy

Après Tchike-Taman les paysages vont encore changer et vont peu à peu passer au sublime… À Malyï Yaloman (13), juste avant le village, il faudra s’arrêter pour contempler une sublime courbe de la Katoun qui vient de rejoindre notre route. On pourra s’arrêter en septembre pour acheter les délicieuses pommes, une spécialité locale. Après quelques kilomètres, on découvrira les trois stèles en pierre d’Ininsky (14) datant de 3000 ans avant JC dont l’une fait plus de quatre mètres de haut.

Et, à l’entrée du village d’Aya, un arrêt juste après le pont sur la Katoun permettra d’aller voir un superbe vieux pont suspendu en bois qui permettra d’imaginer à quoi ressemblait la route de la Tchouïa avant les immenses travaux qui lui ont donné sa forme actuelle.

Encore quelques petits kilomètres et on s’arrêtera encore pour découvrir un autre lieu sacré de l’Altaï, la confluence des rivières Tchouïa et Katoun, que les habitants appellent « Tchouï-Oozy » (15). Les eaux de l’une ont cette belle couleur turquoise, les eaux de l’autre une couleur plus chargée de terre après tous les rapides qui constituent ce torrent. Les dialamas et les innombrables caïrns de pierres empilées indiquent le culte que vouent les Altaïens à cet endroit. La promenade d’une centaine de mètres, où le minéral sert d’écrin au lit des rivières, permettra une contemplation profonde.

Les pétroglyphes de Kalbak Tach

Tchouïa Kalbak Tach

Mais les surprises ne sont pas réservées qu’aux beautés géologiques. Encore quelques kilomètres et l’on se garera sur un parking, à gauche, pour aller contempler un merveilleux monument laissés par les hommes de la préhistoire. La visite de Kalbak Tach (16) est indispensable. Pour quelques roubles, vous aurez droit à un guide qui vous expliquera la signification de ces quelques 2000 pétroglyphes laissés par plus de trois mille ans d’histoire. Que ce soient les hommes de la culture Andronovo (- 2000 avJC), qui parlaient une des premières langues indo-européennes, ou les Scythes (- 600 AvJC), ou encore les peuples Türks du début de notre ère, auxquels appartenaient les Huns, tous ces peuples ont laissé une trace de leur présence, chacun avec des styles de gravure différents. Il est évident que ce lieu unissait culte et échanges commerciaux. Les plus fabuleux pétroglyphes ressemblent à un mur d’autel, présentant des hommes qui font penser à des extraterrestres tandis qu’un immense monstre semble une allégorie de la mort. Un lieu qui vous fera rêver à ces mystérieux mondes anciens et que les récits de votre guide nourriront d’histoires fascinantes…

Tchibit

Nous consacrerons un chapitre spécial à la région de Tchibit (17) que la route de la Tchouïa a maintenant atteinte. C’est un carrefour important puisqu’il permet de prendre la route qui mènera à la vallée de Tchoulychman puis au sud du lac Teletskoïe. On pourrait l’emprunter juste pour aller découvrir la jolie Porte Rouge, du fait de la présence de cinabre dans ses roches, à 8 kilomètres sur la route d’Oulagan.

Lac Geyser

Mais on pourra se contenter, si l’on ne veut pas quitter la route de la Tchouïa, d’une visite au plus mystérieux des lacs, le lac Geyser (18). L’œil de la terre… Un lac à l’eau d’une pureté absolue qui laisse voir ses profondeurs où se dessinent incessamment des cercles d’argiles blanches, comme sous la main d’un dieu artiste infatigable. Sa visite est un véritable enchantement, d’ailleurs une Baba Yaga vous y attend et vous comprendrez que vous êtes vraiment entrés dans le territoire des contes.

Tchouïa Lac Geyser

Steppes de Kouraï

Le paysage va encore changer considérablement. Vous entrez dans la steppe de Kouraï (19), un bassin entre les montagnes d’environ 20 km de large. À droite de la route, au loin, vous verrez surgir les crètes blanches du massif Nord-Tchouïsky. Vous savez maintenant à qui la route a emprunté son nom : à un massif de montagnes où la rivière Tchouïa prend sa source. Eh bien, entre la steppe et les crêtes aux neiges éternelles, vous êtes dans la zone la plus troublante de la route, et ceux qui aiment le peintre Roerich ne manqueront pas d’y songer… Un peu plus loin les montagnes, maintenant complétement chauves, ont pris une couleur rouge qui vous font sentir que la Mongolie n’est plus très loin.

Après un virage, vous allez remarquer un amalgame de petites constructions étranges, peintes d’un bleu turquoise et recouvertes de pieux se terminant par des croissants de lune. Il s’agit de cimetières kazakhes, de religion musulmane, qui ne manquent pas d’exotisme. En effet, à la fin du XIXe, des tributs kazakhes ont demandé asile aux Altaïens locaux que l’on appelle les Télengites, et y sont venus avec leurs yourtes et leurs troupeaux.

Tchouïa steppes

Weclome to Mars

Tchouïa Mars

Vous suivez le lit de la rivière Tchouïa. Après avoir longé ce qu’on appelle « Les montagnes rouges », vous allez voir un petit pont sur la droite. Vous êtes arrivés vers Mars. On appelle comme cela l’un des plus spectaculaires phénomènes géologiques de la région ! Il faudra traverser le village de Tchagan-Ouzoun et continuer sur une piste moyennement bonne en longeant la rivière du même nom. Et là, vous arriverez à ce qu’on appelle Mars (21) tellement le paysage semble surgit d’une autre planète. Quelques massifs de roche ont en effet des couleurs allant du rouge au vert, en passant par des nuances de jaunes éclatants.

Pour quelques roubles, vous aurez le droit de traverser le ruisseau et de gravir ce tableau coloré où vous ne manquerez pas de fixer d’inoubliables photographies. Il faut compter quelques heures de visite, et on pourra suivre encore le lit de la rivière, à pied cette fois, pour aller voir La Patte du Dragon, une autre fantaisie polychrome inventés par les Dieux locaux ! En route vous passerez devant une ancienne mine de mercure qui semble vomir une lave de roche aux couleurs tout aussi intéressantes. Une petite promenade que vous ne serez pas prêts d’oublier !

Koch-Agatch

Prochaine étape : Koch-Agatch. C’est par là que reçoit l’un des derniers chamans authentiques d’Altaï. Là encore vous devrez parler le russe car qui supporterait qu’un interprète vous traduise les révélations sur votre intimité des esprits ! La ville de Koch-Agatch (22) est annoncée par un nouveau type de troupeaux, celui des chameaux de Mongolie ! C’est eux qui offrent leur laine pour les vêtements les plus chauds, toutefois un peu moins délicat que la laine de cachemire, une autre spécialité de la région et surtout de la Mongolie toute proche. D’ailleurs, vous ne manquerez pas de faire étape au marché du centre de Koch-Agatch où on fait les meilleures affaires pour tout ce qui vient de Mongolie, cuir, laines et fourrures. Nous sommes ici à un carrefour qui permet de prendre les routes menant vers le plateau d’Oukok (23), où, rappelons-nous, a été découverte la princesse des glaces. Un haut lieu pour les randonnées. D’ailleurs, vous pourrez passer la nuit dans l’hôtel de la réserve nationale où vous pourrez solliciter des visites des lieux les plus rares de la réserve.

Vous êtes ici dans une terre où la préhistoire a laissé beaucoup de traces. Par exemple, dans le bassin de la rivière Elangash, près du village d’Ortolyk (24), se trouve un complexe de pétroglyphes remarquable, des deux côtés de la rivière, avec plus de 30 000 gravures ! Elles représentent principalement des scènes de chasse et peuvent être vues sur 18 km dans une bande pouvant atteindre 1,5 km de large. Une immense chronique en pierre, qui raconte la vision du monde oubliée des habitants des montagnes d’Altaï. Bientôt, cet immense bestiaire appartiendra à la première réserve pétroglyphique de Russie !

Koch-Agatch Tchouïa

Une décision un Tchouïa difficile

Cette fois, il ne reste plus beaucoup de temps avant d’arriver à la frontière mongole. D’ailleurs, géographiquement, on y est déjà. Ces montagnes basses, arrondies et rougeâtres, sont déjà celles de la Mongolie. Quelques marécages asséchés font apparaître en surface la poudre blanche du sel. Ici, les cultures sont rares, les peuples qui y vivent sont des descendants de nomades pour qui la viande était la source principale d’alimentation. D’ailleurs, deux petits musées à proximité de la route vous permettront de découvrir, l’un la culture des Telenguites, peuple natif, l’autre la culture des Kazakhes (25) ayant intégré l’Altaï au XIXe siècle. On pourra même vous convier à un repas typiquement kazakhe dans la yourte reconstituée du musée !

Maintenant, il faudra prendre une grave décision : ou bien revenir en arrière, ou bien traverser le miroir et entrer en Mongolie après avoir traversé le col Dourbet-Daba (26). Mais ce sera une autre histoire…

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En groupe

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4.9/5 - (55 votes)

3 COMMENTAIRES

  1. Bonjour,

    j’espère que tout va bien pour vous et pour la Russie. J’avais envisagé de partir en Russie et dans l’Atlas avant le « Covid », projet remis…

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