Nicolas Werth, né en 1950, est un historien français spécialiste de l’histoire de l’Union soviétique. Il est directeur de recherche à l’Institut d’histoire du temps présent, affilié au CNRS.
Petite biographie par Babelio
Son père est le journaliste britannique d’origine russe, Alexander Werth (1901-1969), qui a été correspondant de la BBC en URSS pendant la Seconde Guerre mondiale.
Ancien élève de l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud, agrégé d’histoire, Nicolas Werth a enseigné dans le secondaire et à l’étranger (Minsk, New York, Moscou, Shanghaï). Il a occupé les fonctions d’attaché culturel auprès de l’ambassade de France à Moscou durant la perestroïka (1985-1989).
Entré au CNRS en 1989, Nicolas Werth s’est consacré depuis son premier livre, « Être communiste en URSS sous Staline » (Gallimard, 1981), à l’histoire soviétique.
C’est particulièrement l’histoire sociale des années 1920-1930 qui l’intéresse, notamment les rapports entre le pouvoir et la société (violence étatique, résistances sociales…).
Auteur de la partie du « Livre noir du communisme » (1997) consacrée à la Russie soviétique, il s’est publiquement démarqué de l’idée contenue dans la préface de Stéphane Courtois selon laquelle le communisme serait par essence criminogène. Il a également dénoncé, concernant cet ouvrage, « une dérive de l’histoire exclusivement policière ».
Nicolas Werth participe, depuis 1997, au séminaire « Histoire soviétique : sources et méthodes », placé sous la direction de Wladimir Berelowitch, du Centre d’études des mondes russe, caucasien et centre-européen (CERCEC) de l’EHESS. Il est par ailleurs membre des comités de rédaction de Vingtième Siècle. Revue d’histoire et des Cahiers du monde russe.
Il est directeur de recherche à l’Institut d’histoire du temps présent, affilié au CNRS.
Dernières publications de Nicolas Werth
Esprit – En Ukraine et en Russie, le temps de la guerre
Paru en Avril 2022 aux éditions Revue Esprit. 223 pages.
L’invasion de l’Ukraine en février 2022 a constitué un choc immense pour l’Europe et le monde. Même si elle semblait impensable, elle s’inscrit en réalité dans une forme de continuité, qui a vu le régime de Poutine se faire de plus en plus répressif à l’intérieur de ses frontières, et menaçant à l’extérieur, depuis au moins 2008 et l’affrontement militaire en Géorgie. L’annexion de la Crimée, en 2014, a marqué une nouvelle étape dans ce double durcissement, et le développement d’une véritable politique anti-démocratique. Le dossier de ce numéro, constitué en urgence en réaction aux événements, sera consacré aux réactions des sociétés ukrainienne et russe. De quelles manières, nécessairement différenciées, les sociétés russe et ukrainienne font-elles face à la guerre ? Commet résister à la vaste opération de révisionnisme historique engagée par le régime de Poutine, dont témoigne la répression de toutes les sources indépendantes d’information mais aussi de recherche et de connaissance ? En Ukraine, sur quelles ressources la résistance peut-elle compter ? En Russie, une opposition parviendra-t-elle à se constituer, malgré la chape de plomb qui s’est abattue sur le pays ? Avec des textes de Nicolas Werth, Marie Mendras et Céline Marangé.
Poutine historien en chef
Paru en Janvier 2022 aux éditions Gallimard. 54 pages.
Le 24 février 2022, l’opinion mondiale découvre avec stupeur le discours de Vladimir Poutine justifiant l’invasion de l’Ukraine, au prétexte de faire cesser un «génocide» exercé par un régime qu’il convient de «dénazifer». Cette extraordinaire falsification de l’histoire s’inscrit dans le droit fil du grand récit national construit au cours des vingt dernières années par Vladimir Poutine et dont l’ONG Mémorial fit les frais en 2021. Ce récit, exaltant la grandeur d’une «Russie éternelle» face à un Occident agressif et décadent, n’admet aucune contestation pour servir les intérêts géopolitiques d’un régime dictatorial et répondre aux attentes d’une société désorientée suite à l’effondrement du système soviétique.
Ce Tract éclaire les origines de cette distorsion des faits historiques et la façon dont elle est mise en œuvre pour légitimer la première guerre du XXIe siècle sur le continent européen.
Publications plus anciennes
Histoire de l’Union soviétique de Lénine à Staline (1917-1953)
Paru en 2021 aux éditions Que sais-je. 128 pages.
Octobre 1917 : dans le tumulte de la Grande Guerre, le coup d’État bolchevique apparaît comme un épisode parmi d’autres. Mars 1953 : la mort de Staline fait la Une des journaux du monde entier. Entre-temps, l’URSS est devenue la seconde puissance mondiale. Le modèle soviétique se pose en concurrent de la démocratie libérale. Il inquiète les uns et fascine des millions d’autres, qui ne connaissent de l’URSS que les images embellies filtrant de ce lointain pays. De la révolution d’Octobre à la mort de Staline en passant par la NEP, le pacte germano-soviétique et la constitution d’un bloc soviétique, Nicolas Werth retrace les premières décennies de l’URSS et pose le problème de la continuité et des ruptures entre la théorie léniniste et la pratique stalinienne.
Histoire de l’Union soviétique de Khrouchtchev à Gorbatchev (1953-1991)
Paru en 2021 aux éditions Que sais-je. 121 pages.
À la mort de Staline en 1953, l’Union soviétique passe d’un système totalitaire à un système autoritaire et policier dans lequel la dictature du Parti demeure intacte avec, au fil des ans, une prolifération d’espaces d’autonomie. Une nouvelle société, des économies parallèles, des contre-cultures se développent que le pouvoir ne peut plus maîtriser et qui conduisent en 1991 à l’implosion de l’URSS. De la guerre froide à la perestroïka, Nicolas Werth retrace les dernières décennies de l’Union soviétique.
Histoire de l’Union soviétique: De l’Empire russe à la Communauté des États indépendants (1900-1991)
Paru en 2021 aux éditions PUFF. 731 pages.
Russie et communisme sont-ils accidentellement liés ? L’histoire de l’Union soviétique doit-elle être traitée indépendamment de l’histoire russe ? Est-elle l’histoire d’un peuple ou celle d’un régime et de ses dirigeants ?
Ce manuel, brossant un panorama complet des trois quarts de siècle qu’a duré l’Union soviétique, se propose de restituer, au-delà des clivages idéologiques et des dogmatismes, l’histoire de la Russie au XXe siècle. Profitant des nouvelles connaissances mises au jour par l’ouverture des archives de l’Union aux historiens, il dévoile les rouages de relations de pouvoir plus complexes qu’on ne le croit. Mais, surtout, il montre que faire l’histoire de l’Union soviétique, c’est aussi éclairer la vie d’un peuple partagé entre adhésion et résistance passive. En somme, il révèle un moment essentiel de l’histoire millénaire de la Russie.
Être communiste en U.R.S.S. sous Staline
Paru le 2017 aux éditions Gallimard. 333 pages.
Le Parti sous Staline : non pas l’appareil et son sommet, mais, pour une fois, le parti des communistes. On connaît les statistiques des adhérents, mais pourquoi et comment devient-on communiste ? On connaît les grands thèmes de l’idéologie stalinienne, mais quelle formation politique et morale recevait le militant de base ? On connaît les fluctuations de la Ligne générale, mais quelles étaient, au jour le jour, les tâches des militants ? On connaît la lutte au sommet entre Staline et Trotski, mais quel écho cette lutte avait-elle à la base et que représentait le trotskisme pour le militant ordinaire ? On connaît les grands procès de Moscou, mais comment les militants organisaient-ils la chasse aux « éléments politiquement douteux » ou « socialement étrangers » ?
Présentés par Nicolas Werth, voici les textes qui racontent les tâches, les ambitions et les hantises quotidiennes des militants. Autobiographies, interrogatoires, enquêtes, rapports, directives et confessions, souvent tirés des inappréciables Archives de Smolensk, disent l’idéal et la misère de ceux qui avaient rêvé d’inventer l’homme nouveau et de mériter dans l’effort et dans la peine le digne nom de communiste.
La vie quotidienne des paysans russes, de la Révolution à la collectivisation : 1917-1939
Paru le 1984 aux éditions Hachettes. 410 pages.
Dès 1917, spontanément, les paysans russes se soulèvent contre le tsarisme. Ils vont ainsi contribuer à la victoire des bolcheviks. Mais si les paysans espéraient ainsi jouir enfin librement des terres confisquées aux grands propriétaires, les bolcheviks, eux, rêvaient de les collectiviser, de contrôler les campagnes dont dépendaient le ravitaillement des villes et le salut de la révolution. Ce “malentendu” historique s’accompagne d’une incompréhension mutuelle. Dans un monde rural réfractaire au changement, déshérité, isolé, s’est développée une civilisation paysanne originale et autonome. Elle va de l’art de construire une izba à une conception du droit de propriété et à une pratique du christianisme tout à fait particulières. Pour les bolcheviks, cette civilisation n’est que barbarie et crétinisme. Ils lancent contre elle des “croisades culturelles”, des missionnaires athées, de jeunes communistes qui “liquideront” l’analphabétisme et célèbreront dans les villages le 1er mai, la “Trinité prolétarienne”.
Pour briser les résistances, le régime finira par procéder à la collectivisation forcée des campagnes. Ce grand tournant dans la vie paysanne allait être fatal à la civilisation rurale traditionnelle. Pendant deux décennies – 1920-1940 – l’Ancien et le Nouveau s’affrontent et coexistent. La fin de la Russie paysanne et les débuts de la Russie communiste, telle est la trame de cette Vie quotidienne des paysans russes de la Révolution à la Collectivisation.
Autres publications
- Rapports secrets soviétiques : la société russe dans les rapports confidentiels, 1921-1991, Paris, Gallimard, 1995.
- 1917 : La Russie en Révolution, Paris, Gallimard, 1997
- Les Procès de Moscou (1936-1938), Bruxelles, Complexe, 2006
- Nicolas Werth et Alexis Berelowitch, L’État soviétique contre les paysans : rapport secrets de la police politique (Tcheka, GPU, NKVD), 1918-1939, Paris, Tallandier, octobre 2011 (1re éd. 2011), 793 p.
- La route de la Kolyma, Paris, Belin, 2012
- Le cimetière de l’espérance. Essais sur l’histoire de l’Union soviétique 1914-1991, Perrin, Paris, 2019. 476 p.
- Les grandes famines soviétiques, PUF, 2020, coll. « Que sais-je ? ».
Interviews et autres articles sur Nicolas Werth
- Le Monde : La mémoire russe soviétisée
- Alternatives économiques : « Poutine gomme l’Ukraine et le Goulag »
bonjour, cet article est très interessant et me donne envie de lire Nicolas Werth pour approfondir mes petites connaissances ! Merci !
Sylvie
Je vous recommande également de s’intéresser à l’historienne française Annie Lacroix-Riz, grande spécialiste de l’URSS et de Staline.
OK merci je vais jeter un œil