Le Palais de marbre (en russe : Мраморный дворец) prend son nom du fait que la pierre naturelle – marbre et granit – a été utilisée pour la première fois en Russie pour le revêtement des façades et la décoration intérieure.
Au total, 32 variétés ont été utilisées – russe (carélien et ouralien), grecque et italienne, ainsi que le lapis-lazuli (la lazurite) de Transbaïkalie. La couleur de la finition était très différente – blanche et argentée, toutes les nuances de gris et de rose, du bleu au gris bleuâtre et verdâtre.
La construction du Palais de marbre a commencé en 1768 et a duré 17 ans (du 10 octobre 1769 jusqu’à 1785). Le projet, basé sur le croquis de Catherine II, a été réalisé par Antonio Rinaldi, l’architecte le plus célèbre de Saint-Pétersbourg. L’Impératrice a surveillé l’avancement des travaux et a encouragé ceux qui se sont distingués. Environ 100 maçons et jusqu’à 300 fusiliers d’artillerie ont travaillé sur le chantier. Des blocs de pierre ont été transportés par voie fluviale sur la Neva.
Les principaux trésors du Palais sont la salle de marbre et l’escalier d’honneur. Leur apparence a été préservée dans sa majorité et reflète le mieux l’époque de Catherine II. Mais la majeure partie du palais est désormais occupée par des expositions.
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Infos pratiques
Adresse
Millionnaya ulitsa 5, Saint-Petersbourg
Horaires 2022
Ouvert tous les jours de 10h00 à 18h00 sauf le mardi fermé et le jeudi nocturne de 13h à 21h.
Tarifs 2022
500 RUB par personne
250 RUB les étudiants
Gratuit pour les -16 ans
1000 RUB le billet combiné pour 2 succursales du Musée russe
Site internet
Billeterie en anglais ici
Décoration extérieure du Palais de marbre
Pour le revêtement du Palais, des matériaux ont été apportés des carrières situées près des lacs Ladoga et Onega. Le marbre blanc a été livré d’Italie. C’était moins cher que de l’amener de l’Altaï ou de l’Oural.
Catherine II a beaucoup apprécié le talent du remarquable architecte Rinaldi et, par son ordre, un portrait sculptural du grand architecte a été installé dans une niche à l’entrée du bâtiment.
Le Palais construit semblait naître du granit de la Neva. Les murs de marbre et de granit gris-rose font écho aux couleurs du ciel de Saint-Pétersbourg.
Au-dessus de l’entrée il y a une inscription « Bâtiment de la gratitude ». Le bâtiment est couronné d’une petite tour de l’horloge. Et à côtés de la tour il y a deux personnages réalisés par Fedot Choubine : à droite – « Fidélité » avec un sceau dans les mains, à gauche – « Générosité » avec une corne d’abondance. Dans les salles du Palais de marbre il y a près de 40 œuvres du sculpteur.
La façade centrale est décorée de reliefs en marbre avec des accessoires militaires. La pierre et le métal prédominent partout.
Antonio Rinaldi a réussi à créer un palais qui a servi de maison urbaine et en même temps de propriété de campagne seigneuriale. Les lignes des façades du sud, d’ouest et du nord se sont mariées de manière organique avec la construction de la ville. Et du côté de la cour, on voit une propriété des nobles avec une cour d’apparat, un jardin et une clôture.
La partie ouest du Palais avait le même plan que le côté principal, mais était cachée par les façades des bâtiments des rues voisines.
Intérieurs du Palais de marbre à Saint-Pétersbourg
Escalier d’honneur
Selon l’idée de Rinaldi, la décoration artistique de l’escalier d’honneur a dû être un prolongement de la décoration en pierre commencée sur les façades du bâtiment.
L’escalier est décoré de marbre gris aux nuances argentées. La retenue dans la conception de l’escalier d’honneur du Palais s’explique par le fait que Catherine II a voulu donner aux salles d’apparat un aspect courageux et austère.
La lumière des fenêtres du deuxième étage et de la coupole permet de voir les motifs variés de la pierre sur les colonnes et les pilastres, taillés dans des blocs entiers. La couleur plus claire du marbre des rampes et des balustres (petites colonnes) élargit visuellement l’espace et les rend légères.
Le plafond de l’escalier d’honneur est l’œuvre de Joseph Christ de l’année 1784 « Jugement de Pâris ». Dans les niches de marbre, il y a des personnages qui personnifient le matin, le jour, le soir et la nuit, et symbolisent l’enfance, la jeunesse, la maturité, la vieillesse.
Sur le palier du deuxième étage au troisième, il y a deux allégories représentant l’équinoxe d’automne et de printemps. Les bas-reliefs modelés sont bien visibles depuis le palier du troisième étage. Au centre – la composition « Jeu des Cupidons », à gauche et à droite – les figures féminines « Modération », « Force de l’Esprit », « Sagesse » et « Justice ».
Salle de marbre
La pièce principale du Palais est la salle de marbre, qui a conservé l’ancienne décoration en pierre du XVIIIe siècle.
Antonio Rinaldi a habilement combiné des nuances du marbre rose et cerise de Tivdie (carélien), gris jaunâtre de l’Oural et de la pierre italienne verte et jaune.
Tout au long du périmètre de la Salle, les arcades au-dessus des pilastres du premier rang et les bas-reliefs ronds autour du sujet du « Sacrifice » ajoutent du raffinement et de l’harmonie à cette salle. Les portes aux éléments anciens sont décorées de bronze doré.
Le côté ouest de la salle est richement décoré. La pierre lapis-lazuli coûteuse apportée de la région du Baïkal a été utilisée comme arrière-plan pour deux reliefs en pierre blanche. Les compositions « Retour de Ragul à Carthage » et « Camille libère Rome des Gaulois » ont été réalisées par le sculpteur Mikhail Kozlovskiy. Les sujets sont tirés de l’histoire des guerres puniques de la Rome antique. Ils parlent du devoir, de la loyauté envers la patrie, du sacrifice de soi et de la générosité des anciens généraux.
Les compositions sont placées dans des cadres en bronze doré. Au-dessus et au-dessous, il y a des guirlandes avec des figures d’aigles et des branches croisées de palmier et de chêne, sculptées du marbre blanc italien.
Dans la Galerie d’art du Palais (partie sud-est du bâtiment), il y avait plus de deux cents œuvres de Rembrandt et Titien, Raphaël et d’autres maîtres. Dans la partie sud-ouest, les bains grecs et turcs ont été aménagés. Au troisième étage, il y avait des chambres, et la salle de bal était située dans le bâtiment le long de l’allée de marbre.
Musée de Ludwig au Musée russe
En 1995, les époux Peter et Irène Ludwig, deux célèbres collectionneurs allemands ont fait un don inestimable au Musée russe. Celui-ci se composait d’une collection de 118 œuvres d’artistes contemporains d’Europe, d’Amérique et de Russie, à la base desquelles cette exposition a été formée dans le palais de marbre.
Dans la seconde moitié du XXe siècle, le mouvement artistique du réalisme socialiste dominait dans l’art soviétique. Il était presque impossible de voir les œuvres d’art soviétiques non-officielles et occidentales. Cet aspect a poussé les époux à faire ce don.
C’est la seule collection d’art contemporain international avec une exposition permanente en Russie. Pour la première fois, les visiteurs peuvent voir les originaux des œuvres des auteurs classiques du pop art dans le Palais de marbre.
La collection inclut des peintures d’Andy Warhol, Tom Wesselmann, Claes Oldenburg, Roy Lichtenstein et James Rosenquist.
L’hyperréalisme américain s’exprime dans les œuvres de Robert Bechtle, Ralph Goings et Jeff Koons. L’art allemand de la seconde moitié du XXe siècle se reflète dans la collection d’œuvres de Joseph Beis, des néo-expressionnistes Georg Baselitz, Markus Lüpertz et Anselm Kiefer.
L’un des cadeaux les plus précieux de Peter et Irène Ludwig est la peinture de Pablo Picasso « Grandes Têtes » de 1969. C’est la seule œuvre du maître de la période après 1917 à Saint-Pétersbourg.
L’une des salles du musée Ludwig représente l’art des artistes non-officiels de l’URSS et d’Europe de l’Est, dont les œuvres n’ont pas été exposées dans les musées russes. Le tableau « Jardin » est l’œuvre d’Ilya Kabakov, leader du conceptualisme russe.
Collection des frères Rzhevskiy
La collection des frères Rzhevskiy est un ensemble de pièces offertes au Musée russe par les frères Joseph et Yakov Rzhevskiy. Elle comprend des tableaux d’Ivan Aïvazovski, d’Alexandre et d’Albert Benois, d’Alexandre Ivanov, de Boris Kustodiev, d’Ivan Chichkine et bien d’autres maîtres. On y trouve également des meubles, des horloges de voyage, des horloges à carillon et des pendules de cheminée fabriquées par des horlogers d’Europe occidentale et de Russie aux XVIIIe et XIXe siècles.
Exposition « Konstantin Romanov – Poète de l’Âge d’argent »
Dans les appartements du Grand-Duc, dernier propriétaire du Palais de Marbre, est présentée l’exposition « Konstantin Romanov – Poète de l’âge d’argent ». Les petites chambres privées de sa famille ont été conservées au premier étage du Palais de marbre. Le salon musical, appelé gothique par sa conception, se distingue par sa décoration. L’intérieur est décoré de bois avec des voûtes et des murs aux motifs sculptés complexes.
Afanassi Fet, Apollon Maïkov, Anton Rubinstein, Piotr Tchaïkovski et d’autres personnalités célèbres se sont trouvés présents à des soirées musicales et poétiques ici.
Note
Cette exposition n’est accessible que via une excursion organisée par le musée. Téléphone pour réserver: +7 (812) 595-42-03.
Légendes du Palais de marbre
Selon la légende, une porte secrète a été prévue dans le Palais de marbre à travers laquelle Catherine II partait secrètement rencontrer Grigori Orlov.
Une autre légende raconte qu’une boîte en marbre avec des pièces de monnaie a été murée dans le fondement du Palais de marbre.
Histoire du Palais de marbre
Catherine II a offert le Palais de marbre à son favori, le comte Orlov, pour son service dévoué et sa participation aux événements de 1762.
À la suite du coup d’état le 28 juillet 1762, l’empereur Pierre III a été détrôné et Catherine II est montée sur le trône avec l’aide des frères Orlov.
À l’âge de trente et un ans, Grigori Orlov s’est mis en tête de l’artillerie de l’armée russe et a reçu le titre de général. Restant en service tout au long de sa vie, il a reçu de nombreuses hautes distinctions, notamment l’Ordre impérial de Saint-André et l’Ordre de Saint-Alexandre Nevsky.
De plus, Grigori Orlov a joué un rôle important pour mettre fin à la révolte de 1771 causée par la peste à Moscou. Le comte a remercié l’impératrice pour ce cadeau par un gros diamant de 189,62 carats.
Il est mort en 1783 à l’âge de 48 ans n’ayant pas vu l’achèvement des travaux de la construction.
Catherine II a racheté le Palais aux héritiers du comte et l’a présenté à son petit-fils, Konstantin Romanov. L’architecte Ivan Starov a effectué les réparations et l’aménagement d’un certain nombre d’intérieurs pour le mariage du Grand-Duc.
Plus tard, sous la direction de l’architecte de la cour Andreï Voronikhine, les chambres du Palais ont été reconstruites.
Le Palais de marbre appartenait à deux autres Konstantin : Konstantin Nikolaevich, le deuxième fils de Nicolas Ier, et à son petit-fils – Konstantin Konstantinovitch.