Qui sont les frères Morozov, dont l’extraordinaire collection de peintures est exposée à la Fondation Louis Vuitton jusqu’au 22 février 2022 ? Je vais essayé de répondre à cette question en vous donnant l’histoire de la famille, leur principale réalisation et en partageant un reportage dédié.
Fondateur de la dynastie des Morozov
Savva Vasilyevich Morozov est né en 1770 et décède en 1860. C’est un entrepreneur et philanthrope russe, fondateur de la dynastie Morozov. Les Morozov sont issus d’une ancienne famille de vieux croyants du village de Zuevo, district de Bogorodsky, province de Moscou.
Savva Morozov était un paysan serf du propriétaire terrien Ryumin , « un berger, un cocher, un tisserand-ouvrier, un tisserand-artisan » qui se rendait à Moscou pour vendre ses marchandises. Petit à petit, il devint propriétaire d’une petite institution, un bureau de distribution et une usine. En 1797, Savva Morozov épousa la fille d’un maître teinturier Ulyana Afanasyevna et la même année, il ouvrit son propre atelier de tissage de la soie. En 1811, il y avait déjà 10 machines dans son atelier, qui étaient entretenues par 20 ouvriers. Ils fabriquaient jusqu’à 200 pièces de soie par an pour un total de 1200 roubles.
Après la guerre de 1812, Savva Morozov profite d’une belle opportunité pour vendre ses biens à d’éminents propriétaires terriens et habitants de la capitale. Cela lui permet en 1821 de racheter le servage avec ses fils Elisha, Zakhar, Abram, Ivan et Timofey pour une somme énorme à l’époque – 17 000 roubles en billets de banque. Equivalent de 500.000€ au jour d’aujourd’hui.
Devenu un homme libre, Savva achète en 1823 à son ancien propriétaire terrien Ryumin une partie du terrain sur la rive droite de la Klyazma dans la ville de Nikolskoïe, où fut fondée la célèbre manufacture plus tard. Cet événement a marqué le début de la croissance de la ville industrielle de Nikolskoïe. Aujourd’hui, Zuevo et Nikolskoïe font partie de la ville d’Orekhovo-Zuevo à l’est de Moscou.
En 1825, Savva fone une usine de tissage à la main à Moscou, qui dans les années 40 se composait de 11 bâtiments, qui abritaient 3 ateliers de tissage, 1 ourdissage et 3 ateliers de teinture et de séchage. Il n’y avait pas de machines, mais il y avait 240 métiers à tisser manuels avec des machines Jacquard pour faire des tissus à motifs colorés. Cette usine de Moscou a été liquidée après la guerre de Crimée. En 1830, il ouvrit une usine dans la ville de Bogorodsk, qui devint finalement la manufacture Bogorodsko-Glukhovsky. En 1846, avec l’aide de Ludwig Knop, la construction de la plus grande filature de papier de Russie commença à Nikolskoïe, qui fut mise en service le 15 janvier 1848.
Savva Morozov mourut en 1860 en tant que marchand de la première guilde, laissant à ses descendants une capitale colossale et de nombreuses usines.
Abraham Morozov
Comme le reste de la famille, c’est un vieux-croyant de confession. Il est tôt orphelin de père. Il écrivait avec des fautes et ne savait pas bien parler.
Varvara Alexeïevna (née Khloudova) s’opposa longtemps à l’idée d’un mariage avec Abraham, bien que leurs familles fussent proches et à l’initiative à ce projet. Mais en 1869, elle donna finalement son accord sous la pression de son père. Juste avant son mariage, le fiancé se convertit à la branche des vieux-croyants de l’Église orthodoxe russe.
Après le partage de l’héritage entre lui et son frère, il fonde la « Compagnie de la manufacture de papier de Tver ». C’est ainsi qu’apparaît la branche dite de Tver des descendants d’Abraham dont il est le fondateur. Il ne dirige pas longtemps les affaires de la manufacture, mais il a su rapidement les développer. C’est sa femme, Varvara, qui prend en main les affaires de l’entreprise.
À partir de 1877, Abraham Morozov commence à souffrir de troubles psychiques sévères et jusqu’à sa mort, sa femme le soigne, ne souhaitant pas l’enfermer dans une clinique psychiatrique. Le fameux psychiatre Sergueï Korsakov, qui en était à ses débuts, tente de le soigner, mais finalement Morozov meurt le 8 février 1882.
Dans son testament, Morozov donne tous ses biens à ses enfants, Varvara exerçant la tutelle.
Dans cet article, je vais rester focalisé sur la branche d’Abraham qui a donné naissance à la célèbre fratrie et volontairement omettre la branche de Timofey Morozov pour ne pas que ça soit trop lourd.
La célèbre fratrie Morozov
Mikhail, Ivan et Arseniy Morozov naissent dans les années 1870 à Moscou, dans une très riche famille de vieux-croyants installés à Tver, à l’ouest de Moscou. Ils sont les fils d’Abraham Morozov, un puissant industriel qui a fait fortune dans le textile en reprenant les usines de son père, Savva Morozov, ancien serf affranchi et fondateur de la dynastie des Morozov. Abraham Morozov est aussi mécène et gère des orphelinats dans la région. Leur mère, Varvara Khludova, est l’héritière d’un marchand et collectionneur de livres anciens. Elle tient d’ailleurs un salon littéraire où l’on rencontre des poètes comme Andrei Bely ou Alexander Blok.
Les fils Morozov grandissent dans un environnement strict mais progressiste. À cet égard, les arts et la culture occupent une place très importante dans leur éducation. C’est pourquoi Mikhail et Ivan prennent des cours de peinture de façon assidue. Parmi leurs professeurs, on compte un certain Constantin Korovine, alors étudiant, ou des peintres itinérants comme Yegor Khruslov qui emmènera les enfants faire des croquis le long de la Volga et dans le Caucase lors de leurs vacances d’été.
Quand le père des trois garçons meurt en 1882, leur mère reprend la gestion des affaires familiales d’une main de fer. Ce n’est qu’en 1892 que Mikhail, le frère aîné et alors étudiant à Moscou, hérite de l’empire familial et de colossales rentrées d’argent. À cette époque, Ivan, lui, est parti étudier à l’École Polytechnique de Zurich où il apprend la chimie, mais continue, comme son frère aîné, de se passionner pour l’art et plus particulièrement la peinture.
En 1895, Ivan revient en Russie et reprend en main l’usine familiale pour laquelle son frère Mikhail, n’a finalement montré que peu d’enthousiasme et d’intérêt, plus passionné par la vie mondaine et l’art que par le commerce. Quant à Arsène, le benjamin de la famille, il préfère jouer au dandy et partir à la chasse.
Ivan s’installe à Tver et, doué pour les affaires, fait très largement fructifier l’héritage familial. Chef d’entreprise intraitable mais visionnaire, il œuvre aussi pour le bien-être et l’ouverture d’esprit de ses ouvriers et leur fait notamment construire un théâtre.
Ivan Morozov, le collectionneur
En 1885, la famille s’installe dans l’ancien hôtel particulier des princes Dolgorouki, rue Vozdvijenka, que Mme Morozov fait réaménager en style néoclassique. Ivan demeure à Tver et lorsqu’il se rend à Moscou, il descend chez son frère Mikhaïl et sa belle-sœur Margarita qui reçoivent de nombreux artistes dont Vroubel, Serov et Korovine. Il fait construire un théâtre pour ses ouvriers de Tver en 1898. Il préside l’Assemblée des marchands de Moscou en 1898-1899. Au début de l’année 1900, il déménage à Moscou et achète à la veuve de son oncle David Morozov son hôtel particulier au 21 rue Pretchistenka. Il débute alors une vie mondaine, invite des artistes dont il commence à collectionner les œuvres et organise des soirées littéraires dans ses salons de réception.
Sa passion de l’art débute à la même époque que celle de son compatriote Sergueï Chtchoukine, c’est-à-dire à la fin du XIXe siècle. Il commence par collectionner des œuvres de jeunes peintres russes, puis en 1907 se met à acheter de l’art français pour son hôtel particulier qu’il vient de réaménager. S’ouvre alors une concurrence fructueuse entre les deux collectionneurs. Toutefois, à la différence de Chtchoukine dont les achats sont parfois risqués, Morozov est un collectionneur plus prudent. Il se concentre sur des œuvres en nombre limité de très grande qualité, comme L’Acrobate et la petite équilibriste de la période bleue de Picasso (1905, toile achetée en 1912 pour treize mille francs), deux paysages de la Montagne Sainte-Victoire de Cézanne (sa collection comprend dix-sept toiles de Cézanne), le Café de nuit à Arles, chef-d’œuvre de Van Gogh, etc. Il se rend régulièrement à Paris où il achète ses tableaux chez Ambroise Vollard, Eugène Druet ou encore Paul Durand-Ruel.
Ivan Morozov avait l’esprit tourné vers l’avenir. C’est lui qui a découvert Bonnard, bien avant son succès auprès du grand public, à la fin du xxe siècle.
Il collectionne avant tout des impressionnistes et des post-impressionnistes, des fauves, comme Matisse (dont il fait la connaissance par l’intermédiaire de Chtchoukine) et Derain, ainsi que des Nabis. Maurice Denis est chargé en 1907 de décorer le salon de musique de l’hôtel particulier de Morozov avec un cycle de l’histoire de Psyché, et Aristide Maillol de créer quatre sculptures de bronze pour ce salon.
Sa collection est confisquée par un décret de Lénine au printemps 1918 et nationalisée. Il émigre entretemps. Son ancien hôtel particulier devient alors le premier musée d’art moderne de la planète. Il est fermé par Staline en 1948, les œuvres étaient dispersées dans divers endroits, tandis que des toiles jugées « dégénérées » sont cachées.
On retrouve une grande partie de la collection dans deux grands musées :
- Le musée des beaux-arts Pouchkine de Moscou conserve de nombreuses pièces de sa collection confisquée à la Révolution russe, notamment : Les Baigneurs, Nature morte aux pêches et aux poires, et L’Homme à la pipe de Cézanne, La Gelée à Louveciennes et le Jardin d’Hoschedé, Montgeron de Sisley, Paysage d’Auvers après la pluie de Van Gogh ou encore La Grenouillère et La Rêverie, portrait de Jeanne Samary de Renoir.
- Le musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg possède également des toiles de la collection Morozov de grande qualité, comme le Portrait de Jeanne Samary en pied de Renoir, Étang à Montgeron de Monet, ou Nature morte au rideau de Cézanne.
Mikhail Morozov, vie mondaine et passioné d’art
Mikhaïl s’est marié le 10 novembre 1891, alors qu’il était encore étudiant en avant-dernière année. Il a choisi comme épouse Margarita Kirillovna Mamontova, âgée de dix-huit ans, réputée être la première beauté de Moscou, représentante de la famille de marchands Mamontov.
Le mariage a été magnifiquement célébré au restaurant Hermitage. Le même jour, le couple est parti pour Saint-Pétersbourg où il a passé sa lune de miel à l’hôtel Evropeyskaja. Le même jour, le couple est parti à Saint-Pétersbourg pour sa lune de miel à l’hôtel Evropeyskaya. Le jeune couple devient un habitué des théâtres Mikhailovsky et Alexandrinsky. Après Saint-Pétersbourg, Mikhail et sa femme se sont rendus à Paris où ils ont également passé un mois. Les jeunes mariés ont ensuite visité Nice et Monte-Carlo. À Nice, leur voisin d’hôtel était la reine Victoria, et à Monte-Carlo, les Morozov ont rencontré la veuve de l’empereur Alexandre II, la princesse Ekaterina Yuryevskaya, lors d’une partie de roulette.
Michael et Margarita sont retournés à Moscou en mars 1892 et pendant un certain temps ont vécu dans un appartement loué, et six mois plus tard Michael a acheté l’ancien manoir du négociant en thé Konstantin Popov au coin de l’allée Glazovsky et du boulevard Smolensk, reconstruit par l’architecte Alexandre Rezanov en 1877. La maison, avec une terrasse semi-circulaire encadrée de colonnes et un jardin d’hiver, se dresse encore aujourd’hui au 26/9 boulevard Smolensky. Le jeune couple ne s’est rien refusé. Margarita Morozova se rappelle que jusqu’à deux cents invités assistaient aux réceptions et aux bals dans leur maison. Ils ont organisé des concerts, des pièces de théâtre artisanales et des spectacles en costumes. Ils avaient également leur propre maison à Paris et aimaient voyager : Espagne, Grande-Bretagne, Égypte.
L’ameublement de leur maison moscovite témoigne d’un bien-être total : deux voitures tirées par des chevaux, des repas raffinés, des bijoux fantaisie et les meilleurs tailleurs pour l’épouse. Les domestiques sont nombreux : un cuisinier coûteux, un barman avec des assistants, des cuisiniers, des valets de pied, une femme de chambre, une blanchisseuse, des lingères, un horloger, un portier, un cocher, un valet de chambre. La maison était équipée de sa propre centrale électrique, dont l’entretien était assuré par un électricien spécialement engagé.
En 1894, la deuxième exposition de MTH s’ouvre à Moscou. Konstantin Korovin expose « Paris Boulevard » et « A Northern Idyll ». Mikhail Morozov achète ces œuvres, lançant ainsi sa collection. Plus tard, son frère Ivan Abramovich s’est mis à collectionner lui aussi des tableaux.
En 1900, lors de la deuxième exposition du magazine « World of Art » au musée de l’école des arts du Baron Stieglitz, Mikhail Morozov a acheté le tableau « Swan-Princess » à Mikhail Vrubel pour 300 roubles. Lors de l’exposition « World of Art » suivante, en 1901, Morozov a acheté « An Intimate Extravaganza » de Paul Benard et « A Man Tearing Fruit from a Tree » de Paul Gauguin pour 18 000 francs.
Enfin, en 1893, un important groupe d’artistes se réunit dans la maison de Mikhail, dont les membres réguliers comprennent Mikhail Vrubel, Valentin Serov et Konstantin Korovin.
Enfant, Morozov a souffert de la scarlatine avec des complications rénales et cardiaques, mais il n’a pas pris soin de sa santé et n’a pas suivi les recommandations des médecins. Selon les souvenirs de sa femme, « lorsque les médecins lui ont diagnostiqué une néphrite, il buvait de la vodka tous les jours et en mangeait avec de la viande crue et des poivrons. C’était horrible à regarder ! »
Le 22 septembre 1903, Mikhail Morozov a soudainement développé une néphrite. Le professeur Leiden, un médecin généraliste, a été convoqué de Berlin pour le voir. Le 12 octobre, dans sa 34e année, Mikhail Abramovich Morozov est mort.
Arsène Morozov, le dandy
Arsène ne participe pas à l’entreprise familiale : sa mère et son frère aîné Ivan sont responsables de la manufacture de Tver. Arseny n’était connu à Moscou que comme un bacchanal, un bel homme et un homme prodigue. En outre, il était éleveur de chiens et un chasseur passionné.
Il étudie à Moscou puis en Angleterre. Lors de ces nombreux voyages en Europe, il découvre le fabuleux palais portugais de Sintra. À son retour à Moscou, il a décidé de construire une maison-château dans le style hispano-mauresque sur un terrain que lui avait donné sa mère Varvara le jour de son 25e anniversaire. Le manoir de Vozdvizhenka a été conçu par son ami Victor Mazyrin. Il a fallu trois ans (1897-1899) pour construire un bâtiment aux formes fantaisistes et à la décoration complexe.
Dès le début de sa construction, il est devenu l’objet de conversations amusées des Moscovites, de commérages, de rumeurs et de critiques dans la presse. L’opinion publique considérait ce manoir exotique comme une pure excentricité. Les conversations autour de sa construction se reflètent dans le roman de Léon Tolstoï, Résurrection (publié en 1899) : le prince Nekhlioudov, en passant devant la bâtisse de Morozov, trouve qu’il s’agit « d’un palais stupide et inutile pour une personne tout aussi stupide et inutile ».
Une légende existe qui rapporte que la mère d’Arseni, une femme colérique et à la langue bien pendue, visitant les travaux de la maison de son fils en décembre 1899, aurait dit : « Avant je savais que tu étais un imbécile, mais maintenant tout Moscou le saura ! »
Le style néo-mauresque se manifeste d’abord dans la conception du portail de l’entrée officielle et dans les deux tours de chaque côté de celui-ci. Une ouverture en forme de fer-à-cheval, accompagnée de colonnes torsadées fantaisistes, de moulures en forme de coquillages sur les tours (solution décorative qui rappelle les murs de la Casa de las Conchas à Salamanque), et la corniche ajourée et l’attique créent une impression unique. Dans les autres parties du bâtiment apparaissent des éléments de styles différents : ainsi certaines ouvertures de fenêtres sont flanquées de colonnes classiques. La composition d’ensemble avec un manque de symétrie des éléments du bâtiment participe aux techniques caractéristiques de l’architecture art nouveau. La décoration intérieure des locaux reflète la diversité des centres d’intérêts du propriétaire pour la décoration : la salle à manger d’apparat, appelée Salle des chevaliers, est décorée dans le style pseudo-gothique russe, le salon principal, dans lequel se déroulaient des bals est de style Empire, le boudoir pour l’épouse du propriétaire est décoré dans le style baroque. On trouve également des éléments de style arabe et chinois. Au-dessus de l’hôtel a été aménagé un petit jardin suspendu.
La vie d’Arseny Morozov a été écourtée d’une manière maladroite. Une fois à Tver, dans l’une des usines familiales, Arseny Morozov paria avec des amis qu’il se tirerait une balle dans la jambe sans ressentir de douleur grâce au pouvoir de l’esprit, qu’il avait développé avec les techniques ésotériques de Mazyrin ; s’étant tiré une balle dans la jambe sans montrer de douleur, il gagna le pari, mais la blessure non soignée entraîna un empoisonnement du sang, et Arseny Morozov mourut trois jours plus tard, le 24 décembre 1908 (6 janvier 1909) à l’âge de 35 ans.
Exposition « Frère Ivan. Collections de Mikhail et Ivan Morozov»
Du 28 juin au 30 octobre 2022, le Musée Pouchkine, présente une exposition consacrée aux frères Morozov, la dernière d’une série de projets sur ces grands collectionneurs en Russie et en France. Créées par Mikhail (avec passion et émotion) et Ivan (avec la persévérance et la confiance d’un connaisseur), les collections étaient à la fois une pratique et un rêve, le fruit d’un travail acharné et d’une réflexion. Conçue par Ivan, sa collection va devenir un musée idéal, pensé dans les moindres détails. À l’image de l’exposition, ayant temporairement réuni les parties françaises et russes des collections des frères, nous avons essayé d’imaginer ce que pouvait devenir un tel musée au cours du XXe siècle – dans ces années où se développait l’architecture du modernisme – noblement sobre, laconique et à l’écoute de la contemplation des collections rassemblées par les chefs-d’œuvre des collectionneurs moscovites.
Exposition « La collection Morozov, icônes de l’art moderne »
Du 22 septembre 2021 au 22 février 2022, la Fondation présente La Collection Morozov, l’une des plus importantes collections au monde d’art impressionniste et moderne. L’exposition événement réunit plus de 200 chefs-d’œuvre d’art moderne français et russe des frères moscovites Mikhaïl Abramovitch Morozov (1870-1903) et Ivan Abramovitch Morozov (1871-1921). C’est la première fois depuis sa création, au début du XXe siècle, que la Collection Morozov voyage hors de Russie.
La Collection Morozov. Icônes de l’art moderne rassemble un ensemble d’œuvres d’artistes français et russes parmi les plus iconiques de cette Collection : Manet, Rodin, Monet, Pissarro, Lautrec, Renoir, Sisley, Cézanne, Gauguin, Van Gogh, Bonnard, Denis, Maillol, Matisse, Marquet, Vlaminck, Derain et Picasso aux côtés de Répine, Korovine, Golovine, Sérov, Larionov, Gontcharova, Malévitch, Machkov, Kontchalovski, Outkine, Sarian ou Konenkov.
Conçue par Anne Baldassari, commissaire générale, l’exposition se déploie dans une muséographie originale évoquant références historiques et intemporalité d’œuvres emblématiques de la modernité artistique naissante de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème siècle.
Si vous n’êtes pas à Paris, suivez la commissaire de l’exposition pour une visite guidée en direct, en attendant de découvrir ces chefs-d’œuvre sur place du 22 septembre 2021 au 22 février 2022.
Reportage : Les frères Morozov, mécènes et collectionneurs
- Chaîne: Arte
- Titre de l’émission : Les frères Morozov, mécènes et collectionneurs
- Réalisation: Elisabeth Kapnist
- Année: 2021
- Date de diffusion : Du 19/09/2021 au 24/11/2021
- Durée : 52 minutes
À la fin du XIXe siècle, Moscou, florissante cité marchande et industrielle, devient l’un des foyers d’un renouveau artistique russe qualifié d’ »âge d’argent ». Dans le sillage du précurseur Pavel Tretiakov, qui ouvre sa galerie de peinture au public avant de la céder à la municipalité, et en parallèle de Sergueï Chtchoukine, héros d’une exposition à la Fondation Louis-Vuitton en 2016, les frères Morozov, eux aussi marchands de textiles, constituent, de 1890 à 1917, l’une des plus fabuleuses collections d’art impressionniste et moderne au monde. Descendants d’un serf qui a acheté sa liberté en 1821, Mikhaïl (1870-1903) et Ivan (1871-1921) héritent d’un empire industriel et de solides convictions progressistes. Ils installent des théâtres dans leurs usines et tiennent salon dans leurs hôtels particuliers peuplés de chefs-d’œuvre inestimables. Car les deux frères, formés à la peinture par des maîtres passés par la France, tel Constantin Korovine, ont été les premiers à se passionner pour les révolutions de l’art nées à Paris : Monet, Renoir, Cézanne, Van Gogh, Matisse, Denis ou encore Picasso côtoient dans leurs collections la production russe contemporaine. Nationalisées après 1917, celles-ci rejoignent en 1923 le Musée national d’art moderne occidental de Moscou, avant d’être sauvées en 1948 par les directeurs des musées Pouchkine et de l’Ermitage d’une destruction décrétée par Staline.
Émaillé d’archives, de focus sur des œuvres emblématiques et d’éclairages de spécialistes – dont Anne Baldassari, commissaire générale de l’exposition présentée à la Fondation Louis-Vuitton –, ce documentaire retrace la captivante saga des frères Morozov, figures hautes en couleur et oubliées de l’histoire de l’art.
Date de diffusion de la vidéo ci-dessous : Du 19/09/2021 au 24/11/2021
Le passionnant portrait de Mikhaïl et Ivan Morozov, flamboyants collectionneurs russes du tournant du XXe siècle, dont les trésors, de l’impressionnisme à l’art moderne, sont présentés à la Fondation Louis Vuitton.
A coupler avec l’expo de Paris.
Super article merci
Tres bon article.
Merci Arnaud 🙂
Tres interessant ces biographies et ces morts prematurees. Faut il se faire ch. dans sa vie pour se tirer une balle ! La collection est impressionnante.