CultureLittératureLudmila Oulitskaïa - L’écrivaine irréductible

Ludmila Oulitskaïa – L’écrivaine irréductible

Ludmila Oulitskaïa (en russe : Людмила Евгеньевна Улицкая) est née en 1943, dans l’Oural à Davlekanovo (Russie, République de Bachkirie). Elle a grandi à Moscou et fait des études de biologie à l’université. Auteur de nombreuses pièces de théâtre et scénarios de films, depuis le début des années 1980, elle se consacre exclusivement à la littérature. Ses premiers récits ont paru à Moscou, dans des revues. Ses livres ont été traduits dans de nombreuses langues dont le français, aux éditions Gallimard. Son roman « Sonietchka » a reçu le prix Médicis Étranger, en 1996. Elle vit actuellement entre Moscou et l’Italie, avec son mari, le sculpteur Andreï Krassouline.

Biographie de Ludmila Oulitskaïa

Ludmila Oulitskaïa est née en 1943 dans la ville de Davlekanovo en Bashkortostan (République autonome de la Fédération de Russie). Sa formation a eu lieu à Moscou, où elle a obtenu son diplôme à la Faculté de génétique de l’Université d’État. Après avoir travaillé pendant deux ans dans les domaines de la génétique et de la biochimie à l’Académie des sciences de l’Union soviétique, elle est renvoyée avec d’autres amis et collègues sur des accusations de diffusion de livres interdits (samizdat en russe). À partir d’un examen des rubans de machine à écrire utilisée, elle est accusé d’avoir copié le roman « Exodus » de l’écrivain américain d’origine juive Leon Uris. Privé de travail et avec ses enfants à charge, Ludmila entame une période de grandes difficultés, aggravées par la mort de ses parents et le divorce avec son mari.

Dans les années 80′, elle commence sa carrière littéraire, stimulée par la nouvelle possibilité d’emploi en tant que réalisateur et scénariste au Théâtre juif de Moscou.

Sa première publication apparaît dans le magazine russe Ogoniok en 1990. La même année sort son premier long-métrage « Сестрички Либерти » (Les sœurs de la liberté) écrit et réalisé par le cinéaste russe Vladimir Grammatikov. En 1992, elle publie sa première histoire courte, Sonechka (Сонечка), dans la revue Novy mir. Ce fut un succès important. Le travail est inclus dans la liste des candidats au prix Booker russe. Pour Sonietchka, en 1996, à Paris, elle reçoit le prix Médicis étranger, première femme à recevoir ce prix.

En 2001, aux États-Unis sort « De joyeuses funérailles » (Веселые похороны), son premier roman traduit en anglais, qui fait la chronique de la migration de la Russie à l’époque soviétique, célébrant le souvenir indélébile de la culture russe et de son passé glorieux. Cette même année Ludmila reçoit le prix Booker russe pour son roman « Le cas du docteur Koukotski ».

En 2006, elle publie Daniel Stein (Даниэль Штайн, переводчик), publié en Italie en 2010 avec le titre « Daniel Stein, Traducteur », roman sur l’holocauste et la nécessité d’une réconciliation entre le judaïsme, le christianisme et l’islam.

En 2007, il établit le « Фонд Людмилы Улицкой » (Fond Ludmila Oulitskaia), un fonds pour le soutien des initiatives humanitaires. Elle obtient également le prix Bolchaïa Kniga, l’une des plus importantes littéraires russes, pour Daniel Stein.

En France, elle a été faite chevalière de l’ordre des Palmes académiques en 2003, chevalière de l’Ordre des Arts et des Lettres en 2004, et officier de la Légion d’honneur en 2014. En 2011, elle reçoit le prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes.

De 2007 à 2010, elle dirige l’organisation « Другой, другие, о других » (Drugoj, drugie ou drugich), en diffusant une série de livres pour enfants par différents auteurs, traitant de l’anthropologie culturelle.

En 2012, elle reçoit le prix littéraire international sud-coréen Prix Park Kyung-ni.

Le 28 avril, 2016 à Moscou, sur son chemin à une réunion de l’association Memorial, créé pour identifier les victimes de la répression stalinienne, Oulitskaïa est attaqué dans la rue par un groupe de nationalistes russes.

Elle s’est également engagée, en 2018, pour la défense du metteur en scène « assigné à résidence » Kirill Serebrennikov En 2022, Lioudmila Oulitskaïa continue de faire entendre sa voix dissidente, emplie d’histoire.

Ludmila Oulitskaïa vit entre Moscou, l’Italie et Israël.

Style d’écriture

Dans ses œuvres, Oulitskaia décrit et observe ses personnages à travers un point de vue neutre apparent. Il se penche sur leur développement ou leur psyché approfondit, se distinguant ainsi de ce qui a été historiquement considéré comme une caractéristique de l’écriture russe. Tout en reconnaissant que ses protagonistes ont une psyché turbulente, Oulitskaya préfère se consacrer à la description détaillée de leurs relations et leur vie, avec un approfondissement constant du contexte et les thèmes de ses œuvres.

Romans de Ludmila Oulitskaïa

Sonietchka

Depuis toujours, Sonia puise son bonheur dans la lecture et la solitude. C’est dans une bibliothèque que, à sa grande surprise, Robert, un peintre plus âgé qu’elle, qui a beaucoup voyagé en Europe et connu les camps, la demande en mariage. Avec Robert et, bientôt leur fille Tania, Sonia n’est plus seule, elle lit moins, mais malgré les difficultés matérielles de l’après-guerre, elle cultive toujours le même bonheur limpide, très légèrement distant et ironique. Des années plus tard, Tania introduit à la maison son amie polonaise Jasia, fille de déportés, mythomane, fantasque, aussi jolie que Tania est laide, et goûtant, comme elle, aux jeux amoureux. Jasia devient la maîtresse de Robert. Malgré son chagrin, Sonia est toujours heureuse. Robert meurt. Tania et Jasia s’en vont à leur tour, Sonia se retrouve seule, elle se remet à lire. Elle irradie toujours du même bonheur résolument paisible et mystérieux.

Médée et ses enfants

« Quand vous m’avez pris la main, Médée, j’ai senti qu’auprès de vous, la peur n’existait pas. Et pendant toute la soirée, je n’ai rien éprouvé envers vous, je sentais simplement qu’auprès de vous, la peur n’existait pas ». Telle est Médée, calme et lumineuse, un centre mystérieux autour duquel gravite une immense famille, des gens ballottés de-ci de-là, aux destins parfois tragiques. Contrairement à sa célèbre homonyme, Médée Mendès est une porteuse de vie, qui soutient, réconforte et pardonne.À propos de ce livre, Christa Wolf écrit : « Ludmila Oulitskaïa a déployé ses filets pour capturer un enchantement, l’enchantement d’un lieu où s’enchevêtrent des destins, l’enchantement d’un paysage et surtout, l’enchantement qui entoure son héroïne Médée Mendès… »

De joyeuses funérailles

« Il faisait une chaleur torride, cent pour cent d’humidité. On aurait dit que l’énorme ville tout entière, avec ses immeubles inhumains, ses parcs magnifiques, ses gens et ses chiens multicolores, était parvenue à la limite de la phase solide – encore un peu, et les êtres à demi liquéfiés allaient se mettre à flotter dans l’air transformé en bouillon. »C’est dans son loft d’artiste à Manhattan, dans une ville écrasée de chaleur, qu’Alik, peintre juif russe émigré, va mourir. Et il n’est pas de mort annoncée de la littérature qui soit aussi drôle et, paradoxalement, un tel hymne à la vie, que celle d’Alik. Entouré de sa femme Nina et de ses anciennes maîtresses, l’agonisant souhaite que la fête continue, alors que Nina ne pense qu’à sauver son âme. Un prêtre orthodoxe et un rabbin vont ainsi se succéder au chevet du mourant, et leur rencontre est le point d’orgue, d’une drôlerie irrésistible, de ces funérailles pas tout à fait ordinaires. Dans un vrai tour de force romanesque, Oulitskaïa nous prouve ainsi que les interrogations métaphysiques sur la mort et l’appartenance religieuse ne sont pas incompatibles avec l’humour en littérature.

Le Cas du docteur Koukotski

Le jeune chirurgien et obstétricien Pavel Alexeïevitch Koukotski, descendant d’une longue et brillante lignée de médecins, possède un don pour lequel il n’a aucune explication scientifique : une vision quasi radiologique qui lui permet de voir immédiatement de quel mal souffrent ses patients. Mais ce don disparaît chaque fois qu’il a des relations sexuelles avec une femme. Sauf avec Éléna, qu’il arrache à la mort au début de la Deuxième Guerre mondiale et dont il tombe amoureux dans la salle d’opération… Avec Le cas du docteur Koukotski, Ludmila Oulitskaïa nous offre un vaste roman où les biographies d’une demi-douzaine de personnages hauts en couleur se fondent dans une narration riche en événements et en rebondissements, couvrant ainsi un demi-siècle d’histoire russe. Son plaisir de raconter et sa maîtrise de la matière romanesque sont plus que jamais éclatants, sans que l’auteur perde de vue les grandes questions éthiques – ici plus particulièrement les rapports entre religion et science – qui traversent toute son oeuvre.

Mensonges de femmes

Dans ce livre, qui se présente comme un roman à épisodes, la grande romancière et nouvelliste russe Ludmila Oulitskaïa nous propose de subtiles variations sur le mensonge au féminin. Car, d’après notre auteur, les mensonges des femmes se distingueraient nettement de ceux des hommes, et seraient presque toujours dépourvus de finalité. Génia, le personnage principal, est ainsi confrontée à toutes sortes d’inventions ou d’affabulations. Comme le récit d’Irène, dont elle fait la connaissance en vacances en Crimée, sur la mort de ses enfants, qui l’émeut jusqu’aux larmes. La petite Nadia s’invente un grand frère, Lialia une liaison avec un peintre célèbre, et Anna se prétend poète… Chaque nouvel épisode de ce roman à thème illustre à sa manière l’étendue du talent de Ludmila Oulitskaïa, la précision de son sens de l’observation, l’originalité de ses canevas, et surtout, une grande tendresse pour ses personnages et à travers eux pour l’être humain et ses faiblesses.

Sincèrement vôtre, Chourik

« Chez lui, la pitié et le désir physique étaient logés au même endroit ». C’est ainsi que Ludmila Oulitskaïa décrit le ressort secret qui fait de son héros Chourik une sorte de saint laïque entièrement dévoué aux femmes. Après avoir grandi entre une grand-mère énergique qui lui a inculqué les bonnes manières autant que le goût des langues étrangères, et une mère fragile au tempérament artistique incertain, il apprend vite à sécher les larmes de toutes les femmes autour de lui. Leur solitude lui inspire de la compassion, et ce sentiment, invariablement et malgré lui, réveille ses mâles instincts…Chourik, qui est de surcroît un jeune homme d’une grande beauté, devient ainsi l’objet de toutes les convoitises, et doit déployer une activité sexuelle débordante pour consoler une impressionnante ronde de femmes…Avec un bonheur narratif éclatant, ce dernier roman de la romancière russe nous emmène sur les traces du parcours amoureux, ou plutôt sexuel, de ce Don Juan à l’envers. Chourik est un antihéros profondément original, tragi-comique, une âme tendre et sensible qui rate sa vie par pitié pour les autres. Mais Ludmila Oulitskaïa parvient aussi une nouvelle fois à entraîner son lecteur dans une vaste fresque de la société soviétique, dont les très nombreux personnages secondaires illustrent toute la complexité.

Daniel Stein, interprète

« Ils sont partis. Je suis resté là, dans un silence absolu. Une heure, deux heures. Je comprenais qu’il fallait que je trouve le moyen de sortir. Le laissez-passer allemand que l’on m’avait remis à la Gestapo avait été déchiré par l’officier lituanien. Je n’avais plus que ma carte de lycéen délivrée en 1939. Ma nationalité ne figurait pas sur cette carte, juste mon nom, Dieter Stein. Un nom allemand ordinaire. J’ai arraché l’étoile jaune de ma manche. J’avais pris une décision : le Juif allait rester dans cette cave. Celui qui remonterait à la surface serait allemand. Il fallait que je me comporte comme un Allemand. Non, comme un Polonais. Mon père était allemand et ma mère polonaise, ce serait mieux comme ça. Et ils étaient morts… » Ce nouveau livre de la grande romancière et nouvelliste russe Ludmila Oulitskaïa est consacré à un personnage hors du commun, le père Daniel Stein, né en Pologne en 1922 et mort en Israël en 1998. Son destin est exceptionnel à plus d’un titre : il échappe miraculeusement à la déportation en se faisant passer pour un Allemand, puis se convertit au catholicisme, avant de s’installer en Israël dans un monastère près de Haïfa. Dans ce livre foisonnant, Ludmila Oulitskaïa ressuscite avec brio un personnage fascinant injustement oublié du grand public.

Le Chapiteau vert

Ilya, Sania et Micha font connaissance à l’école où ils sont les souffre-douleur d’autres camarades, plus grands ou plus forts. Ilya est laid et pauvre, Sania un musicien fragile, quant à Micha, il est juif… Les trois amis deviennent dissidents par amour pour la littérature. Le soutien de leur professeur de lettres est essentiel en cette Union soviétique qui vient de vivre la mort de Staline. Un roman qui explore les complicités de l’URSS après Staline et les conséquences des régimes totalitaires, par l’une des plus grandes voix de la Russie contemporaine.

L’Échelle de Jacob

Dans la malle laissée par sa grand-mère Maroussia avant sa mort, Nora découvre des lettres échangées avec son grand-père, Jacob. Féministe et danseuse, la belle Maroussia a ses propres convictions intellectuelles. Mais les rêves et les ambitions du jeune couple croulent sous le poids de l’histoire soviétique. Sur les traces de la correspondance de ses propres grands-parents, Ludmila Oulitskaïa conte avec autant de tendresse que d’ironie mélancolique les hauts et les bas, la grande et la petite histoire de quatre générations d’une famille, tout en décrivant ce grand XXᵉ siècle russe comme celui des femmes.

Recueils de nouvelles

Les Pauvres Parents

Une vieille mendiante ou de brillants intellectuels, de petites gens ou des privilégiés – Ludmila Oulitskaïa nous brosse un tableau extraordinaire de la vie moscovite d’après-guerre à travers neuf nouvelles d’une rare qualité littéraire. Héritière de Tchekhov, elle peint des tableaux de famille, met en scène des personnages dont les enjeux, apparemment étrangers à nos préoccupations, nous touchent par une humanité quasiment palpable. Loin de la petite politique ou des beuveries d’arrière-cour, loin aussi des lancinantes réflexions philosophiques, ces textes lumineux, drôles parfois, nous plongent dans des univers étonnants et nous donnent à voir une vérité sur la société russe comme peu d’auteurs contemporains ont su l’exprimer jusqu’à présent.

La Maison de Lialia

Dans le Moscou soviétique de l’après-guerre, la vie quotidienne peut sembler grise et misérable. Mais c’est sans compter l’inébranlable optimisme des Russes pour qui ni la folie, ni la mort ne sont sujets de drame…Avec une justesse et une acuité qui font d’elle la digne héritière de Tchekhov, Ludmila Oulitskaïa décrit par petites touches la vie des Moscovites.

Un si bel amour et autres nouvelles

Les sept nouvelles ici rassemblées explorent toutes le sentiment amoureux, sous ses formes les plus diverses. Ludmila Oulitskaïa décrit le monde de l’enfance et de l’adolescence, ces moments de passage où la sensualité s’éveille et où le sentiment amoureux se construit, selon des lois mystérieuses qui échappent à la raison. La cruauté n’est pas absente de ces nouvelles, comme pour confirmer l’adage selon lequel les histoires d’amour finissent toujours mal, et Oulitskaïa excelle dans l’art de camper un monde en quelques lignes, tantôt ironiques tantôt nostalgiques, mais toujours d’une rare acuité.

Les Sujets de notre tsar

En trente-sept nouvelles de longueur et d’inspiration extrêmement diverses, Ludmila Oulitskaïa nous prouve une nouvelle fois son immense talent et sa prédilection pour la forme courte. Comme dans Mensonges de femmes, (Gallimard, 2007) Génia, sorte de double romanesque de l’auteur russe, apparaît comme personnage récurrent et nous sert en quelque sorte de fil d’Ariane. Parmi les nouvelles rassemblées ici, toutes d’une grande qualité, certaines sont particulièrement originales, comme par exemple «Ménage à trois», dont l’action se situe ainsi à la fin des années trente, pendant la «Grande Terreur». Oulitskaïa, avec une économie de moyens remarquable, parvient à raconter des destins brisés et à nous livrer une vision poignante de l’histoire russe. Dans «Une terrible aventure de voyage», la narratrice se transforme en Shéhérazade dans un train entre Tbilissi et Moscou, tandis que «La beauté du corps» nous fait connaître Tania, malheureuse d’être entourée d’hommes qui sont éblouis par sa beauté et ne voient pas son âme – jusqu’à sa rencontre avec un homme aveugle. Qu’elles soient sombres ou lumineuses, violentes ou sentimentales, ces nouvelles témoignent d’une grande tendresse pour l’être humain et ses faiblesses. Les sujets de notre tsar est sans aucun doute l’œuvre d’un écrivain en pleine possession de ses moyens.

Littérature d’enfance et de jeunesse + théâtre

Le Miracle des choux et autres histoires russes

Six histoires d’enfance dans la Russie de l’après-guerre.

Doussia et Olga, les deux orphelines parties par un matin d’hiver acheter des choux, Dina et son grand-père aveugle, Sérioja, le jeune citadin envoyé à la campagne à la naissance de sa sœur, ou encore Guénia, le petit garçon qui invente des objets en papier¿C’est une enfance illuminée d’instants magiques que nous révèle un grand auteur russe contemporain.

Contes russes pour enfants

Histoire du chat Ignace, de Fédia le ramoneur et de la Souris Solitaire. Dans la grande armoire qui lui sert de maison, la Souris Solitaire a rangé tous ses trésors : croûtes de fromage, morceaux de tissu, rubans, confitures… Mais voilà qu’un inconnu grignote ses provisions et lui joue de vilains tours. Sur les conseils de son ami le cafard, la Souris Solitaire décide de lui tendre un piège. Réussira-t-elle à attraper le voleur ?Histoire du moineau Anvers, du chat Mikheïev, de l’aloès Vassia et de la mille-pattes Maria Sémionovna.Un moineau, un aloès et un chat ont lié connaissance dans un vieil appartement abandonné où ils ont élu domicile. Ils mènent une vie heureuse et paisible jusqu’au jour où une très discrète mille-pattes met le nez hors de son trou pour retrouver ses innombrables petits. C’est alors que commencent de terribles, de drôles, d’extraordinaires aventures…

Confiture russe, pièce en trois actes sans entracte

Une datcha, dans la campagne, à une heure de route de Moscou, en 2002. Bien que délabrée, elle est toujours habitée par les deux enfants de l’académicien Ivan Lépiokhine, Andreï Ivanovitch et Natalia Ivanovna. Le toit fuit, les portes brimbalent, le courant électrique devient intermittent et l’eau du robinet se tarit… Tandis qu’Andreï boit de la vodka à toute heure et que les trois filles de Natalia ne lèvent pas le petit doigt, cette dernière, traductrice de plusieurs langues, reste rivée à sa machine à écrire pour essayer de gagner quelques dollars, aussitôt dépensés en réparations. Et il y a urgence : les inquiétantes vibrations d’un chantier secouent de plus en plus fréquemment la masure. Qualifiée par l’auteur de « post-tchékhovienne », cette pièce peut se lire comme une transposition dans la Russie des années 2000 des péripéties tragi-comiques des chefs-d’oeuvre La Cerisaie et Les Trois Soeurs. Avec un humour qui côtoie l’absurde et la grande tendresse pour les déboires de ses personnages qu’on lui connaît, Ludmila Oulitskaïa livre une réflexion sur la Russie « éternelle et immuable » qui rejoint en toute virtuosité celle de Tchekhov et son célèbre « rire à travers les larmes ».

Récompenses attribuées à Ludmila Oulitskaïa

  • Prix Médicis étranger 1996
  • Prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes 2011
  • Chevalier de la Légion d’honneur 2014

Reportage sur Ludmila Oulitskaïa

  • Chaîne: Arte
  • Titre de l’épisode : Ludmila Oulitskaïa – L’écrivaine irréductible de la Russie
  • Date de diffusion : Du 16/03/2022 au 14/06/2022
  • Durée : 52 minutes
  • Réalisation : Eva Gerberding

Portrait itinérant d’une grande figure de la littérature russe contemporaine

Le dernier roman en date, « Le corps de l’âme », paraît en France au printemps 2022.

Elle est l’une des grandes plumes de la littérature russe contemporaine, largement traduite et lue dans le monde entier. Dans ses nouvelles comme ses romans, souvent fleuves (« L’échelle de Jacob », « Les pauvres parents », « Le chapiteau vert »…), les êtres, en particulier les femmes, luttent âprement pour leur survie et leur liberté dans une Russie marquée par les tragédies. Celle qui peint avec finesse et une bonne dose d’humour noir les visages trop humains du totalitarisme, du nationalisme ou de l’antisémitisme a fait naître des personnages à la force vitale inoubliable. Née en 1943, biologiste généticienne licenciée pour faits de dissidence (sa machine à écrire professionnelle avait servi à composer des samizdats), Ludmila Oulitskaïa a d’abord publié des recueils de nouvelles avant de rafler dans son pays les plus grands prix littéraires pour une œuvre prolifique et multiforme, mais d’abord romanesque.

Conscience encombrante

Citée pour le Nobel de littérature et récompensée en France par le Médicis étranger, en 1996, pour son roman « Sonietchka », elle connaît un succès international qui la fait considérer par le Kremlin comme une conscience encombrante. Eva Gerberding a suivi l’écrivaine à Moscou, où elle vit, en Italie, où elle possède une maison, et à Berlin, où elle rencontre la traductrice qui assure à son œuvre une large diffusion dans les pays germanophones. Le dernier roman en date de » « Ludmila Oulitskaïa, » Le corps de l’âme », paraît en avril chez Gallimard, son éditeur en France.

Entretiens avec Ludmila Oulitsakaïa

Un entretien mené par Christel Vergeade, attachée pour le livre à l’Ambassade de France à Moscou.
Les Journées du Livre Russe & de la Littérature Russophone est un salon littéraire organisé chaque année à Paris. Le Prix Russophonie qui récompense la meilleure traduction littéraire du russe vers le français, fêtait cette année son 12e anniversaire. Le thème de cette 9ème édition 2018 était: Auteures et Héroïnes dans la Littérature Russe.
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