Présentation du livre par l’éditeur Actes Sud
C’est presque passé inaperçu. Janvier 2014, en Russie, les hauts fonctionnaires, les gouverneurs des régions, les cadres du parti Russie unie reçoivent un singulier cadeau de Nouvel An de la part de l’administration présidentielle : des ouvrages de philosophie ! Des œuvres de penseurs russes du XIXème et du XXème siècle.
Si Gogol revenait, il décrirait ces imposants personnages, habitués aux restaurants chics et aux belles voitures, en train de peiner sur la lecture de pages emplies de spéculations sibyllines.
Car il faut s’y mettre, et passer des soirées à s’arracher les cheveux. Le président lui-même a récemment cité ces auteurs dans des discours décisifs, et il faut essayer de comprendre ce qu’il a voulu dire. Les plus persévérants trouvent d’ailleurs dans ces livres des formules qui résonnent étrangement, et sentent comme une concordance des temps : le rôle du guide de la nation dans une démocratie authentique, l’importance d’être conservateur, le souci d’ancrer la morale dans la religion, la mission historique du peuple russe face à l’hostilité millénaire de l’Occident. Dans cet essai, Michel Eltchaninoff tente de répondre à la question que chacun se pose depuis l’annexion de la Crimée, magnifiée en Russie comme un acte fondateur : qu’est-ce que Poutine a dans la tête en ce début de siècle imprévisible ?
La philosophie russe devrait nous aider à comprendre sa stratégie alors même que les prophètes du conservatisme, de “la Voie russe” et de “l’empire eurasiatique” ont le vent en poupe au Kremlin.
Michel Eltchaninoff, agrégé et docteur en philosophie, spécialiste de philosophie russe, a récemment publié Dostoïevski, le roman du corps (éditions Jérôme Millon, 2013). Il est rédacteur en chef adjoint de Philosophie Magazine.
On en parle dans la presse
Le philosophe Michel Eltchaninoff révèle dans un livre digne d’une opération neurologique ce qui se tient « Dans la tête de Vladimir Poutine »
Sylvain Tesson, Le Point
Cette façon inédite d’éclairer la personnalité inquiétante de Poutine signifie en tout cas combien la littérature et la philosophie peuvent avoir des effets sur l’exercice du pouvoir.
Jean-Marie Durand, Les Inrockuptibles
Dans l’avion qui l’emmenait à Moscou, François Hollande s’est plongé dans un petit livre passionnant paru cette semaine, Dans la tête de Vladimir Poutine. L’auteur, Michel Eltchaninoff, grand connaisseur de l’histoire et de la littérature russes, y retrace l’itinéraire politique et spirituel d’un maître de Moscou qui oblige maintenant ses oligarques, plus amateurs de soirées bling-bling que de philosophie, à lire les œuvres de penseurs du XIXe siècle. Conscient qu’il faut donner à un grand peuple humilié par la chute de son empire un récit historique et un grand dessein, Poutine a renoncé à restaurer le communisme – même si « le petit père des peuples », Staline, assassin de plusieurs millions de ses compatriotes, revient en grâce. Le Président russe s’est plutôt tourné ver la religion orthodoxe, qui unit à la Russie les Serbes, Bulgares, Georgiens et Ukrainiens « avec la sympathie des Roumains… et des Grecs ».
Christine Clerc, Midi Libre
D’où la question fondamentale à laquelle Michel Eltchaninoff s’efforce de répondre dans son excellent livre à paraître tout début février : à quoi le maître du Kremlin pense-t-il ? Et le XXIe siècle sera-t-il celui du poutinisme comme le XXe fut celui du léninisme puis du stalinisme ?
Daniel Fortin, Les Echos