Cet article est le récit d’une expérience vécue au mois de Février. Nous espérons que cela vous aidera dans vos voyages et que vous prendrez conscience que rien n’est gagné dans le grand nord.
Sommaire
1. Arrivée à Mourmansk et direction Teriberka
2. La mer de Barents
3. Deuxième jour – la réalité de la nature
4. Troisième jour – Mourmansk, la plus grande ville du Pôle nord
5. La tristesse du tourisme à Mourmansk
Arrivée à Mourmansk et direction Teriberka
Pas couchés, le vol U-tair est à 2h ce samedi matin. Nous arrivons à 5h à l’aéroport de Mourmansk où Pasha, notre guide, nous attend. Direction Teriberka ! 120km à travers le blizzard de la toundra russe. Heureusement que la voiture est confortable et le chauffeur expérimenté ! Après une petite demi-heure de conversation, nous continuons notre sieste déjà entamée dans l’avion. La nuit est calme et noire, pas un chat à l’horizon.
Vers les 7 heures, nous arrivons devant le Normann, une auberge bar-restaurant. Le seul logement pour touristes valable avec les quelques appartements et cabanes par-ci par-là. Alexey, encore alcoolisé de la veille nous ouvre non sans mal. Tandis que l’un caresse les deux magnifiques huskys, l’autre s’empresse d’éteindre le chauffage de la chambre. Il doit faire au moins 60 degrés, une étuve ! Encore quelques heures de sommeil avant de démarrer la petite expédition.
Note
Confort spartiate mais suffisant. Le Normann est la seule vraie auberge de Teriberka et on y dort bien.
La mer de Barents
Habillés chaudement, nous descendons au restaurant-bar-club-karaoke-salle-des-fêtes commander notre petit déjeuner. Pour 250₽ par personne, ce dernier est excellent (3 œufs au plat, quelques légumes frais, un bout de saucisson, du pain et un café). Que demander de plus au bout du monde? L’estomac plein, direction la mer de Barents avec notre guide.
Sur la route, on traverse Teriberka pour arriver à Lodeynoye plus communément appelée « la nouvelle Teriberka ». Ici, deux options s’offrent à nous. Soit faire les fainéants et prendre une moto-neige à 700₽ par personne qui risque d’être amusant, soit faire les guerriers et traverser le lac gelé à pied pour rejoindre les berges opposées et la mer de Barents derrière la colline. Prenant notre courage à deux mains, nous décidons d’y aller à pied.
Quelques 20 minutes plus tard, nous sommes devant la mer de Barents à l’un des points les plus au nord. Nous sommes déjà dans le cercle polaire, un épouvantail déguisé en plongeur qui fait peur, garde l’entrée de la baie.
Le moment est simple, nous contemplons les grandes vagues s’écrasant sur les énormes galets qu’on appelle à certains endroits « œuf de dragon ». Le vent est de sortie et il éteint n’importe quel téléphone en quelques minutes.
Le soir venu, nos amis du Normann nous préparent ce qu’il y a de disponible pour le dîner soit un steak de porc et un morceau de truite. Encore un fois très correct, nous ne sommes pas déçus.
Vers les 22h nous courons vers la rivière pour voir les aurores boréales de Teriberka, mais notre guide nous avait prévenu. L’épaisse couche de nuages cache toute la visibilité. Nous décidons d’aller faire un peu de balançoire au bord de la rivière tout en regardant les chinois se gaver de crabe hors de prix au restaurant à côté. Malgré notre résistance au froid et notre volonté, la balade a travers le village enneigé n’a pas porté ses fruits. Nous gardons espoir pour le lendemain.
Conseil
Faites des photos éclairs avec votre téléphone portable pour ne pas endommager sa batterie qui déteste le froid.
Deuxième jour – la réalité de la nature à Teriberka
Malgré la bouteille d’eau de vie (Nastoyaka) à la Moroshka descendue avec nos amis chinois et russes, le picotement de la neige sur la vitre de notre chambre et les bourrasques de vent, notre sommeil est léger. Vers 9h du matin, notre guide tape à la porte, désespéré, il nous annonce que la route de Teriberka à Mourmansk est fermée et que le cyclone au-dessus de la ville n’est pas prêt de partir… Il suffit de regarder par la fenêtre pour le comprendre. Nous prenons notre mal en patience et nous retournons nous coucher.
À 14h, après avoir déchargé toute une batterie de téléphone, on décide d’aller faire un tour au produkty du coin histoire de se faire une grosse omelette 🙂
Une éclaircie à l’horizon, nous annonçons à notre guide qu’il serait intéressant d’aller faire un tour en moto neige. Il n’a pas ça sous la main mais nous propose d’aller faire du quad sur le lac. Bonne ou mauvaise idée selon vous?
Devant le lac, le vent se lève. On enjambe le quad pour faire quelques tours sur l’eau gelée recouverte de neige. Celle-ci s’avère être notre prison quelques minutes plus tard. En effet, notre quad pris dans un tas de neige, le fameux Sougrob « сугроб » en russe, patine et ne bouge plus d’un centimètre. Le vent devient de plus en plus violent, la neige s’affole, on ne voit rien à plus d’un mètre. Avec l’expérience de notre guide, on dégage le quad. Mon sens de l’orientation me dit qu’il faut aller à gauche, le guide confirme. C’est à ce moment que l’on se dit qu’il ne faut pas trop jouer avec les extrêmes. Ne voyant que la lueur du seul lampadaire du village, nous nous enfonçons dans l’épaisse neige jusqu’aux cuisses. Il n’y a que 500 mètres à faire mais cela nous prend 20 minutes. Les bourrasques de vent projettent des fines particules de glace qui piquent littéralement le visage donc nous devons rester emmitouflé. Cette expérience certes désagréable était intéressante car elle nous a montré la dangerosité de la toundra et du climat nordique.
Sur le chemin du retour, on s’arrête au cimetière des bateaux, un amas de bois et de tôles au bord de la route où reposent de nombreuses embarcations. Apparemment un bon spot pour Instagrameur.
Histoire de se réchauffer, on rachète une bouteille de liqueur, goût cranberry cette fois. On demande à notre guide pourquoi le propriétaire ne prépare pas du crabe ou des grillades, il nous répond tristement qu’il s’est mis à boire.
Le ciel se dégage légèrement, on aperçoit la lune. On décide d’aller dire bonjour aux huskys et de faire un tour. Malheureusement, le spectacle n’était pas au rendez-vous. Les nuages cachent encore le ciel.
Troisième jour – Mourmansk, la plus grande ville du Pôle nord
A 6h30, on prend place dans la voiture de Pasha, direction Mourmansk. Après seulement 10 mètres nous restons bloqués dans la neige… c’est la technique du coin pour bien se réveiller le matin. Des dizaines de coups de pelle plus tard, on finit par prendre la route et on rejoint le chasse neige qui dégage la chaussée. À la queue leu leu, ne dépassant pas les 20km/h, on le suit grâce à son phare qui éclaire les flocons de neige dans la nuit noire.
Quelques heures plus tard, on se réveille à Mourmansk avec un beau soleil. Il est temps de rencontrer Ruslan pour déposer nos affaires à l’appartement.
La faim se fait entendre, on décide de rattraper le temps perdu et d’aller déguster les spécialités de la région en commençant par Toundra, l’un des meilleurs restaurants de la ville. Si nous pouvons vous conseiller un endroit où manger, c’est bien celui-ci. Comptez 1500 roubles par personne pour une entrée, un plat et un verre. Goûtez aux viandes locales (renne, élan, cerf) et au crabe. C’est cher pour la ville mais deux fois moins cher que Moscou pour son rapport qualité prix.
Adresse
Polyarnye Zori 49/2, Mourmansk
Horaires
Tous les jours de 10h à 23h
La tristesse du tourisme à Mourmansk
La réalité du tourisme du Grand Nord est simple: 90% de touristes chinois venant en groupes, 5% de russes et 5% de diverses nationalités. Incroyable mais vrai, il n’y a pas de possibilité de faire de balade en chien de traîneaux (avec des huskies) aux alentours de Mourmansk. La seule ferme que nous avons trouvé, à coté de l’aéroport, n’a jamais répondu. Notre guide nous a dit qu’ils étaient peut-être complets depuis des mois et que nous n’étions pas « intéressants » pour eux. Nous nous sommes alors tournés vers le complexe de repos et d’amusement OGNI. En résumé: « UNE HORREUR! ». Un attrape touristes qui vous volera 1200 RUB pour 30 secondes en chiens de traîneaux.
Nous avons finalement compris qu’il fallait aller en Laponie russe à 120km au sud de Mourmansk. Là bas, plusieurs fermes vous proposent des séjours sympas et dépaysants. Cela s’organise et il faut prévoir au moins une nuit sur place pour pouvoir profiter un minimum.
Suite à cette déception, nous avons pris un taxi pour faire le tour de la ville en passant par Alyosha, la gigantesque statut, Monument aux défenseurs de l’Arctique soviétique pendant la Grande Guerre patriotique et le Lénine, brise glace (en russe : Атомный ледокол Ленин), premier navire civil (et de surface) à propulsion nucléaire dans le monde.
Pour terminer ce week-end en beauté et ne pas rester sur un échec, nous nous sommes rendus dans le plus ancien restaurant de la ville. « La chasse du Tsar » (en russe : Царская охотка). Là encore, un pur délice!
Nous vous conseillons la soupe de champignons de Karelie, le « Game » pour les gourmands, le renne mijoté toute la journée, la truite « Tapaka » entière grillée, les shangas de Sibérie- sortes de tartelettes de pomme de terre et de fromage ou de l’élan en steak.
La carte des desserts est légère mais donne envie. Tarte maison de Marochka et de cèdre ou cheese-cake de myrtille un délice avec un petit assortiment de liqueurs locales.
Comptez environ 2000 RUB pour un repas complet et arrosé.
Adresse
Kolskiy prospekt 86, Mourmansk
Horaires
Tous les jours de 12h à 00h
Merci pour l info. votre discours est déjà un voyage.
Merci pour ce beau récit pleins de subtile vérités.