Beaucoup sont surpris lorsqu’on leur apprend que Novossibirsk compte plus d’un million habitants, ce qui la hisse à la troisième place des villes de Russie, ce qui en fait la capitale culturelle de la partie orientale de la Russie, qui compte la Sibérie et l’Extrême-Orient Russe.
Elle fut un village qui s’appelait Novonikolaïev. En cela, elle n’a jamais perdu son préfixe « Novo », qui veut dire « nouveau », et qui reflète sa qualité de ville créée à l’occasion de la conquête de l’Est du continent par les Russes. Pour ce qui est du « Nikolaïev », il viendrait d’un certain Nicolaï Tchoudotvorets qui aurait été un saint guérisseur, une qualité d’un grand recours pour les voyageurs de l’époque. Eh oui, il fallait faire un très long voyage à l’époque pour arriver à Novonikolaïev, un voyage qui risquait bien de laisser quelques traumatismes, d’où l’importance d’un guérisseur…
En tout cas, c’est le train qui a propulsé la ville à la troisième place fédérale, et tout cela grâce à un pont et une gare… En 1883 le train atteint Novonikolaïev qui devient à l’occasion Novossibirsk, « la nouvelle Sibérie ». Dès lors, tout s’accélère, la ville se développe à partir de presque rien. On construit des avenues, des comptoirs, et notamment une très belle Halle, en 1910, vers la place du marché, qui s’appelait place Larmarotchnaïa, et qui est devenue, après la révolution, la conventionnelle place Lénine.
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Une gare en guise de porte d’entrée
Novossibirsk est née grâce à un pont et une gare. Le pont qui devait traverser le cours du fleuve Ob, perpendiculaire à la voie ferrée du transsibérien. Et la gare qui permettait à la plus longue ligne de chemin de fer du monde de faire escale au centre de la Sibérie. Et voici comment un village est devenu la troisième ville de Russie en moins d’un siècle…
On imagine donc bien que la conception de la gare ait exigé une architecture à la hauteur de son importance. Et en effet, pendant toute la période d’avant-guerre elle a été la plus grande gare d’URSS. Elle reste encore aujourd’hui l’une des plus grandes gares de Russie.
Sa conception ne s’est pas faite sans difficultés. 45 projets ont été présentés après l’appel d’offre de 1929 et 12 ont été primés. C’est un certain N. G. Volochinov qui a finalement été retenu mais bien vite son projet a été critiqué. La gare a finalement été construite entre 1932 et 1939. Le 25 janvier 1939, la Commission d’État la mettait en service. Pendant la construction, les architectes A.I. Loskutov, M.P. Klekovkin, B.P. Saveliev, I.S. Persikov, K.I. Mitin, Ya.E. Kuznetsov, A.D. Kryachkov ont participé à l’élaboration de nombreux éléments, intérieurs et façades, sous la supervision générale de B.A. Gordeev, S.P. Turguenev et B.A. Bitkin.
Et il faut avouer que c’est une belle réussite. Heureux sont ceux qui arriveront à Novossibirsk par ce bâtiment ! Ou en repartiront d’ailleurs, pourquoi ne pas mélanger les plaisirs ! Un mix entre le train et l’avion pour l’aller à Novossibirsk ou le retour vers Moscou peut-être une excellente idée, mêlant la rapidité des airs et charme discret du contact avec la terre. Un charme d’ailleurs à l’hommage duquel les écrivains Christian Garcin et Gaby Viel ont consacré un livre : Travelling, un tour du monde sans avion, où ils décrivent leur escale à Novossibirsk.
Les verts et les blancs de la longue façade sont du plus bel effet, et la tourelle à gauche, presqu’un minaret, a quelque chose d’asiatique et en même temps de très cohérent avec le néoclassicisme des plus beaux bâtiments de la ville. De plus, entre 1997 et 2000 il a fait l’objet d’une très belle restauration, ajoutant encore des matériaux nobles tels que le granit, le marbre et même, pour l’encadrement des fenêtres, du bois de chêne, un bois précieux pour la Sibérie ! Les différents salons intérieurs offrent une majesté qui n’a rien à envier au métro moscovite. Les plafonds avec des fresques, les immenses luminaires art-déco, et les sols de marbre sont un ravissement pour les yeux. Étant donné la relativement modeste fréquentation, depuis que l’aéroport – qui lui ne cesse de s’agrandir – lui a volé l’exclusivité, ces vastes salles d’attentes, avec des plantes vertes et de vastes fenêtres noyant les bois et les marbres, – tout cela offre maintenant un luxe inattendu dans une gare.
Donc, que vous soyez un heureux voyageur du transsibérien ou non, ne manquez pas d’aller visiter ce magnifique monument d’histoire. Ensuite, vous pourrez emprunter l’avenue magistrale qui vous conduira au cœur de la ville, la place Lénine.
Musées et bâtiments emblématiques de Novossibirsk
Musée régional des traditions locales
Merveilleusement placé, entre l’avenue magistrale venant de la gare, le grand théâtre de ballet, et le square du premier mai (Pervomaïskyï skver), se trouve le musée régional des traditions locales. Il a été fondé en 1920 et installé dans un bâtiment construit par l’architecte Andreï Kryachkov, une grande Halle de style Art Nouveau. Il présente au sous-sol une exposition permanente sur l’artisanat et les coutumes des peuples autochtones de Sibérie. Le rez-de-chaussée est consacré à l’histoire de la région de Novossibirsk et le premier étage aux expositions temporaires.
L’exposition du rez-de-chaussée est une combinaison d’archéologie et d’ethnographie. On y voit des artefacts anciens, notamment de la préhistoire, et des objets du passé récent témoignant du développement de l’artisanat et des métiers, de l’agriculture et de l’élevage, de la vie nomade et de l’art militaire. Le tout est agencé d’une manière vivante et les pièces spacieuses et hautes de plafond se prêtent magnifiquement à une visite agréable et aérée. Des chasseurs cueilleurs, en passant par les peuples nomades et leur technologie de cavaliers guerriers, en passant par les costumes de chamanes, nul doute que cette vision de l’Asie d’avant les Russes ne manquera pas d’intéresser les visiteurs.
Ensuite on verra ce que nous ont laissé les Cosaques, lesquels ont permis à l’empire russe de faire rentrer la Sibérie dans son giron. On découvrira les équipements authentiques des soldats russes ayant conquis la future région de Novossibirsk sur le Khanat de Sibérie. On verra de véritables flèches des XVIe et XVIIIe siècles, des haches de combat, de casques de fer et même une cotte de mailles avec une entaille due à une frappe.
Et puis on s’étonnera, au rez-de-chaussée, de découvrir des objets de la vie populaire russe, dont une magnifique collection de samovars et d’objets usuels de très belle facture.
L’hiver, sur un espace du square du premier mai placé à l’extrémité sud de la Halle du musée, a lieu un concours fédéral de sculpture sur neige. Des équipes de sculpteurs de toute la Russie viennent transformer le bloc de neige qui leur est attribué en sculpture. Le résultat est véritablement fascinant. Trois jours suffiront à transformer ces blocs en des fragments d’imaginaire, les uns issus des traditions populaires, les autres sortis des plus fertiles inspirations.
La chapelle du centre de l’Empire
En sortant du musée des traditions locales, on découvrira sur la perspective Rouge (Krasnyï Prospekt) une petite chapelle construite par les Romanov en 1913 à l’occasion des trois-cents ans de leur dynastie familiale. Selon les Romanov, cette chapelle était l’épicentre de l’Empire russe, depuis l’Est de la Sibérie jusqu’à l’Ouest de la Pologne et de la Finlande. Quand on sait ce qu’il y a à l’Ouest, et qu’on se dit qu’il en reste autant à l’Est, alors, oui, il y avait de quoi être fier d’un si grand empire. Mais voilà, on sait aujourd’hui que les empires ne sont pas immortels… Pourtant, la chapelle, elle, a été reconstruite…
Le plus grand théâtre de ballet de Russie
Le constructivisme n’est pas un terme très commun en France. En revanche tout le monde connaît l’Art Déco. Eh bien il faut savoir que c’est tout d’abord la même époque, les années 30, mais aussi que malgré la distance géographique et idéologique, il y a un lien très fort entre les deux styles. Bien sûr, l’économie communiste n’a pas permis de donner au mobilier du constructivisme la même variété et les mêmes finitions que dans l’Art Déco bourgeois de l’entre-deux guerres en France. Mais leur lien de parenté est évident, et certains bâtiments constructivistes sont de véritables perles d’architecture.
Le fleuron de cet architecture constructiviste est sans aucun doute l’opéra ballet de la ville.
Le théâtre d’opéra et de ballet de Novossibirsk (NOVAT) est la fierté non seulement de la ville, mais aussi de toute la région sibérienne. Le bâtiment est facilement reconnaissable à sa grande coupole et à ses colonnes. Il est reconnu comme le plus grand bâtiment de théâtre du pays, plus grand que le Bolchoï de Moscou ! Après sa rénovation en 2005, la qualité de théâtre le mieux équipé de Russie a été ajouté à son premier titre. Il vient d’être à nouveau restauré et il est vraiment le joyau de la ville.
La construction a commencé en 1931 et s’est terminée en 1941. Dans une ville qui comprenait surtout des maisons à un seul étage, l’apparition d’un bâtiment d’une telle monumentalité a été un événement incroyable. La première représentation qui y fut donnée en 1945 a été l’opéra Ivan Soussanine de Mikaël Glinka. Mais avant son ouverture, il a servi à accueillir toute la collection de l’Hermitage, afin d’éviter que les Nazis puissent piller la collection. On dit d’ailleurs qu’une galerie souterraine relie le théâtre à la gare, ce qui aurait sécurisé le transfert des œuvres à l’occasion de ce déménagement de circonstance. Mais personne n’en est totalement sûr…
Le bâtiment est constitué d’un ensemble de six parties : des rectangles, des carrés, un hémicycle pour accueillir l’arrière-scène et le grand cercle de la coupole. En effet, la structure principale du bâtiment est un grand dôme surmonté d’une coupole de 60 m de diamètre et de 35 m de hauteur – une construction unique sans contre-châssis ni colonnes, qui se soutient elle-même. L’épaisseur moyenne de la coupole est de 8 cm, et son rapport épaisseur/rayon est inférieur à celui d’un œuf de poule !
1449 spectateurs peuvent se loger devant la scène et vont bénéficier d’une acoustique exceptionnelle. Les spectacles qui s’y déroulent sont réalisés par la compagnie du théâtre, alimentée par une école académique de danse et le troisième conservatoire supérieur de Russie. Ajoutez à cela des coûts de salaires avantageux en Russie, des performances techniques remarquables au service de décors somptueux – et vous aurez tous les ingrédients pour une alchimie artistique époustouflante ! Le tout accordé à un prix modique. Ce qui en fait un passage obligé si vous séjournez quelques jours dans la ville !
L’été, la façade du bâtiment est mise en valeur par des parterres de fleurs du plus bel effet. On aura plaisir à se mettre à l’ombre sous les bosquets parfumés du parc qui fait face à l’Opéra. L’hiver, c’est le même petit parc qui reçoit la majorité des décorations festives de la ville. Le résultat est une magie inoubliable dont les habitants profitent largement. Ils sont nombreux à y venir pendant tout l’hiver, se lançant même sur la patinoire installée devant l’entrée du théâtre. C’est donc l’endroit à ne pas manquer de la ville, d’autant plus que la rue Lénine, face au théâtre, est la rue des cafés et des restaurants. Dommage qu’elle ait perdu depuis deux ans le statut piétonnier qu’elle avait pendant les fêtes auparavant. Espérons que le génie des dirigeants de la ville convertira rapidement la rue Lénine en rue piétonne, un statut qui lui revient légitimement et qui permetta à Novossibirsk d’accéder à un vrai statut de ville moderne !
Maison Lénine
Si l’on a envie de se faire une petite promenade à pied dans la ville, on choisira de descendre la perspective rouge (Krasnyï Prospekt) en direction du sud, et donc, aussi, en direction des rives de la rivière Ob. Le premier bâtiment d’importance que l’on croisera, depuis la place Lénine, est justement la Maison de Lénine (Dom Lenina). Ce bâtiment, financé par les salariés eux-mêmes, lesquels ont donné quelques jours de leur salaire pour la construction du bâtiment, devait être un hommage au leader de la révolution et aussi un lieu pédagogique où apprendre le léninisme. Il a été conçu par l’architecte M. Goulyaev pour qui ce bâtiment devait donner une idée non pas de « l’excès et de l’élégance inutile », mais de « la simplicité significative, charmante dans sa grandeur expressive ». Grandeur expressive qui l’avait conduit à y placer une salle pouvant accueillir 3000 personnes !
Restauré en 1944, La Maison de Lénine s’est vu retirer une partie des hommages au grand homme pour devenir un centre de concert et un lieu d’activités culturelles et idéologiques. Aujourd’hui il est une dépendance du centre polyphonique consacrée à la musique de chambre.
La maison à l’horloge
C’est l’un des ensembles constructivistes les plus remarquables de la ville. Le bâtiment judicieusement placé au-dessus de la côte venant du niveau du fleuve offre trois corps de bâtiments, deux placés en angle droit et le troisième ornant l’angle des deux autres. L’un des bâtiments offre une façade d’habitation avec des balcons en saillie, tandis que l’autre présente des bandes de vitrages derrière lesquels se trouvent des couloirs de circulation intérieurs. Le bloc le plus étonnant est celui qui joint les deux autres et qui réunit la saillie de très beaux balcons d’angle avec une bande vitrée verticale qui est le couloir de l’ascenseur. C’est au-dessus de ce bloc en saillie que se trouvent deux horloges, placées symétriquement de part et d’autre de l’angle du bâtiment, sur une partie frontale dépassant la hauteur des deux autres corps du bâtiment. Il s’ensuit un mélange harmonieux et original de formes symétriques, un assemblage ingénieux de carrés et de lignes, mélangeant les matériaux, le béton, le métal et le verre.
Un bâtiment d’une grande modernité, construit entre 1931 et 1934 et conçu par un groupe d’architectes, Boris Gordeev et Sergueï Tourgueniev, pour le compte du service d’approvisionnement régional de la ville. L’ingénieur Nikolaï Nikitin, auteur de la tour de télévision Ostankino, a participé à la construction de l’édifice.
L’Immeuble aux Cent Appartements (Stokvartirovo doma)
Je me souviens d’une visite de la ville dans laquelle la guide-interprète nous disait : « Ce bâtiment a été construit pour y loger les aristocrates qui travaillaient pour l’administration régionale, dont le bâtiment se trouvait juste à côté. » Sachant qu’on était dans les années 30, c’est-à-dire au début du stalinisme, cette utilisation du mot « aristocrate » est assez surprenante, mais tout le monde sait ici que le régime communiste avait son élite et, en fait, son « aristocratie ». En tout cas, cet ensemble impressionnant est une très belle réussite. Il a été conçu par l’architecte Andreï Kryachkov assisté par l’architecte Maslennikov et construit entre 1934 et 1937.
À l’automne 1937 se tient, à Paris, l’Exposition Internationale d’Art et de Technologie, et l’Immeuble aux Cent Appartements reçoit une médaille d’or (les architectes ne l’ont jamais vue), le grand prix et un diplôme de 1er degré. A la question « Dans quel style l’Immeuble aux 100 Appartements a-t-il été construit ? », l’architecte avait répondu : « dans un néoclassicisme français ». En effet, on voit que A. D. Kryachkov a été influencé par les techniques de composition des maisons résidentielles françaises, comme celles construites par Auguste Perret, un célèbre architecte français, (voir par exemple, la maison de la rue Renoir à Paris qui mériterait d’ailleurs une petite rénovation) …
En tout cas, on avait ici le top d’habitation au centre-ville : de hautes pièces isolées du froid et du bruit des voitures, une crèche et maternelle au rez-de-chaussée, et des appartements pour loger le personnel domestique. Heureux qui travaillait à l’administration régionale ! Mais heureux aussi ceux qui peuvent encore contempler ce très beau bâtiment, avec ce petit jardin qui lui fait face et où la sculpture de l’architecte est une digne récompense à son talent et un très bel ornement de ce palais soviétique !
Le musée des Beaux-Arts de Novossibirsk
Juste en face l’Immeuble aux Cent Appartements se trouve un autre bâtiment monumental, conçu lui-aussi par l’architecte Andreï Kryachkov et terminé en 1925. Il était destiné au Comité exécutif régional des Soviets de Sibérie, ce qui lui a certainement valu cette allure un peu austère. Sa coupole en effet lui donne plutôt l’aspect d’un massif de sous-marin ou de tourelle de char que de la coupole d’un palais. La couleur grise ne fait qu’augmenter cette allure militaire mais quelques fresques en bas-reliefs rappelant l’Art Nouveau allège quelque peu la lourdeur de l’édifice. Car il s’avère que le bâtiment accueille le musée des Beaux-arts de Novossibirsk, un haut lieu culturel et un des centres d’intérêts de la ville !
L’intérieur du bâtiment, que les russes appellent aussi « Cibrevkom », n’a plus du tout la raideur de l’extérieur. Spacieux, avec de larges couloirs desservant de grandes salles d’expositions lumineuses, il est le bâtiment idéal pour un musée des Beaux-Arts sibériens ! Ses hauts plafonds sont tout à fait propices à l’exposition d’œuvres monumentales et le musée se visite agréablement, présentant une collection tout à fait intéressante.
On y trouve une belle collection d’œuvres russes, une collection de 8000 tableaux comportant des œuvres de Répine, Vasnetslov, Chichkine, Kramskoï, Sourikov, Brullov. En outre, elle propose ce que beaucoup de visiteurs français viendront rechercher en Sibérie, et qu’ils ne trouveront qu’ici : une collection d’une soixantaine d’originaux de Roerich. Il existe au moins deux autres musées Roerich en Sibérie, mais le seul à présenter des originaux, c’est le musée des Beaux-Arts de Novossibirsk. On y verra aussi une belle collection de Nicolaï Gritsouk (1922-1976). Mais surtout on ne se lassera pas de découvrir quelques petits maîtres sibériens qui nous dévoilent une Sibérie que l’on a envie de voir sous le pinceau d’un peintre. Car bien sûr, si l’on est venu en Sibérie, ce n’est pas pour voir des œuvres de grands peintres russes déjà très présents dans les musées des capitales, mais quelques raretés au charme mystérieux. La visite de ce musée sera, à cet égard, une belle révélation.
Un château d’eau constructiviste
On trouvera d’autres bâtiments de style constructiviste le long de la perspective Rouge (Krasnyï Prospekt), et si l’on a la passion de l’architecture, on pourra demander à un guide d’organiser une visite du petit musée situé dans l’école d’architecture qui se trouve sur la gauche du théâtre de ballet, au 38 de la perspective Rouge.
Mais nous avons choisi pour terminer la visite de nous intéresser à un ouvrage original, qu’il faudra chercher un peu : le château d’eau de la rive gauche de l’Ob. Situé près de la place Marx, terminus du métro, son architecture est de style constructiviste néoclassique.
Dans les années 1920, Novossibirsk a connu un développement économique rapide. En conséquence, les quartiers de la rive gauche ont été intégrés à la ville, pour constituer un nouveau quartier que l’on a nommé Zaobskaya. Il a été rebaptisé Kirov en 1934. En 1939, un énorme château d’eau a été construit sur l’un des points les plus élevés de la rive gauche afin de la desservir en eau. Le château d’eau alimentait également une entreprise de construction mécanique (aujourd’hui l’usine Sibselmach).
Lorsque les maisons se sont élevées autour d’elle, le quartier a été appelé de la Tour. Au milieu du XXème siècle, avec le développement du réseau de distribution d’eau, le château d’eau est devenu inutile et a cessé son activité. Dans les années 1980, la tour est finalement tombée en ruine, et son intérieur a été transformé en décharge. En 1985, les autorités ont retrouvé la raison et l’ont transformé en club de jeunes. En 1998, le bâtiment a été confié à la société de télévision indépendante « d’opposition » NTN-4, qui est restée dans ses murs jusqu’en 2005. Depuis lors, la tour est vide et, depuis 2014, à la recherche d’un nouveau propriétaire.
Comme pour de nombreux sites, il existe des légendes urbaines et des contes associés au château d’eau. On dit, par exemple, qu’une jeune fille s’est autrefois noyée dans la cuve et que son fantôme erre encore dans les escaliers. Hélas, vous ne pourrez pas frémir en sa présence car l’accès à l’intérieur du bâtiment est condamné…
Voilà pour un tour rapide de la ville. Mais rien ne vous empêche d’en parcourir les rues à pied ou en bus, l’application 2GIS vous aidera pour cela. Il faut savoir qu’une des caractéristiques de la ville est de permettre de marcher en évitant le bruit et la pollution des avenues en coupant à travers les innombrables cours de la ville. En cela l’application 2GIS, ou Yandex Maps, qui proposent des itinéraires pour piétons, vous permettront d’entrer dans les lieux secrets de la ville, silencieux et verdoyants. Et puis, pour terminer, vous pourrez visiter le plus russe des parcs de la ville, où se trouve une fontaine animée, un manège de Montagnes Russes et d’autres attractions et où vous pourrez regarder les élégantes russes faire leur défilé quotidien. Et peut-être aurez-vous-même la chance d’arriver un jour de bal, devant la grande scène prévue pour les festivités !
Et si vous devez rentrer rapidement à votre hôtel sans vouloir emprunter un taxi, vous pourrez trouver partout une trottinette, la ville en est envahie depuis un ou deux ans !
Sur les bords de l’Ob
Il est incontestable que depuis un certain nombre d’années, les villes russes connaissent un fort développement, et notamment une plus grande prise en compte de la qualité de vie de ses habitants. Partout on voit le cadre de vie se développer, mais un accent a été mis sur les parcs qui accueillent de plus en plus les habitants, avec ou sans enfants, en couples, en bandes, ou se livrant à des loisirs actifs, vélo, trottinettes, et divers petits véhicules électriques qui connaissent un développement exponentiel.
Nous avons parlé du quartier d’Akademgorodok, de la mer d’Ob et de la grande plage d’Akademgorodok. Nous n’allons pas y revenir. D’autant que, mis à part quelques initiatives privées d’ouvrir de nouvelles échoppes ou de nouveaux restaurants, avec terrasse sur pilotis, aucun progrès notoire n’a été réalisé. Mais est-ce vraiment nécessaire ? La plage pourrait être un peu mieux entretenue, et notamment nettoyée de ces branches et souches qui invariablement se déposent sur ses rives. Il faut croire qu’un nettoyage a bien lieu, sinon le rivage serait inaccessible. Mais on pourrait parfois souhaiter mieux. Peu importe, on y afflue dès que le soleil commence à chauffer, au mois de mai, et elle offre une liberté et un bien-être pour tous qu’il ne nous viendrait pas à l’esprit de critiquer. D’autant plus qu’elle est desservie par plusieurs « électritchka » par jour, ces trains régionaux qui permettent d’y venir depuis le centre-ville pour quelques roubles.
Mais nous souhaitons nous consacrer dans cet article sur quelques lieux qui ont subi depuis quelques années une vraie révolution.
Riechnoï Vokzal, « la Gare fluviale » et le parc du « Début de la ville »
La Russie a conservé un service de la période soviétique qui aurait très bien pu disparaître dans le cadre de l’économie de marché : ses navettes fluviales. Précisons : il s’agit d’un réseau de bateaux pour voyageurs qui desservent quotidiennement un ensemble d’arrêts. En fait, l’équivalent d’un réseau de bus maritimes. Pourquoi n’a-t-il pas disparu ? Parce qu’il permet à beaucoup de personnes modestes d’aller à leurs datchas, et notamment les personnes âgées. Sur cette base de tradition typiquement russe, des variantes se sont constituées. Notamment des promenades sur ce qu’on appelle en France des bateaux-mouches et qui, en un aller et retour, vous feront découvrir la ville et ses environs proches.
À Novossibirsk, cette activité était assez marginale, il y a encore quelques années, notamment parce que le quai d’embarquement était isolé et peu facile d’accès. En revanche, les habitants aimaient aller se promener au bord du fleuve, près de la station de métro « Gare Fluviale », où une allée unique permettait un défilé aller-retour. Une situation un peu frustrante, car il n’y avait rien d’autre à faire qu’un aller-retour à pied le long d’une allée d’un kilomètre au bord du fleuve. Entre l’allée et le port fluvial, aucune liaison directe, alors qu’ils étaient finalement peu éloignés. On avait donc un super potentiel laissé en jachère.
Mais voici que, il y a environ cinq ans, la ville a décidé de prendre les choses en main, et depuis, tout est devenu vraiment, vraiment mieux !
Tout d’abord, on a utilisé un grand espace vert inutilisé, parallèlement à la promenade, pour créer d’autres allées. Cela a permis d’ajouter des espaces différents, par exemple une zone de jeux pour enfants de dernière génération sur des sols de sécurité. On a aussi semé diverses sculptures, en majorité constituées de matériaux écologiques. Et puis – révolution totale ! – on a permis l’ouverture de kiosques, de boutiques, de cafés, de restaurants. Du coup, on peut maintenant trouver moyen de s’asseoir en famille autour d’un café, d’une glace ou d’un repas, et même boire un Pepsi sur le gazon !
Dernier point, très important lui-aussi : on a aménagé un quai qui permet une liaison naturelle, sous le mode de la promenade, entre le parc et les quais d’embarquement. Du coup, les usages des lieux se sont complétements modifiés : la promenade à pied peut se poursuivre par une promenade en bateau. Et l’offre des bateaux-mouches a pu se développer, en plus de ces lignes de bateaux-bus aux horaires quotidiens.
Parallèlement, on a construit une grande scène couverte permettant d’accueillir des festivals musicaux, et construit une véloroute qui parcourt toute la longueur de la promenade. Cela a provoqué l’ouverture de points de location de véhicules électriques, scooters, trottinettes, en plus des vélos traditionnels. Une offre beaucoup plus large qui séduit de plus en plus de public, toutes les générations y trouvant leur compte. C’est devenu un des lieux de loisir les plus populaires de la ville et un des endroits qui intéresseront le plus les visiteurs de la ville. Le large cours de l’Ob apporte un air salubre et libère la vue. On y voit défiler, des plus humbles aux plus élégants, la vraie population russe d’aujourd’hui, – une population paisible, confiante, aux types physiques variés, eurasiens, asiatiques, et qui, au final, impressionnera les Français par sa cohérence.
L’hiver enchanté
Et n’allons pas croire qu’en hiver tout s’estompe sous la neige ! Au contraire ! Car la collectivité installe, courant décembre, une zone d’attractions hivernales dans le parc de la Gare fluviale. On peut accéder pour quelques roubles à un parc d’attraction, avec des décors et des sculptures de glace et quelques tours en bois qui permettent de prendre son élan pour des glissades extraordinaires ! De quoi oublier totalement les manèges de l’été ! On fait la queue devant un grand choix de glissades d’une centaine de mètres chacune et on s’élance sur une piste de glace, assis sur des luges pelles apportées avec soi ou achetées sur place. A cela s’ajoute cette année un parcours glacé permettant une promenade sur patins à glace. Un espace de détente vraiment très bien mis en valeur, dans un décor et des jeux de lumières féeriques !
On le voit, en quelques années le statut du parc de la gare fluviale a complétement changé d’esprit et est devenu un lieu de loisirs et de détente incontournable de la ville, été comme hiver !
Le pont du Transsibérien
On pourrait considérer qu’il fait partie du parc de la Gare Fluviale puisque c’est lui qui le délimite au nord-est. C’est donc le pont qui a permis au chemin de fer de franchir l’Ob, et qui a décidé qu’un village deviendrait une très grande ville. Il est à noter qu’au départ les ingénieurs avaient hésité entre cet emplacement et un autre près du village de Kolyvagne, au nord, où passait la route magistrale venant de Moscou. Mais la zone est pleine de bras secondaires, de marais, voilà pourquoi Novossibirsk a été choisi…
Un premier pont a donc été conçu par N.A. Belelioubsky et construit de 1893 à 1897. Il n’avait qu’une seule voie pour 4 400 tonnes de matériaux et 795 mètres de long. On pourra en observer un fragment dans une partie du parc consacré à l’histoire, en présence d’une statue d’Alexandre III qui en fut le commanditaire. C’était dans une période où la France et la Russie étaient en pleine signature d’accords et de festivités réciproques. D’où la présence de ce même Alexandre écrit sur un pont Parisien. De là, que certains puissent s’imaginer qu’il est à l’origine du nom d’un site internet, il n’y a deux pas ! Mais rien n’est sûr toutefois ! En tout cas, quatre locomotives à vapeur ont traversé le pont en 1896, et il a été ouvert à la circulation le 31 mars 1897.
Dans les années 1930, un nouveau pont a été construit, avec une double voie. On l’a appelé Komsomolsky (KIM). Dès lors, le « vieux » pont allait perdre de son importance, utilisé pour faire passer les trains de passagers traversant le centre-ville. En 1991 l’activité sur le vieux pont a cessé et son démantèlement a commencé en 2000. C’est depuis ce temps qu’une travée a été déplacée sur la rive et, avec l’aide de panneaux d’exposition, permet de rappeler l’histoire de ce grand ouvrage fondateur de la ville.
La Rive Gauche
De l’autre côté du pont du métro, parallèle à celui du Transsibérien, se trouvait une petite plage. Elle a été interdite en 2020 et des travaux ont commencé sur toute la rive face au parc. C’est que cette zone sera bientôt une zone d’activité sportive. On construit des échangeurs, une future station de métro, une patinoire olympique et tout cela s’ajoutera à une piste de ski ! Déjà un téléski permet d’escalader cette petite piste sur laquelle se trouve un tremplin réservé aux skieurs avertis ! Tout cet ensemble est en pleine mutation, une digue est en train de se construire qui permettra de relier une des îles de l’Ob à la rive, à proximité de la future patinoire. En tout cas, l’avenir va faire de ce quartier de la gare Fluviale le principal pôle de loisirs de la ville.
L’Aqua-Monde (Aquamir)
Situé en bordure du pont Dimitrovski, au centre de la ville, l’Aqua-Monde, recouvert d’une grande coupole a été ouvert il y a moins de dix ans pour le bonheur de tous en toutes saisons.
Le parc aquatique couvre une superficie de 40 000 mètres carrés. « Aquamir se distingue des espaces aquatiques habituels en proposant une large gamme de services, dont beaucoup sont rares, voire uniques. On y trouvera des zones de thermes originales et exotiques, des bassins où aboutissent des toboggans phénoménaux et des attractions aquatiques pour tous les âges. Une aire de jeux pour enfants ainsi que des divertissements plus classiques. L’Aqua-mir est une oasis verte de chaleur et de lumière, avec une température confortable de l’air et de l’eau d’environ +30 degrés toute l’année.
Parc Zaïeltsovskyï
A l’autre extrémité de la ville, côté nord-est, se trouve un très grand parc au nom presque imprononçable (c’est en fait le nom du quartier). Traduisons son nom en parc de Zaïeltsov, à prononcer Zaïel et Tsov.
Créé en 1932 sur une superficie de 140 hectares, le parc Zaïeltsovsky de Novossibirsk est l’un des parcs les plus anciens et les plus pittoresques de Novossibirsk. Aujourd’hui, c’est un lieu très prisé par ceux qui aiment les loisirs en plein air de proximité. Il est tellement étendu qu’on pourrait presque s’y perdre. On y trouve, au centre, une large artère principale, conçue pour une promenade paisible, avec ou sans enfants. L’équivalent donc d’un jardin public où l’on peut trouver des kiosques, des parcs de jeux, une patinoire et quelques restaurants. Et puis, pour les plus sportifs, une zone beaucoup plus sauvage et néanmoins tracée qui permettra des circuits en vélo l’été ou en ski de fond l’hiver. En dehors des balises, on se risquera dans d’autres sentiers, plus secrets, réservés aux plus téméraires et… aux amoureux.
Le parc offre diverses possibilités de divertissement. L’été on trouvera des locations de rollers, de vélos et même d’« abris de fêtes » (je me risque à cette désignation personnelle), des ensemble table et chaises couvertes avec un coin barbecue. C’est la tradition de louer des endroits semblables pour les anniversaires par exemple… Pour l’hiver ce sera des locations de skis ou de patins à glace. On y trouvera aussi quelques attractions : un parc à cordes pour se promener dans les arbres, des manèges et de nombreux jeux pour enfants.
Au centre de l’allée centrale on trouvera un ethnoparc : « Territoire de Sibérie », dédié à diverses cultures autochtones. Il a été fondé par une association « Expeditions sibériennes », et mis en œuvre par l’historien Vyacheslav Karmanov, qui a longtemps participé à des expéditions avec l’Institut d’archéologie et d’ethnographie d’Akademgorodok. On y trouvera des curiosités rapportées de différents endroits de Sibérie : une tente d’éleveurs de rennes, une hutte d’hiver de chasseurs, une yaranga tchouktche et des yourtes dont l’une est un restaurant de spécialités autochtones.
Si l’on sort de cette zone centrale, on pourra trouver une piscine et une plage payante, des terrains de football, un court de tennis et une piste de karting, lesquels ne sont pas situés sur le territoire du parc, mais sur la base de ski portant le nom de F. Ivachev. Pour le confort des visiteurs, le parc est équipé de panneaux d’orientation, de cartes indiquant les principales installations et allées, et d’un éclairage nocturne.
Et puis, dans un kitch merveilleux qui vous fera penser à une séquence du Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, un train réduit, mais pas mignature, avec une vraie gare du style des années trente, une locomotive, des wagons, dans lesquels les enfants et leurs parents pourront se rendre… au zoo !
Depuis avril 2021, des travaux de rénovation ont été entrepris dans le parc. L’achèvement total des travaux est prévu pour le courant 2022, mais l’ouverture du parc au public a déjà eu lieu.
Le zoo de Novossibirsk
Une zone de loisir en train de passer de mode. Et pourtant, le zoo de Novossibirsk, accolé à l’immense parc Zaïeltsov, installé dans une immense forêt de grands pins, est un véritable havre de paix proposant aux animaux de très larges espaces aérés avec, bien sûr, des zones couvertes et chauffées pour l’hiver.
Le zoo Rostislav Chilo est l’un des plus grands zoos de Russie. Il couvre une superficie de 65 hectares et contient environ 11 000 individus de 770 espèces. Plus de 350 espèces sont répertoriées dans le livre rouge international des espèces menacées. Environ 180 espèces sont inscrites dans le Livre rouge de la Russie et dans les Livres rouges régionaux. Des livres de reproduction internationaux sont tenus pour la sauvegarde de 110 espèces.
Le zoo de Novossibirsk s’est spécialisé dans l’élevage d’espèces de félins et de mammifères. Il possède donc l’une des meilleures collections au monde de ces familles. Le personnel du zoo participe à 77 programmes internationaux sur la préservation des espèces animales rares et menacées. Une façon de présenter autrement l’activité du zoo que comme une mise en captivité d’animaux sauvages. Et pour le promeneur, cet immense espace, avec des espèces de félins, même parfois petits, presque des chats, d’une extrême rareté, est un spectacle ouvrant d’avantage sur la sensibilisation aux espaces animaux qu’à leur prédation. On y trouvera aussi les immenses dromadaires laineux de Mongolie, un lion immense et paisible ainsi qu’une famille d’ours blancs dont les petits, natifs du zoo, sont un spectacle irrésistible. On trouvera aussi un Noctarium, une zone d’aquariums, et quelques boutiques pour se reposer un peu en dégustant une glace ou un repas complet. Un lieu qui permettra d’apercevoir au moins une fois ces fauves d’Asie et être convaincus qu’il faut en poursuivre la protection dans la nature…
Comme nous l’avons vu, Novossibirsk a depuis quelques années développé une offre de loisirs tout à fait nouvelle qui la rend extrêmement plus attractive qu’il y a seulement cinq ans ! Si vous avez le temps d’y rester quelques jours, n’hésitez pas à louer des vélos car Novossibirsk, avec ses innombrables cours intérieures, offre un véritable parcours vert en plein centre-ville, évitant le bruit des voitures et l’odeur des pots d’échappement. Ces espaces que nous avons cités deviendront alors des étapes ou des destinations d’une exploration sans pareille de la ville !
J’adore cette ville !
Point de départ de tous les voyages dans l’Altaï
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