MoscouAutour de MoscouPolygone de Butovo

Polygone de Butovo

Le champ de la mort

Situé à une quinzaine de kilomètres au sud de Moscou, dans un secteur boisé de deux à trois hectares où le NKVD (Ancien KGB) entretenait une colonie agricole, se trouve le site de Butovo, plus connu aujourd’hui comme le Polygone de Butovo, polygone signifiant « champ de tir » en russe. 

Dès 1937, les détenus des prisons de Moscou y sont conduits pour y être exécutés et enterrés. Au total, près de 21 000 personnes ont été exécutées au polygone de Butovo entre août 1937 et Octobre 1938.

Infos pratiques

Adresse
Yubileynaya ulitsa 2, Moscou

Horaires
Ouvert tous les jours de 10h à 17h.

Tarifs
300 RUB pour les adultes
Remisé pour les étudiants, les enfants, les vétérans et les invalides

site web

L’histoire sordide de Butovo

Les exécutions de masse ont débuté à Butovo le 8 Août 1937, pendant la Grande Terreur, sous les ordres de Nikolai Yezhov, le chef de la police secrète soviétique.

Avant cette date, les condamnés étaient encore enterrés dans des tombes individuelles, mais à mesure que les quantités augmentaient, des fosses communes de plus en plus grandes ont dues être aménagées.

Pendant la Grande Terreur, quelques 21,000 personnes ont été enterrées sur le territoire du ‘polygone’ de Butovo, parmi lesquels 19,903 hommes, 858 femmes et 69 mineurs.

La plupart des personnes exécutées à Butovo sont des opposants et plus de la moitié étaient peu éduqués. Ce sont essentiellement des travailleurs, des ouvriers, des employés du gouvernement soviétique, des paysans et des représentants du clergé qui sont enterrés à Butovo, mais aussi des habitants d’autres régions ainsi que des étrangers.

Les mineurs qui y sont exécutés sont des sans-abris et des criminels récidivistes, mais aussi d’anciens prisonniers de la prison Sretensky à Moscou, condamnés à la peine capitale pour des activités contre-révolutionnaires.

Le plus jeune condamné à mort exécuté à Butovo a été Misha Shamonin, il n’avait que 13 ans, il avait volé deux miches de pain.

Déroulement des exécutions à Butovo

Des ‘Avtozaki’, fourgons destinés au transport des prisonniers et pouvant contenir une trentaine de personnes, se rendaient en pleine nuit sur le territoire du Polygone de Butovo.

Avant l’exécution, le visage du condamné était comparé à la photographie présente dans le dossier de l’affaire puis la sentence était prononcée. Cette procédure se répétait jusqu’à l’aube.

Les bourreaux buvaient de la vodka dans petite maison à proximité en attendant que les condamnés leurs soient amenés un à un. Chacun emmène sa victime au fond du site, près de fosses communes immenses. Ces fosses de trois mètres de profondeur sur cent mètres de long furent creusées au bulldozer au moment de l’intensification de la répression.

Les victimes, placées au bord des fosses, étaient abattues d’une balle dans la nuque.

En fin de journée, un bulldozer recouvrait les cadavres et les bourreaux, ivres, étaient ramenés à Moscou. Le lendemain, tout recommençait. En une journée, pas moins de 300 personnes étaient exécutées. Peu d’informations précises sont connues et de nombreuses victimes restent à ce jour anonymes.

D’après les registres du polygone de Butovo, 3165 personnes ont été exécutées en Septembre 1937, 2045 en Octobre 1937 et 2376 en Novembre 1937. En Février 1938, 2326 personnes ont été exécutées, 2335 en Mars 1938, 1346 en mai 1938 et 1169 en Juin 1938. Puis jusqu’au 19 Octobre 1938, le nombre d’exécutions ne dépassait pas les 1,000 par mois. Après cette date, les exécutions ont cessé.

L’horreur

Les condamnés étaient transportés dans des fourgons noirs qu’on appelait « corbeau noir » (черный ворон). Le gaz des pots d’échappement étaient redirigés dans la cabine des prisonniers afin de les étourdir avant le châtiment final.

De nos jours

Pendant la Grande Guerre Patriotique (WWII), le polygone de Butovo devient un camp de prisonniers de guerre. Les activités agricoles du NKVD y sont maintenues tandis que les prisonniers travaillent à l’usine de briques de Butovsky et à la construction de l’autoroute de Simferopol.

Le territoire de Butovo reste ensuite sous le contrôle des services de sécurité de l’état jusqu’en 1995, date à laquelle il est transféré à l’Église Orthodoxe de Russie.

Aujourd’hui, deux églises y ont été érigées, l’Église des Nouveaux Saints Martyrs et des Confesseurs de Russie (depuis 1996) et la Cathédrale de la Résurrection du Christ (depuis 2007).

On y trouve un reliquaire où sont conservés des objets personnels des victimes (vêtements, livres, lettres), et un musée exposant des photos des victimes et des objets retrouvés dans les fosses communes.

Butovo est aujourd’hui un lieu de visites et de pèlerinage. Le quatrième samedi de Pâques est célébré le jour de la mémoire des Nouveaux Martyrs.

Site officiel du Polygone où vous pouvez rechercher les victimes.

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